En Italie, droite comme gauche reprochent à la France l’échec de la fusion Renault-Fiat Chrysler
De l’extrême droite à la gauche incarnée par le Mouvement 5 étoiles, en passant par les éditorialistes et les syndicats, l’Italie unanime fustige le rôle de la France dans l’échec de la fusion entre les deux constructeurs.
«Quand la politique cherche à intervenir dans des procédures économiques, elle n'agit pas toujours correctement, je ne veux pas m'exprimer davantage», a déclaré à la radio Luigi Di Maio, chef de file du Mouvement 5 Etoiles (M5S, antisystème) et ministre du Développement économique.
Il réagissait au retrait, dans la nuit du 5 au 6 juin, de la proposition de fusion avec Renault faite par le groupe italo-américain Fiat Chrysler le 27 mai, faute d’avoir obtenu un engagement rapide du groupe français, freiné par l'Etat actionnaire. Le constructeur automobile italo-américain a en effet annoncé dans un communiqué qu'il retirait son offre de fusion avec Renault, estimant que «les conditions politiques [n'étaient] actuellement pas réunies en France pour mener à bien un tel rapprochement».
En Italie, de nombreuses personnalités de tous bords ont critiqué la France. Ainsi, pour Osvaldo Napoli, un responsable de Forza Italia, le parti de Silvio Berlusconi : «Le flop [...] a montré toutes les limites d'un européisme purement déclamatoire, prêt à se transformer en nationalisme exaspéré quand il s'agit de protéger les intérêts économiques et sociaux de la France.»
Giorgia Meloni, dirigeante du petit parti d'extrême droite Fratelli d'Italia (FDI), a quant à elle accusé la France de ne pas respecter «les règles d'un marché libre».
Un Etat «colbertiste et protectionniste»
Une analyse publiée sur le site internet du quotidien économique italien Il Sole 24 ore avance que la principale raison de l’échec de la fusion est «la sous-estimation de la nature profondément étatiste et nationaliste du ventre français». Pour l’auteur : «Il est clair que toute la première phase de l'opération a été convenue avec Macron». Mais il estime aussi que «Macron ou pas Macron», l’Etat français demeure profondément «colbertiste et protectionniste», joue «la même musique depuis des siècles», et que celui qui veut faire affaire en France «doit apprendre à danser sur cette musique».
Les médias et hommes politiques italiens dénoncent en bloc le nationalisme français, mais on peut aussi s’étonner de leur unanimité. Ainsi, les syndicats italiens n’ont pas été en reste. Citée par l’AFP, Annamaria Furlan, secrétaire générale de la CISL, la deuxième confédération syndicale italienne, a par exemple estimé que la France avait «montré qu'elle ne comprenait pas l'importance de cette opération pour l'Europe [et] fait preuve de trop de provincialisme». Plus sobre, Carmelo Barbagallo, chef de l'UIL, troisième confédération syndicale du pays, a déploré quant à lui «une occasion perdue» pour les deux groupes.
En France, les syndicats ont eu des réactions variées, la CFDT se déclarant par exemple «surprise de cette décision rapide». La CGT Renault, quant à elle, s'est «félicitée» dans un communiqué de l'abandon d'une «opération purement financière et bien éloignée d'une réelle stratégie industrielle offrant des perspectives de développement à Renault et à la filière automobile française».
SUD a pour sa part estimé qu'une fusion entre Renault et Fiat ne pouvait pas se décider «à coup de pression et en deux semaines».
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