Paris : des enfants escortés par la police pour aller à l’école à cause des consommateurs de crack
Des agents de la police municipale accompagnent les élèves d'une école maternelle située dans le nord de la capitale, afin de les protéger des usagers de cette drogue ravageuse, qui se sont déplacés depuis la fermeture d'autres points de trafic.
Comme le relatent BFM TV et Le Parisien, les policiers municipaux se sont vus assigner une tâche assez particulière dans le nord de la capitale : les fonctionnaires doivent, depuis plusieurs semaines, accompagner les enfants et les parents sur le chemin de l’école maternelle Charles-Hermite, à l'initiative de la mairie du XVIIIe arrondissement.
En cause : l'arrivée de nombreux consommateurs de crack – une drogue bon marché et particulièrement dévastatrice – dans le quartier de la porte d’Aubervilliers, qui se sont déplacés après le démantèlement en octobre du camp de Forceval à proximité de la porte de la Villette, dans le XIXe arrondissement voisin. Les dealers sont également présents, parents et professeurs ayant signalé des achats réalisés juste en face de l'établissement scolaire et s'inquiétant fortement pour les jeunes enfants, d'où la mise en place de ce dispositif de protection policière aux heures d'ouverture et de fermeture de l'établissement. Ainsi, 30 à 40 consommateurs seraient présents quotidiennement, se réunissant sur une allée difficile d'accès pour les forces de l'ordre.
Plusieurs figures de la droite, dont l'eurodéputé Reconquête ! Gilbert Collard, se sont indignées de cette situation. «On en est là !», a déploré l'élu.
Paris 18e : il faut maintenant des policiers pour accompagner les enfants à l'école en raison de la présence des dealers et consommateurs de crack sur leur chemin : on en est là !https://t.co/Una0Hzcst7
— Gilbert Collard (@GilbertCollard) December 7, 2022
«Comment peut-on accepter cela ?», s'est offusquée l'eurodéputée du Rassemblement national Mathilde Androuët en interpellant le ministre de l'Intérieur. «Quelle honte !», s'est-elle exclamée sur Twitter.
«Pour être protégés des toxicos, de leurs dealers et des actes sexuels liés au commerce du crack, les parents sont escortés par la police pour se rendre à l’école. Paris en 2022», a de son côté constaté froidement le porte-parole de l'opposition de droite au Conseil de Paris, Aurélien Véron.
Laurent Nunez, le préfet de police de Paris, s’est rendu sur place le 28 octobre, indique Le Parisien, le successeur de Didier Lallement ayant reçu pour difficile mission d'éradiquer le trafic de crack dans la capitale à l'horizon de l'été 2023. Depuis deux mois, un millier de personnes en lien avec l’usage de crack ont été interpellées, selon les chiffres de la préfecture.
Le trafic et la consommation de crack empoisonnent la vie des habitants du nord de la capitale depuis plusieurs années, donnant lieu à des manifestations dénonçant la dégradation de la situation sécuritaire et reprochant à la préfecture et à la mairie de Paris leur inaction. Si Gérald Darmanin s'était félicité, à l'occasion de l'évacuation du camp de Forceval en octobre, d'«un moment important pour l’ordre public rétabli à Paris», le problème semble n'avoir été que partiellement résolu.