Russie et Europe vont favoriser les paiements roubles-euros en particulier pour l'énergie
Pour des raisons historiques, la plupart des transactions commerciales entre l’Europe et la Russie se règlent encore en dollars. Mais depuis décembre 2018, l’Union européenne veut que l’euro joue un rôle plus important.
Selon l’agence de presse russe RBC, le vice-Premier ministre et ministre des Finances de Russie, Anton Silouanov, et le vice-président de la Commission européenne pour l'Union énergétique, Maros Sefcovic, sont convenus le 13 juin à Bruxelles de créer un groupe de travail chargé de promouvoir l’usage de l’euro et du rouble pour le commerce bilatéral. Ils ont en particulier évoqué les transactions liées à l’énergie, selon l’attaché de presse du ministre russe.
«Les parties ont noté que l'expansion de l'utilisation des monnaies nationales était mutuellement bénéfique, car elle réduisait les risques pour les entrepreneurs russes et européens», a déclaré le ministre russe à l’issue de leur rencontre.
Le service de presse d’Anton Silouanov a précisé que le groupe de travail étudierait les aspects techniques du passage en «devises nationales» c’est-à-dire en roubles et en euros des paiements du commerce bilatéral.
Le jour même, le vice-président de la Commission, le croate Maros Sefcovic a publié sur son compte twitter une photo le montrant serrant la main d’Anton Silouanov avec le commentaire : «Avec le vice-pm et ministre des Finances de Russie Silouanov sur un recours plus large à l’euro dans les transactions internationales liées à l’énergie. La Commission européenne va continuer de discuter de cette question vitale.»
Au cours de la réunion, les deux ministres ont également abordé la question de la participation des entreprises européennes à la mise en œuvre de projets nationaux approuvés en Russie. Anton Silouanov a assuré à son homologue européen que Moscou était intéressé par la coopération et ne voyait aucun obstacle à la participation d'entreprises étrangères. Il a également évoqué les mesures prises par les autorités russes pour améliorer le climat des affaires et la libéralisation des échanges.
With #Russia's Deputy PM/Finance Minister Siluanov on a broader use of the euro in international energy-related transactions. The @EU_Commission set to continue discussing this vital topic. The euro is a stable and reliable global currency 💶🇪🇺 pic.twitter.com/SjIEeupcgw
— Maroš Šefčovič🇪🇺 (@MarosSefcovic) 13 juin 2019
54% des exportations russes vers l'UE facturées en dollars
Selon la Banque de Russie, la part du rouble dans les paiements avec l'Union européenne destinée à l'exportation de biens et services russes vers l'Europe s'élève à 8,3%, celle de l’euro à 34,3% et celle du dollar américain atteint 54%. Cette proportion est due à ce que la Russie exporte principalement du pétrole et du gaz vers l’UE et que les factures des livraisons d’hydrocarbures sont généralement libellées en dollars.
Lorsqu'elles importent des biens et des services de l'UE en Russie, les entreprises russes ont plus souvent recours au rouble et à l’euro. Dans ces cas, la part du rouble passe à 28,4%, celle de l'euro à 48,5% et celle du dollar tombe à environ 22%.
En décembre 2018, la Commission européenne a présenté une feuille de route «pour continuer à renforcer le rôle de l'euro sur la scène mondiale». Dans un communiqué publié le 5 décembre la commission expliquait avoir «adopté une recommandation sur le rôle international de l'euro dans le domaine de l'énergie, promouvant une utilisation plus large de l'euro dans ce secteur stratégique».
Historiquement, le dollar a dominé le commerce des hydrocarbures en Europe. Les transactions sur le marché physique du pétrole et sur le marché des contrats à terme «papier» sont axées sur les indices de référence (Brent, WTI) qui sont cotés en dollars. Sur le marché du gaz naturel, la situation pour l'euro est plus favorable. En effet, les transactions sont libellées en livres sterling et en euros, de même que les contrats d'importation de gaz de la Norvège vers l'Union européenne. Mais la plupart des importations en provenance d’autres pays, y compris la Russie, sont jusqu’ici libellées en dollars.
Lire aussi : Donald Trump menace de sanctions les partenaires européens de Nord Stream 2