Quatre Etats membres de l’UE rejettent le plan de relance franco-allemand
L’Autriche, le Danemark, les Pays-Bas et la Suède ont répété leur opposition à toute dette émise au nom de l’Union européenne, base du plan de relance à 500 milliards d’euros proposé par la France et l’Allemagne.
L'Autriche, le Danemark, les Pays-Bas et la Suède – surnommés les quatre «frugaux» en référence à la maîtrise de leurs finances publiques – ont fait savoir qu’ils rejetaient le plan de relance européen présenté par la France et l’Allemagne le 18 mai dernier.
Dans leur contre-proposition portée par le chancelier autrichien Sebastian Kurz, ils disent souhaiter une aide d'urgence pour les pays gravement touchés, mais sous la forme de prêts ponctuels à des conditions favorables et non de dotations financées sur le budget pluriannuel de l’Union européenne. Or c’était précisément la proposition d’Angela Merkel et d’Emmanuel Macron qui souhaitent la constitution d’un fonds de relance européen doté de 500 milliards d’euros.
En outre, les quatre pays demandent que l'argent prêté soit «orienté vers les activités qui contribuent le plus à la reprise, telles que la recherche et l'innovation, un renforcement du secteur de la santé et une transition verte». Ces prêts ne seraient accordés aux Etats en difficulté que sur justification de leur affectation budgétaire.
Sans surprise, les quatre «frugaux» continuent de rejeter toute mutualisation de la dette, c’est-à-dire d’emprunt émis au nom de l’ensemble des Etats membres de l’Union européenne et non de chaque Etat individuellement.
Ils soulignent que ce processus permettrait aux économies européennes les moins respectueuses des règles du Pacte de stabilité et de croissance (aussi connu sous le nom de «critères de Maastricht») de bénéficier, indûment selon eux, d'un financement moins cher grâce aux économies plus fortes du Nord.
Actuellement, ces quatre pays, ainsi que la France et l’Allemagne, peuvent émettre des emprunts à taux négatifs, ce qui n’est pas le cas de l’Espagne, du Portugal, de l’Italie, de la Grèce et de l’Irlande.
Des prêts contre un «engagement ferme» à l'austérité
En outre, les quatre signataires de la contre-proposition exigent, en contrepartie de l'aide accordée sous forme de prêts à des conditions avantageuses, que les pays concernés prennent «l'engagement ferme» de mettre en œuvre des réformes d'envergure et de respecter le cadre budgétaire imposé.
La proposition rejette en outre la perspective de toute «augmentation significative» du budget de l'UE, comme l'envisage le plan Macron-Merkel. Au lieu de cela, elle affirme que le budget de l'UE devrait être «modernisé» et que des économies pourraient être réalisées «en redéfinissant les priorités dans les domaines les moins susceptibles de contribuer à la reprise».
L’#Economie européenne devrait connaitre une #récession de 7,5% en 2020…si tout se passe bien#Covid_19#Euro#UE 🇪🇺
— RT France (@RTenfrancais) May 7, 2020
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Les quatre acceptent toutefois que les dépenses budgétaires liées au Covid-19 soient privilégiées ou temporairement abondées. Mais ils notent que compte tenu des sombres prévisions économiques pour l’Union européenne, «des fonds supplémentaires pour l'UE, quelle que soit la manière dont ils sont financés, pèseront encore plus sur les budgets nationaux ».
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, doit présenter mercredi 27 mai une proposition révisée de budget européen pour la période 2021-2027, qui inclura sa vision pour un tel plan de relance.
Le Conseil européen face au risque de blocage
Or l'unanimité des Etats membres étant requise pour l'adoption du budget pluriannuel et du fonds de relance qui y est adossé, la prise de position des quatre pays préfigure des débats difficiles avec un risque de blocage du Conseil européen, l’organe réunissant les chefs d’Etat ou de gouvernement des 27. C’est à son président, le Belge Charles Michel, que reviendra la tâche difficile de la recherche d’un compromis.
Le président français Emmanuel Macron et la chancelière allemande Angela Merkel ont mis sur la table lundi un plan de 500 milliards d'euros visant à relancer une économie mise à mal par la pandémie de Covid-19, via un mécanisme inédit de mutualisation de la dette européenne.
Le fait que l'Allemagne ait souscrit à l'idée d'une dette émise conjointement a été perçu comme un tournant décisif dans la construction européenne.
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