Nord Stream 2 : Washington incite à «abandonner immédiatement les travaux»

- Avec Reuters

Nord Stream 2 : Washington incite à «abandonner immédiatement les travaux»© Lee Jin-man Source: Reuters
Antony Blinken, le secrétaire d’Etat des Etats-Unis, photographié lors d’un déplacement en Corée le 17 mars 2021 (illustration).
Suivez RT en français surTelegram

Le nouveau secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a donné de la voix contre le projet de gazoduc russo-européen et menacé de sanctions toutes les entreprises impliquées. Cependant en coulisses on chercherait une porte de sortie.

Le secrétaire d’Etat des Etats-Unis Antony Blinken a annoncé le 18 mars dans un communiqué que le département d'Etat américain surveillait les tentatives d'achever le gazoduc sous-marin Nord Stream 2 et évaluait les informations concernant les «entités» qui pourraient être impliquées dans sa construction.

«Toute entité impliquée dans le pipeline Nord Stream 2 risque des sanctions américaines et devrait immédiatement abandonner les travaux sur le gazoduc», a ajouté Antony Blinken, précisant que l'administration Biden s'engageait à appliquer les lois américaines de sanction de 2019 et 2020.

Entrées en vigueur cette année, elles imposent au département d’Etat de sanctionner les entreprises qui participent à la construction du gazoduc ou lui fournissent des services d’assurance et de certification de sa construction. Une vingtaine d’entreprises, pour la plupart des compagnies d’assurances, ont récemment renoncé à leur participation au projet sous la menace de Washington.

Les arguments de l’administration Biden pour expliquer cette politique n’ont pas changé par rapport aux deux mandatures précédentes, et le secrétaire d’Etat, cité par l’agence Reuters, en a répété la teneur le 18 mars en déclarant : «Nord Stream 2 est un mauvais projet – pour l'Allemagne, pour l'Ukraine et pour nos alliés et partenaires d'Europe centrale et orientale.»

«Absence d'action» de l'administration Biden

Depuis sa prise de fonction, l'administration Biden est régulièrement accusée par plusieurs parlementaires – notamment républicains – de manquer de fermeté contre Nord Stream 2. Le plus haut membre républicain de la Commission des affaires étrangères, le représentant Michael McCaul, a ainsi déclaré, dans un communiqué publié le 18 mars, s'inquiéter de «l'absence d'action» du nouveau président et précisé : «Il y a plus d'une dizaine d'entités qui semblent travailler sur le gazoduc Nord Stream 2 […] Si le président Biden et le secrétaire d'Etat Blinken veulent démontrer clairement qu'ils s'opposent au gazoduc, qui est déjà terminé à 95%, ils devraient imposer ces sanctions obligatoires immédiatement.»

Pour sa défense sur un sujet qui réunit dans la classe politique des Etats-Unis un large consensus (l’opposition à Nord Stream 2), la nouvelle administration démocrate rejette sur la précédente la responsabilité de l’état de quasi-achèvement du gazoduc en faisant valoir que sa construction a débuté en 2018.   

Mais certains responsables de l'administration Biden, tout en réitérant publiquement leur opposition à Nord Stream 2, disent que Washington doit être pragmatique sur ce qui peut être faire de manière réaliste après que deux administrations américaines précédentes n'ont pas réussi à stopper la construction du gazoduc.

«Le casse-tête Nord Stream 2»

Cité par Reuters, un «haut responsable» américain confie : «Si nous ne pouvons pas arrêter le pipeline, comment en tirer le meilleur parti une fois qu’il est terminé ?» Et il se trouve qu’une porte de sortie a été implicitement suggérée fin février par Wolfgang Ischinger, ancien ambassadeur d’Allemagne aux Etats-Unis (2001-2006), et actuel président de la Conférence de Munich, dans une tribune intitulée «Une solution possible au casse-tête Nord Stream 2» publiée par Der Spiegel, le plus influent hebdomadaire allemand.

Il propose que l'oléoduc, une fois achevé, soit utilisé comme levier politique avec la mise en place d’un «mécanisme de freinage d'urgence avec la participation de l'UE qui pourrait être activé pour arrêter les flux du gazoduc si la Russie, par exemple, violait l'accord concernant l'utilisation continue de l'infrastructure ukrainienne de transit de gaz ». Il propose aussi la création d’un «Paquet énergie euro-atlantique» qui prévoirait le «renforcement de l’intégrité du marché du gaz européen». Pour le diplomate ce paquet prévoirait également un soutien accru à l'Ukraine dans «sa quête d'intégrité territoriale et de développement économique » et il estime même que «Gazprom et le Kremlin pourraient trouver utile de s’associer à un tel projet, plutôt que de le combattre.

Le gazoduc Nord Stream 2 représente un investissement d’une dizaine de milliards d’euros financé pour moitié par Gazprom et pour l’autre moitié par cinq sociétés européennes (OMV, Wintershall Dea, Engie, Uniper et Shell). Reliant la Russie à l’Allemagne par voie sous-marine au fond de la Baltique il devrait doubler la capacité actuelle du premier tronçon, entré en service en 2014, pour la porter à 110 milliards de mètres cubes par an.

On n’a pas connaissance d’une réaction d’Heiko Maas, l’homologue allemand d’Antony Blinken, ou du gouvernement allemand, mais Berlin a toujours assuré que Nord Stream 2 était un projet privé indépendant, non politique et exclusivement commercial. Ce sujet devrait toutefois être abordé par les deux chefs de la diplomatie américaine et allemande lors d’une prochaine rencontre probable, au cours du sommet des ministres des Affaires étrangères de l’Otan, à Bruxelles les 23 et 24 mars.

Raconter l'actualité

Suivez RT en français surTelegram

En cliquant sur "Tout Accepter" vous consentez au traitement par ANO « TV-Novosti » de certaines données personnelles stockées sur votre terminal (telles que les adresses IP, les données de navigation, les données d'utilisation ou de géolocalisation ou bien encore les interactions avec les réseaux sociaux ainsi que les données nécessaires pour pouvoir utiliser les espaces commentaires de notre service). En cliquant sur "Tout Refuser", seuls les cookies/traceurs techniques (strictement limités au fonctionnement du site ou à la mesure d’audiences) seront déposés et lus sur votre terminal. "Tout Refuser" ne vous permet pas d’activer l’option commentaires de nos services. Pour activer l’option vous permettant de laisser des commentaires sur notre service, veuillez accepter le dépôt des cookies/traceurs « réseaux sociaux », soit en cliquant sur « Tout accepter », soit via la rubrique «Paramétrer vos choix». Le bandeau de couleur indique si le dépôt de cookies et la création de profils sont autorisés (vert) ou refusés (rouge). Vous pouvez modifier vos choix via la rubrique «Paramétrer vos choix». Réseaux sociaux Désactiver cette option empêchera les réseaux sociaux de suivre votre navigation sur notre site et ne permettra pas de laisser des commentaires.

OK

RT en français utilise des cookies pour exploiter et améliorer ses services.

Vous pouvez exprimer vos choix en cliquant sur «Tout accepter», «Tout refuser» , et/ou les modifier à tout moment via la rubrique «Paramétrer vos choix».

Pour en savoir plus sur vos droits et nos pratiques en matière de cookies, consultez notre «Politique de Confidentialité»

Tout AccepterTout refuserParamétrer vos choix