«Les OGM ne sont pas autorisés en Europe», affirme la ministre de la Transition écologique
Alors que le site du ministère français de l’Agriculture et de l’Alimentation précise qu’une «centaine d’OGM sont autorisés pour l’importation», Elisabeth Borne a affirmé sur une radio de service public qu’ils n’étaient pas autorisés en Europe.
Ignorance ou simple mauvaise foi ? La ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne a affirmé dans la matinée du 27 août, sur les ondes de la radio de service public France Inter que les OGM (organismes génétiquement modifiés) n’étaient «pas autorisés en Europe». Dans le contexte des prises de bec entre les présidents français et brésilien sur la déforestation de l'Amazonie, Elizabeth Borne était notamment interrogée sur les éventuels moyens de pression pour contraindre Jair Bolsonaro à respecter les accords de Paris sur le climat.
La veille, Yannick Jadot, interviewé sur France Info, une autre radio d’Etat, avait fustigé les prises de position d’Emmanuel Macron en défenseur de la forêt amazonienne, estimant que c’était «de la blague, de la foutaise», avant d’ajouter : «La France favorise le développement d’un élevage où les animaux ne voient jamais la nature, mais sont nourris au soja brésilien.»
Le journaliste Olivier Demorand en a profité pour demander à Elisabeth Borne de réagir aux propos du député européen d’Europe-Ecologie-Les Verts (EELV) en lui posant la question suivante : «Yannick Jadot dit que suspendre ou ne pas signer l’accord est une chose, mais qu’il faut aller beaucoup plus loin, par exemple avec un embargo sur le soja transgénique brésilien, c’est là que ça fait mal […] Etes-vous favorable à un embargo de ce type-là ?»
«Je pense qu’on mélange différents sujets. Les OGM ne sont pas autorisés en Europe, ils ne le sont pas aujourd’hui, ils ne le seront pas demain», répondit Elisabeth Borne. Mais si quelqu’un «mélange différents sujets» – en l’occurrence culture des OGM et importations des OGM – c’est bien la ministre de la Transition écologique elle-même. Car comme l’explique le site du ministère français de l’Agriculture et de l’Alimentation : «Une centaine d'OGM et/ou leurs produits dérivés sont autorisés pour l'importation et l'utilisation en alimentation humaine et animale. Ces autorisations concernent le maïs, le soja, le colza, le coton et la betterave sucrière […] Les OGM autorisés à l'importation et à la mise sur le marché dans l'Union européenne sont également autorisés en France pour les mêmes usages.»
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Ce qui n’est pas autorisé, comme le précise également le site du ministère, c’est la culture de ces mêmes OGM avec lesquels est nourri le bétail qui arrive dans les assiettes des consommateurs français et européens. Nuance ! Mais en demandant à la ministre si elle était favorable à l’interdiction de l’importation de soja brésilien, ce n’est évidemment pas de la culture des OGM en France que parlait le journaliste.
«La France accro au soja (OGM) brésilien»
D’ailleurs, on peut douter que la ministre ignore une question aussi importante pour la santé publique et les filières agricoles françaises. Notre confrère de LCI, dans une solide enquête intitulée «Le soja, ennemi de la forêt brésilienne : quelle est l'implication de la France ?», décrit une «France accro au soja (OGM) brésilien» et rapporte des informations obtenues auprès du ministère brésilien de l’Agriculture et de l'Elevage, selon lesquelles «en 2018, la France était le huitième importateur mondial de soja brésilien et le troisième au sein de l'Union européenne».
Dans la même enquête, LCI rapporte aussi les chiffres de Terre Univia, organisation professionnelle agricole des producteurs d’huiles et de protéines végétales, qui avance qu’en 2018, «la France a importé 2,93 millions de tonnes de tourteaux de soja dont 1,8 million de tonnes du Brésil», avant de préciser que «La France n'échappe donc pas aux sojas génétiquement modifiés venus du Brésil où 92,3% du soja produit est OGM».
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