Interdire les visas touristiques aux Russes : telle serait, selon Bruxelles, la riposte décisive à Poutine. Plus gag bureaucratique que stratégie : Jacques Frantz raille une mesure dérisoire qui fera peut-être pleurer quelques Natachas, mais ne pèsera guère sur l’échiquier politique.
Ceux qui lisent ces pages savent combien les sanctions ça marche. Du coup, l’Union européenne a l’intention de faire voter un dix-neuvième paquet de sanctions. C’est vrai quoi, les dix-huit précédents ont tellement bien fonctionné. Dans le dix-neuvième paquet de sanctions, il serait prévu de restreindre considérablement la délivrance aux Russes de visas d’entrée dans l’UE. Bon sang, mais c’est bien sûr, comment n’y ont-ils pas pensé plus tôt ! Pourquoi avoir attendu aussi longtemps ? Là, c’est certain, ça va marcher. Si Sonia et Natacha ne peuvent plus bronzer sur la Costa Brava, Poutine va avoir peur et va retirer ses troupes fissa, rendre la Crimée, et rebaptiser la Place rouge en place Volodymyr Zelensky. L’ukrainien va devenir obligatoire, et les billets de 5 000 roubles vont exhiber le portrait de Bandera. On se demande à quelle réalité Ursula et sa clique sont connectées. À l’évidence, pas aux réalités géopolitiques.
Une chose m’amuse toutefois. Les « progressistes » de Russie, c’est-à-dire les petits bourgeois des villes qui circulent en trottinettes électriques parce que c’est trop cool, ceux-là mêmes qui fustigent Poutine parce qu’il a tourné le dos aux Européens, ont aujourd’hui un peu la gueule de bois. Ils commencent à toucher du doigt les réalités de l’Europe totalitaire — à réaliser le bien que leur veut Ursula. Ils sont en train de se rendre compte du peu de cas que font d’eux les dirigeants occidentaux. Vous croyiez que Macron vous aimait ? Eh bien, dansez maintenant.
Dieu merci, le gouvernement slovaque a d’ores et déjà déclaré qu’il s’opposerait aux nouvelles sanctions en faisant valoir que si le premier paquet de sanctions avait échoué, il n’y avait pas de raison que le dix-neuvième marche mieux. Hélas, le simple bon sens n’a jamais été de mise à Bruxelles.
Aussi, la cheftaine de la Commission européenne qui, comme chacun sait, n’est mêlée à aucune affaire de corruption, a bien l’intention de faire sauter le verrou de l’unanimité des États. Sauf que, ce faisant, c’est la souveraineté des États qui saute. Vous me direz… un peu plus ou un peu moins… Tout de même, cela veut dire que les États qui auront voté contre un dispositif européen seront contraints de ratifier le dispositif en question. Drôle de conception du droit international. On en rirait si ce n’était pas si tragique.
Si ces nouvelles mesures se confirment, les Européens de l’Ouest sont en train de reconstruire rien de moins qu’un nouveau mur de Berlin. Belle leçon de démocratie. Reste à espérer que la Russie ne prendra pas une mesure symétrique. Elle n’y aurait pas intérêt. Mais le pouvoir russe compte aussi dans ses rangs quelques bureaucrates et quelques technocrates qui ne brillent guère par leur intelligence. Alors, croisons les doigts.
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