Macron veut relancer la réforme des retraites et repose la question du nombre d’années de cotisation
Lors d’une interview accordée à dix journalistes de la presse régionale le président de la République a annoncé son intention de mener à terme son projet de réforme du système de retraites. La question de la durée de cotisation «demeure posée».
«J’ai parfois donné le sentiment de vouloir faire les réformes contre les gens», a concédé le président de la République lors d’une interview accordée à dix journalistes de la presse quotidienne régionale au Palais de l’Elysée, le jeudi 2 mai. Il n’a toutefois pas renoncé à imposer une réforme des retraites, jusqu’ici très contestée par les principales organisations syndicales et une large partie de la population, si l’on en croit les sondages.
Pour défendre ce projet le président de la République a avancé deux raisons : «La première, c’est ce qu’est le système universel de retraite [qui figure au cœur du projet présidentiel] est juste.» Il favoriserait «ce qu’on appelle la deuxième ligne, les livreurs, les caissières», et, selon le locataire de l’Elysée, «toute cette France-là est la France perdante du système de retraite actuel. C’est celle qui gagne dans le système de retraite universelle par points, celle des petites carrières et des carrières fracturées».
Emmanuel Macron a également défendu son projet de réforme au nom des «équilibres financiers», et a annoncé qu’il «demanderai[t] au gouvernement de réengager rapidement une concertation […] associant les partenaires sociaux dès l’été sur ce volet des équilibres financiers».
Lors de cette interview «décidée la veille au soir, de manière improvisée» selon le rédacteur en chef des journaux du groupe de presse régionale Ebra (Est-Bourgogne-Rhône-Alpes) intervenant sur RTL, le président français a répété qu’il «n’y aura[it] pas d’abandon d’une réforme des retraites», mais s’est dit «ouvert à ce qu’elle soit transformée».
Mais de quelle manière ? Lors de la campagne présidentielle, Emmanuel Macron avait surtout insisté sur le caractère universel de son projet de réforme par points où «1 euro cotisé donne les mêmes droits, quel que soit le moment où il a été versé, quel que soit le statut de celui qui a cotisé».
#Retraites : patronat et gouvernement convergent vers un allongement de la durée de travail
— RT France (@RTenfrancais) November 22, 2019
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L'explication du «travailler et produire davantage» ?
En revanche, il avait exclu l’hypothèse d’un report de l’âge légal du départ à la retraite actuellement fixé dans la plupart des cas à 62 ans. Et c’est visiblement cet aspect du projet de réforme de retraites que le président entend modifier. L’allongement de la durée de cotisation, soutenu par le MEDEF et qui a pris diverses formes avec l’idée d’un âge pivot entraînant une décote du montant des pensions, a été âprement débattue. Et le président, tout en concédant que «cette réforme ne peut pas être reprise de manière inchangée à la sortie de crise», a réaffirmé que «la question du nombre d’années pendant lesquelles nous cotisons demeur[ait] posée».
Est-ce l’explication à la phrase demeurée mystérieuse lors de son allocution télévisée du 14 juin, où il avait estimé que «la seule réponse» à la crise provoquée par l’épidémie était de «travailler et de produire davantage» ? C’est l’avis de l’hebdomadaire Le Pointselon lequel «on a enfin le décryptage de ce que voulait dire Emmanuel Macron». Le journaliste économique Marc Vignaud y avance que «le président de la République pensait non pas à la durée hebdomadaire de travail, mais à sa réforme des retraites».