L'Algérie absente des cérémonies du débarquement de Provence, symbole des relations tendues entre Alger et Paris

L'Algérie absente des cérémonies du débarquement de Provence, symbole des relations tendues entre Alger et Paris© Christophe Simon Source: AP
Emmanuel Macron consultant deux téléphones durant les commémorations du débarquement de Provence. Le président a vu plusieurs États bouder son invitation.
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Seule une poignée de dirigeants africains ont fait le déplacement le 15 août à l’occasion des commémorations du débarquement de Normandie. L’Algérie fait partie des rares pays à ne pas avoir envoyé de représentation.

«Ces hommes de l'armée française s'appelaient François, Boujema, Harry, Pierre Niakara. Ils venaient de Corse et du Poitou, du Pacifique et d'Algérie, du Sénégal, du Maroc et des Ardennes, officier de l'Empire ou enfants du Sahara.» Lors des commémorations du débarquement de Provence à Saint-Raphaël dans le Var le 15 août, le président de la République Emmanuel Macron n’a pas oublié les Algériens, citant ce pays à quatre reprises durant son allocution de plus d’un quart d’heure.

En revanche, l’État algérien, lui, n’a pas tenu à être représenté en dépêchant des représentants pour cet événement mémoriel. Un refus pris dans la foulée du récent soutien d’Emmanuel Macron à la marocanité du Sahara occidental, en plein Jeux olympiques.

Aucun officiel algérien n’a commenté cette absence qui s’apparente à un refroidissement sévère des relations franco-algériennes. Du côté français, cette absence n’a pas non plus été commentée, pas plus que celle de deux autres délégations et le désistement de nombreux chefs d’État.

Algérie : une absence inédite sur fond de crise diplomatique

Présente lors des cérémonies de 2004 et 2014, avec le président Bouteflika en personne puis le Premier ministre Abdelmalek Sellas, l’Algérie semble entériner sa brouille avec le président français. Le pays du Maghreb n’est cependant pas le seul à avoir boudé l’événement puisque le Mali et le Niger n’ont pas non plus fait le déplacement, témoignant des vives tension entre Paris et plusieurs États africains sous la présidence Macron.

Dans une moindre mesure, le Burkina Faso a, de son côté, envoyé un simple chargé d’affaires. Plusieurs pays ont opté pour cette option. Lors des trois dernières commémorations en Provence, plus de 15 chefs d’État avaient fait le déplacement. Ils sont seulement cinq à s’être déplacés pour cette édition 2024.

Pour le Maroc, ce n’est pas le roi Mohammed VI qui était présent mais son Premier ministre, un désaveu supplémentaire pour Paris alors même qu’Emmanuel Macron s’est pour le moins investi en faveur de Rabat concernant le Sahara occidental.

Des relations franco-algériennes au bord de la rupture ?

Avec la publication fin juillet par le Maroc d’une lettre de Paris, interprétée comme un soutien net en faveur du Maroc, Alger n’a pas tardé à réagir et a immédiatement retiré «avec effet immédiat» son ambassadeur en France.

Le ministère des Affaires étrangères algérien avait également dénoncé le 31 juillet dans un communiqué le fait que Paris ait «fini par donner sa caution franche et catégorique au fait colonial imposé au Sahara occidental». Et de s'étonner de «beaucoup de légèreté et une grande désinvolture» de la part de la France dans ce dossier. «Le gouvernement français bafoue la légalité internationale, prend fait et cause pour la négation du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination», a encore estimé le ministère.

Le mécontentement d’Alger s’est matérialisé, selon Le Canard enchaîné, par l’arrêt de la collaboration judiciaire algérienne avec la France. Ainsi, selon le journal, le pays du Maghreb «renvoie systématiquement vers la France ses ressortissants expulsés de l’Hexagone».

Les commémorations du 15 août avaient pour objet de célébrer la mémoire des 250 000 soldats de l’armée commandée par le général de Lattre de Tassigny qui avaient pris part au débarquement en Provence. Parmi eux se trouvaient une majorité de Français d’origine algérienne et marocaine (environ 130 000), 100 000 pieds-noirs, FFI et corses ainsi que 12 000 soldats de l’armée coloniale (tirailleurs sénégalais, marsouins du Pacifique et des Antilles…). En tout, 10 000 hommes ont trouvé la mort lors de cette opération militaire.

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