Dans son discours annuel, Vladimir Poutine annonce des mesures choc pour stimuler la natalité
La situation démographique préoccupante de la Russie a été évoquée dès le début du discours du président russe devant les deux chambres du Parlement. Des incitations financières fortes ont été annoncées en faveur des familles dès le premier enfant.
Le président russe a consacré le début de son discours annuel à la question démographique et annoncé une série de mesures d’ordre pécuniaire pour soutenir les familles. Selon Vladimir Poutine, les faibles revenus d’une part importante de la population sont un problème «particulièrement aigu» qui constitue une «menace directe» pour l’avenir démographique de la Russie.
Vladimir Poutine a d’abord annoncé la prolongation jusqu’en 2026 du programme de stimulation de la natalité appelé «Capital maternel», lancé en 2007 et qui devait à l’origine prendre fin en 2021. Jusqu’ici, il consistait en une dotation accordée à partir du deuxième enfant. Elle sera désormais accessible dès le premier né et représentera dès janvier une somme de 466 617 roubles (6 820 euros) à laquelle seront ajoutés 150 000 roubles (2 192 euros) à la naissance du second.
Les familles qui comprenaient déjà un enfant avant cette mesure et attendent la naissance d’un nouvel enfant percevront en une seule fois la somme cumulée pour les deux, soit près de 9 000 euros. Enfin, pour le troisième enfant, la législation russe continuera de proposer un remboursement des crédits immobiliers à concurrence de 450 000 roubles (6 577 euros), soit pour trois enfants jusqu’à un million de roubles de versements (un peu moins de 15 000 euros).
Il est également prévu d’augmenter les allocations familiales mensuelles par enfant qui n’étaient jusqu’ici versées que pour des enfants de moins de trois ans, l’âge d’éligibilité étant repoussé à sept ans. Ces allocations, qui devraient passer de 5 500 roubles en 2020 à 11 500 roubles en 2021, continueront toutefois d’être réservées aux familles dont le revenu ne dépasse pas le minimum vital fixé en 2019 à 11 000 roubles (160 euros) par mois et par personne. Ce montant varie en fonction des régions et de la situation socio-démographique (différents taux pour les enfants, les retraités et les personnes en âge de travailler).
En plus des mesures annoncées, le président est revenu en chiffres sur la démographie et a en particulier évoqué le taux de fécondité (rapport du nombre de naissances vivantes de l'année à l'ensemble de la population féminine en âge de procréer) de 1,5 qu’il a jugé insuffisant, rappelant qu’il était de 1,4 en 1943, aux heures les plus sombres de la Seconde Guerre mondiale. Vladimir Poutine a par comparaison évoqué le «piège démographique des années 1990», une période où le taux de fécondité est descendu en dessous de 1,2 et où la population a décru en raison d’un taux de mortalité plus élevé que celui des naissances.
La natalité, priorité du quatrième mandat de Poutine
Le président russe a donc fixé un objectif ambitieux : faire remonter le taux de fécondité à 1,7 d’ici 2024. Evoquée régulièrement par le président russe dans ses discours annuels, la démographie est devenue la priorité de l’action du gouvernement. Ainsi, un «accroissement naturel soutenu» de la population figure en première place de la série d’objectifs fixés au gouvernement russe par le premier décret présidentiel qu’a signé Vladimir Poutine, le 7 mai 2018, premier jour de son quatrième mandat.
En 2019, la population russe s’est réduite de près de 300 000 personnes pour atteindre 146,7 millions d’habitants. Ce déficit démographique est en très nette augmentation par rapport aux années précédentes, qui avaient même connu, à partir de 2013, trois années consécutives d'accroissement de la population.
A la fin de l’année, Rosstat, l’institut national des statistiques russe, a en outre publié des projections démographiques particulièrement alarmantes pour le scénario le plus pessimiste : une population chutant à 134,3 millions d’habitants en 2036. Le scénario optimiste prévoyait lui une population de 150 millions d’habitants d’ici la même échéance. A titre de comparaison, les projections de l’Insee prévoient d’ici 2035 que la population de la France atteindra 71,45 millions d’habitants soit un peu moins de la moitié du scénario optimiste russe, sur un territoire 30 fois moins étendu.
Lire aussi : Le quatrième mandat de Vladimir Poutine face au défi des sanctions occidentales