Visite de Séjourné au Liban : quelques serrages de mains, des lapalissades et puis s'en va
Lors d'une courte visite au pays du Cèdre, Stéphane Séjourné a rencontré des officiels libanais pour rappeler la position de la France en faveur de «la désescalade dans la région». Son déplacement intervient un jour après celui d'Amos Hochstein, émissaire américain pour le dossier israélo-libanais.
Stéphane Séjourné, le chef de la diplomatie française, marche dans les pas de l'émissaire américain Amos Hochstein. Quelques heures après le départ de ce dernier du Liban, le ministre français des Affaires étrangères était à Beyrouth le 15 août.
Sa visite au pays du Cèdre était millimétrée. En effet, lors de son déplacement express dans la capitale libanaise, il a eu le temps de rencontrer le chef du Parlement Nabih Berry, le chef de la diplomatie libanaise Abdallah Bou Habib ainsi que le Premier ministre Najib Mikati. Peu de temps avant de se rendre sur place, il avait écrit sur la plateforme X (ex-Twitter) être en faveur de «la désescalade dans la région».
Il a notamment considéré que le fait que le Hezbollah et Israël continuaient d’échanger des tirs alors que les pourparlers pour une trêve avaient repris à Doha n’envoyait pas «le bon message». En effet, sa visite coïncide également avec l'ouverture d'un nouveau cycle de discussions à Doha. Des pourparlers menés par les États-Unis, le Qatar et l'Égypte pour tenter de parvenir à une trêve dans la bande de Gaza, alors que le contexte régional s'est considérablement dégradé depuis fin juillet, dans le sillage de la guerre de Gaza qui a éclaté le 7 octobre et de ses répercussions régionales.
Le Hezbollah juge inutile le déplacement de l'émissaire américain au Liban
Dans une courte déclaration à l’issue de sa réunion avec le chef du Parlement libanais, le ministre a réaffirmé le soutien de la France au Liban «à un moment où tout le monde est préoccupé» par la situation dans le pays et au Moyen-Orient. Il a également adressé un message aux autorités libanaises, appelant à la «désescalade», message qu’il doit aussi transmettre «aux autres pays de la région», rapporte L'Orient-Le Jour.
«Nous soutenons également la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), ainsi que le renforcement de l’armée libanaise au Liban-Sud », a ajouté le ministre français, indiquant que la France «allait œuvrer à New York dans le cadre des discussions pour prolonger le mandat de la Finul», qui expire le 31 août prochain. «La France est là, la France soutient le Liban et [...] souhaite un cessez-le-feu dans la bande de Gaza, qui sera nécessaire pour garantir la paix dans la région», a-t-il dit.
«Le Liban est attaché aux règles d'engagement et à son droit à l'autodéfense face à l'agression israélienne, qui n'a pas épargné les civils, les professionnels des médias et les médecins dans ses attaques, sans parler de l'utilisation d'armes internationalement interdites», a quant à lui déclaré le président du Parlement, qui est également chef du mouvement chiite Amal, allié du Hezbollah, dans une référence aux munitions au phosphore blanc dont l’usage est très strictement restreint par le droit international.
Sur le terrain, les affrontements entre la milice chiite et l'armée israélienne ont continué. La veille de la visite de Stéphane Séjourné au Liban, l'émissaire américain avait également fait le déplacement au pays du Cèdre, exhortant le mouvement pro-iranien à ne pas riposter pour éviter un embrasement régional. Le numéro 2 du parti chiite Naïm Qassem avait même réagi à la visite d'Amos Hochstein, la qualifiant de «spectacle» qui «n'apporte rien»
Les craintes d'une escalade se sont intensifiées depuis qu'Israël a tué, le 30 juillet, un chef militaire du Hezbollah, Fouad Chokor, au cœur de la banlieue sud de Beyrouth. Un assassinat auquel le parti chiite a promis de riposter. L'Iran a également promis de répondre à l'élimination, le 31 juillet à Téhéran, du chef du Hamas palestinien, imputée à Israël.