Eoliennes au large d’Oléron: les opposants refusent de déposer les armes et regardent vers Bruxelles
Des oppositions persistent à l’installation d’éoliennes offshore au large de l’île d’Oléron. Bien que l’Etat ait revu sa copie avant de donner son feu vert au projet, les futurs aéromoteurs restent dans le périmètre d’une zone naturelle protégée.
Les instances européennes pourraient-elles s’opposer à l’installation de fermes éoliennes au large de l’île d’Oléron ? C’est l’un des espoirs des opposants les plus farouches aux projets d’aéromoteurs offshore dans le golfe de Gascogne. Malgré le feu vert de l’exécutif, fin juillet, la Ligue de protection des oiseaux (LPO) ainsi que des collectifs de riverains et élus locaux n’entendent pas baisser les bras.
Ce projet ne constitue en aucun cas «un dossier franco-français, c’est bien un dossier communautaire» affirme Dominique Chevillon, vice-président de la LPO, relate l'hebdomadaire local Le Phare de Ré. Des propos tenus, le 17 août, à l’occasion d’une réunion d’information à Saint-Clément-des-Baleines, et qui constituent une allusion claire aux recours possibles, notamment auprès de la Commission européenne.
Un projet né en pleine zone naturelle protégée
En effet, le projet initial prévoyait l’installation à douze kilomètres des côtes de l’île de 35 à 70 éoliennes d’une soixantaine de mètres fixées sur les fonds marins. Problème, ce projet industriel s’établit au beau milieu d'un parc naturel et d’une zone classée Natura 2000. Soit un double manquement à la réglementation européenne en matière de préservation de l’environnement, estiment les détracteurs du projet.
Le 29 juillet le gouvernement présentait une nouvelle copie, affirmant avoir pris en considération les «contributions du public». Les éoliennes seront dispatchées en deux champs, situés à plus de 35 kilomètres des côtes, permettant ainsi de sortir du parc naturel marin de l’estuaire de la Gironde et de la mer des Pertuis.
Insuffisant estiment les opposants aux futures fermes éoliennes, notamment dans la mesure où celles-ci resteront dans le périmètre de la zone Natura 2000 de protection des oiseaux. Aux yeux de la LPO la France «se place à contre-sens de la dynamique européenne», estimant dans un communiqué que le projet en l’état «menace […] de nombreuses espèces d’oiseaux protégés».
L’association de défense de la nature demande un recours à des éoliennes flottantes, afin que le futur champ soit placé en dehors des routes migratoires identifiées et de la zone de protection spéciale.
Eolien : un exécutif peu à l’écoute ?
Du côté de France nature environnement (FNE), si on ne s'oppose pas aux éoliennes, on regrette toutefois le manque d'intérêt de l’exécutif pour ses services scientifiques afin de déterminer les zones d’implantation optimale des parcs à venir. Dans les colonnes du Moniteur, Elodie Martinie-Cousty, en charge du réseau océans, mers et littoraux de la Fédération française des associations de protection de la nature et de l'environnement, regrette ainsi l’absence de consultation par l’exécutif de l’Office français de la biodiversité, du Museum national d’histoire naturelle ou encore de la Commission nationale pour la protection de la nature.
«Cinq ans de perdu» regrette auprès de l’hebdomadaire économique cette militante écologiste, passée par la vice-présidente du Conseil économique social et environnemental (CESE). Un problème de planification que pointait également du doigt la Commission particulière du débat public (CPDP) rappelant l'avis négatif rendu quatre ans auparavant par l'agence des aires marines protégées à l'encontre du projet au large d'Oléron. Dans son rapport publié le 28 avril, cette même CPDP constatait également la large opposition des acteurs locaux au projet industriel. La vive opposition à l’installation d’éoliennes en mer est loin d’être un cas isolé en France.
En février, Emmanuel Macron a fixé pour objectif de mettre en service cinquante parcs éoliens offshore d’ici 2050. Les deux futurs parcs au large de l’île d’Oléron doivent, selon les chiffres du gouvernement, produire autant d’électricité que la consommation électrique d’environ 1,6 million d’habitants.