«Ras-le-bol» des agriculteurs : plus de 1 000 tracteurs attendus à Paris le 27 novembre
- Avec AFP
Les agriculteurs ont décidé de manifester leur mécontentement ce 27 novembre. Plus de 1 000 tracteurs doivent converger vers Paris. D'autres actions, comme des blocages d'autoroutes, sont prévues partout en France.
Les agriculteurs ont prévenu : «L'heure est au ras-le-bol !». C'est en tout cas ce qu'indiquent la FDSEA, les Jeunes Agriculteurs (JA) Ile-de-France et la FNSEA Grand Bassin parisien dans un communiqué. Ils ont annoncent ce 22 novembre que 1 000 tracteurs allaient converger vers Paris le 27 novembre dans le cadre de cette mobilisation nationale.
La raison de la colère des agriculteurs, la forte instabilité économique de la profession et une remise en question de ses pratiques par la société. Dans la continuité des deux actions syndicales des 8 et 22 octobre, la FNSEA, principal syndicat agricole français et les Jeunes Agriculteurs se mobiliseront «pour demander aux distributeurs et industriels de permettre le retour à un revenu décent pour les agriculteurs, et à l'État de transformer ses promesses en actes concrets : pas de distorsions supplémentaires», indiquent les deux syndicats.
🔴📢Une fois encore, MOBILISONS-NOUS le mercredi 27 novembre 2019 sur tout le territoire, pour maintenir la pression afin de confirmer les avancées obtenues, faire baisser les charges et monter les prix ! @JeunesAgri@JeromeDespeyhttps://t.co/1yzLvlI5NB
— La FNSEA (@FNSEA) November 21, 2019
Des blocages d'autoroutes
«Plus de 1 000 tracteurs venus des régions Hauts-de-France, Normandie, Ile-de-France, Grand-Est, Centre-Val-de-Loire et Bourgogne-Franche-Comté se donnent rendez-vous à Paris. Ils seront dès 6 heures du matin aux portes de la capitale», sur les autoroutes «A1, A4, A5, A6, A10, A11, A13, A14, A15», et sur les nationales «N1, N2, N12, N20», précisent-ils.
Pour le reste de la France, «les formes d'actions varieront en fonction des territoires et des productions», selon la FNSEA, mais le «ras-le-bol» est, lui, général. Il s'agit d'ailleurs de la troisième mobilisation du genre cet automne.
Intrusions dans les élevages, revenus en berne...
Lors de la dernière journée d'action, le 22 octobre, les paysans s'étaient rassemblés devant les préfectures de la France entière, interpellant le chef de l'État par les mots «Macron, réponds-nous!».
Le président l'avait fait depuis Mayotte où il était en déplacement, déclarant qu'il jugeait «inacceptables» les attaques contre les agriculteurs.
«Première prise de parole du président de la République à Mayotte pour apporter son soutien aux agriculteurs, durcissement du ton face aux dénigrements et violence avec la mise en place de la cellule Déméter, maintien du budget des Chambres d'agriculture: les signaux d'une prise de conscience du malaise agricole se sont multipliés ces dernières semaines», reconnaissent les deux syndicats.
Ils ne sont pourtant pas «satisfaits» : «S'il y a un frémissement, ces avancées ne trouvent pas de matérialisation concrète dans les exploitations», assurent-ils.
L'augmentation des intrusions dans les élevages de militants antispécistes et les polémiques croissantes sur l'utilisation de produits phytosanitaires aux abords des maisons s'ajoutent est l'une des sources de ce malaise. La récente vidéo de L214 dénonçant les conditions d'élevage de cochons dans le Finistère risque de ne rien arranger. A cela s'ajoute la problématique de revenus en berne.
Les traités de libre-échange dénoncés
Les agriculteurs du bassin parisien énumèrent ainsi les raisons de leur mécontentement : «Traités de libre-échange, mesures règlementaires franco-françaises qui plombent la performance des exploitations, les importations distorsives, loi Egalim qui n'est pas appliquée dans son intégralité».
Issue des états généraux de l'alimentation, la Loi Egalim, mise en place au début de l'année, était censée ramener du revenu dans les cours de fermes en rééquilibrant les relations commerciales entre paysans, industriels et distributeurs et faire cesser la guerre des prix des acteurs de la grande distribution.
Or, de l'aveu même du ministre de l'Agriculture Didier Guillaume, alors que débutent les négociations annuelles entre distributeurs et producteurs qui fixent pour un an les prix alimentaires, «le compte n'y est pas» quant à la rémunération des agriculteurs.
«Au lieu d'investir son énergie à créer de nouvelles distorsions (accords commerciaux internationaux, zone de non-traitement, taxes nouvelles), l’État devrait s'employer à faire respecter la loi Egalim pour sécuriser véritablement le revenu des agriculteurs», plaident ces derniers.