Nord Stream 2 : craignant des sanctions américaines, une compagnie d'assurance suisse se retire
La compagnie d'assurance suisse Zurich Insurance se retire du projet de gazoduc Nord Stream 2 par crainte des sanctions américaines. L'entreprise est la troisième à céder aux pressions des Etats-Unis en moins de trois semaines.
L’une des plus grandes compagnies d’assurance suisses, Zurich Insurance Group, a décidé de se retirer du projet de gazoduc russe Nord Stream 2, une position prise sous la pression de sanctions américaines, annonce Reuters le 16 janvier 2021.
Le département d’Etat américain a averti les entreprises suspectées de vouloir coopérer avec la Russie dans l'installation du gazoduc qu’elles s’exposaient à des sanctions. Reuters informe que l’administration Trump prépare en outre une nouvelle et dernière vague de sanctions avant de quitter le pouvoir.
Zurich Insurance n’a pas souhaité commenter la situation, invoquant la confidentialité de ses relations avec ses clients. Elle affirme toutefois s'être «engagée à se conformer aux règles qui concernent des sanctions applicables». Selon Reuters, Zurich Insurance travaille avec les Etats-Unis, et risquerait de perdre l'accès au marché américain si elle collaborait avec la Russie.
La firme est la troisième à abandonner le projet à 11 milliards de dollars en moins de trois semaines : la compagnie d’assurance norvégienne Det Norske Veritas Holding AS et l'entreprise d’ingénierie danoise Ramboll l'ont précédée dans ce sens.
Doubler les capacités d'acheminement de la Russie vers l'Europe
Le consortium Nord Stream 2 a précisé le 15 janvier que la mise en œuvre de ses plans suivrait son cours. Le chantier avait été suspendu en décembre 2019, lorsque l'entreprise suisse Allseas avait cessé son travail, déjà en raison des sanctions américaines. Les travaux ont toutefois repris mi-décembre 2020.
Ces sanctions, dénoncées par Berlin et Moscou, comprenaient le gel des avoirs et la révocation des visas américains pour les entrepreneurs liés au gazoduc. Le projet associe principalement le géant russe Gazprom à cinq groupes européens : le français Engie, les allemands Uniper et Wintershall, l'autrichien OMV et l'anglo-néerlandais Shell.
L'objectif de l’entreprise publique russe Gazprom, qui gère Nord Stream 2, est de doubler les capacités d’acheminement de gaz de Russie en Allemagne et dans le reste de l’Europe – par rapport à Nord Stream 1 –, pour porter celles-ci à 110 milliards de mètres cubes par an.