Crise politique en France : Bernard Cazeneuve, cet ancien socialiste qui ne fait pas l'unanimité à gauche

Crise politique en France : Bernard Cazeneuve, cet ancien socialiste qui ne fait pas l'unanimité à gauche© Wiki commons
Bernard Cazeneuve, ancien Premier ministre de François Hollande (photo d'illustration).
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L’ancien Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve était reçu ce 2 septembre à l’Élysée. Pressenti comme potentiel futur chef du gouvernement français, il a déjà vu l’essentiel des partis de gauche s’opposer à sa nomination.

«Macron pourrait nommer les Power Rangers, que cela n’y changerait rien», a réagi ce 2 septembre la présidente du groupe Insoumis (LFI) à l’Assemblée nationale, Mathilde Panot, interrogée sur une éventuelle nomination à Matignon de Xavier Bertrand, président Les Républicains (LR) du Conseil régional des Hauts-de-France.

«Les 4 formations du Nouveau Front Populaire (NFP) sont alignées pour censurer tout autre gouvernement que celui de Lucie Castets», a-t-elle ajouté, assurant que les membres du NFP s’opposeraient à la nomination de Bernard Cazeneuve ce 2 septembre alors que l’ancien Premier ministre de François Hollande (2016 - 2017) était reçu à l’Élysée.

Membre du Parti socialiste (PS) de 1987 à 2022, Bernard Cazeneuve a créé en 2023 un micro-parti appelé La Convention. Bien qu'il n'ait pas été élu, son nom a été cité à plusieurs reprises pour Matignon ces dernières semaines. Il est soutenu par l’aile modérée du PS.

Ainsi, celui qui affirmait en 2022 qu’il ne serait «jamais» ministre d’Emmanuel Macron, pourrait être nommé à ce poste dans les heures qui viennent.

Un ministre socialiste rejeté par la gauche

Mathilde Panot est la première à avoir écarté toute forme de soutien à Bernard Cazeneuve au sein du NFP. «Bernard Cazeneuve appliquera une politique macroniste», a-t-elle estimé, soulignant qu’«il a d'ailleurs déjà gouverné avec Emmanuel Macron». Et d’enfoncer le clou en rappelant qu'«il était au pouvoir lors de la mort de Rémi Fraisse, lors de la loi travail et lors de de la création du CICE».

«Je voterai, pour ma part, la censure», a lancé sur X (ex-Twitter), la députée écologiste Sandrine Rousseau, alors que la secrétaire nationale des Écologistes Marine Tondelier ne s’était pas encore exprimée sur le sujet. Les écologistes reprochent à Bernard Cazeneuve la mort du militant écologiste Rémy Fraisse, tué en octobre 2014 par l'explosion d'une grenade lors de violents affrontements entre forces de l'ordre et opposants à la construction d'un barrage dans le Tarn. Cazeneuve était alors ministre de l’Intérieur de François Hollande.

Au-delà des Insoumis et des Écologistes, les dissidents de LFI adoptent la même position, à l’image de Clémentine Autain, qui a aussi affirmé vouloir censurer un gouvernement Cazeneuve.

Les socialistes, deuxième groupe de la coalition des gauches, se sont exprimés par la voix de leur Premier secrétaire Olivier Faure. «Nous sanctionnerons toute forme de continuité avec le macronisme», a-t-il déclaré, ajoutant: «Je ne sais pas au nom de quoi Bernard Cazeneuve s'entretient avec le président».

Une question revenue plusieurs fois et notamment posée par l’eurodéputée Manon Aubry: «Vous savez combien de députés a Bernard Cazeneuve à l'Assemblée nationale?». En effet, Bernard Cazeneuve, qui n'est plus membre du PS, n’a pas d’élus au Palais Bourbon.

Seul le Parti communiste (PCF) ne s’était pas encore exprimé à ce sujet lundi matin, mais la position du parti de Fabien Roussel fait peu de doute. «Ma conviction, c'est qu'il va mener une politique de droite », estimait le 31 août le sénateur communiste Ian Brossat sur le plateau de BFMTV.

Un possible chef de gouvernement soutenu au centre et au centre gauche

A gauche, l’aile modérée du PS avait donné son aval à une telle nomination. Le maire de Paris Anne Hidalgo estimait le 31 août dans les colonnes du Point que l’arrivée de Bernard Cazeneuve à Matignon était «crédible et sérieuse». Le 29 août, c’est Carole Delga, présidente de la région Occitanie, qui affirmait que Bernard Cazeneuve est «en capacité de mener des politiques de gauche, de rassembler».

Ces quelques soutiens pèsent cependant peu à gauche et il faut surtout chercher du côté de l’ancienne majorité centriste pour trouver plus d’enthousiasme. Chez François Bayrou, notamment, qui estimait le 1er septembre sur une chaine d'informations que «Bernard Cazeneuve a le profil qui est recherché». La présidente de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet estime, quant à elle, que l’ancien socialiste est «à même de rassembler au-delà de son camp».

A droite, peu de réactions se sont fait entendre dans les rangs des Républicains (LR), si ce n’est celle d'Éric Ciotti, qui demeure officiellement leur président. «L’union des droites a fait 11 millions de voix. La France appelle à être gouvernée à droite, pas par le socialisme !», a-t-il déclaré aux médias en marge d'un rassemblement dans les Alpes-Maritimes.

De son côté, le Rassemblement National a prévenu qu’il n’opposerait pas «automatiquement» une motion de censure à Bernard Cazeneuve. Après Bernard Cazeneuve, c'est François Hollande qui était reçu par Emmanuel Macron à l'Elysée en fin de matinée.

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