Guaido et les Etats-Unis tentent de faire main basse sur des actifs pétroliers du Venezuela

Guaido et les Etats-Unis tentent de faire main basse sur des actifs pétroliers du Venezuela
Vue de le raffinerie Corpus Christi au Texas, une des trois que possède la société Citgo, filiale de l’entreprises pétrolière publique vénézuélienne PDVSA dont les Etats-Unis veulent modifier le conseil d’administration en leur faveur.
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Une importante filiale enregistrée aux Etats-Unis de PDVSA, la compagnie pétrolière vénézuelienne d'Etat est lorgnée par le président auto-proclamé Juan Guaido avec l'aide de Washington. Officiellement pour empêcher Maduro de la piller.

L’agence américaine Reuters révèle que le chef de l’opposition vénézuélienne et président auto-proclamé reconnu par les Etats-Unis, Juan Guaido, s’est efforcé cette semaine, avec l’appui de Washington, d’arracher le contrôle de Citgo, filiale étasunienne de Petroleos de Venezuela SA (PDVSA) à son conseil d’administration.

En réponse, la présidence de la société pétrolière publique vénézuélienne et le chef de l’Etat ont ordonné à des dizaines d'employés expatriés de Citgo aux Etats-Unis de revenir à Caracas d'ici la fin du mois de février, affirmant qu’ils saisiraient toutes les juridictions pour bloquer une prise de contrôle de Citgo.

Citgo est une société pétrochimique américaine fondée au début du XXe siècle, dont le géant pétrolier public vénézuélien PDVSA a racheté 50% du capital en 1986, avant d’en prendre le contrôle en 1990. Son siège social se trouve à Houston et c’est une entreprise de droit américain. Une cible facile pour la justice extra-territoriale des Etats-Unis qui n'hésite pas à s'en prendre au géant chinois Huawei et même à des entreprises d’Etats alliés, comme dans le cas du Français Alstom.

Citgo raffine environ 750 000 barils jour dans trois sites aux Etats-Unis, dont 200 000 barils de brut vénézuélien. L’entreprise a réalisé 34 milliards de dollars (31 milliards d’euros) de chiffre d’affaires en 2016 aux Etats-Unis où elle emploie directement près de 3 000 personnes, mais fournirait de l’activité à 250 000 personnes au total. Citgo possède et exploite neuf pipelines, 5 500 stations-services dans 29 Etats, y compris à Washington, et gère des sites de stockage d’une capacité de 22 millions de barils.

Mais dans la dernière semaine de janvier, l'administration Trump a ordonné la saisie de ses bénéfices. Elle a en outre interdit à tout citoyen ou résident américain et à toute entreprise étasunienne ou opérant sur le territoire des Etats-Unis d’effectuer des paiements à sa maison mère PDVSA.

Les bénéfices d'une filiale de PDVSA bloqués par la justice américaine

Cela prive ainsi le pays de sa principale ressource financière extérieure mais menace aussi un tiers de l’approvisionnement de Citgo qui importe de PDVSA du pétrole. Une menace qui impacte directement sa capacité à financer sa dette. Malgré une très bonne santé financière Citgo doit faire face à des échéances de remboursement importants dès avril. Le Trésor américain pourrait ainsi asphyxier Citgo pour la contraindre à vendre des actions…mais pas à n’importe qui.

Du point de vue de Washington, il s’agit de protéger les intérêts du peuple vénézuélien. Ainsi, le conseiller américain à la sécurité nationale, John Bolton, a expliqué sur Twitter : «Les Etats-Unis continuent à travailler pour que les bénéfices économiques des ressources du Venezuela ne soient pas dérobés par Maduro et ses amis.»

Juan Guaido a demandé aux Etats-Unis de protéger Citgo des créanciers en cas de défaillance, tout en se faisant fort de parvenir rapidement à la nomination d'un nouveau conseil d’administration fidèle à son camp. Mais selon Reuters, au moins trois cadres auraient déjà décliné son offre.

Il a toutefois confié : «Des discussions sont en cours entre le nouveau gouvernement du Venezuela et le gouvernement américain sur l'utilisation de Citgo», et précisé que la tâche était «énorme à commencer par les obstacles à la nomination d'un nouveau conseil.»

Le président de Citgo, Asdrubal Chavez, un cousin du défunt président du Venezuela Hugo Chavez (de 1999 à 2003) dont le bureau se trouve aux Bahamas car il n’a pas de visa américain s’est rendu d’urgence à Caracas le 1er janvier.  

Le même jour des dans la capitale du Venezuela des centaines d’ouvriers du secteur pétrolier ont manifesté contre ce qu’ils considèrent comme des tentatives d’accaparement des réserves pétrolières de leur pays.

S’adressant aux manifestants depuis une tribune, la vice-présidente de la République, Delcy Rodriguez, a clamé : «Tous les masques sont tombés, ceux du président des Etats-Unis, Donald Trump, du vice-président Mike Pence, du conseiller à la sécurité nationale, John Bolton, qui tous ont reconnu qu’ils venaient pour le pétrole du Venezuela et quelle est notre réponse ? Les Yankees, bas les pattes loin de notre industrie pétrolière !»

Le manque d'investissements, et la fuite de milliers de travailleurs de PDVSA ont amené la production de pétrole de ce pays membre de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) à son plus bas niveau en près de soixante-dix ans. Les sanctions imposées par Donald Trump cette semaine ont bloqué l'équivalent de quelque 7 milliards de dollars d'actifs de la société, qui devraient causer 11 milliards de dollars de pertes de revenus d’exportation pour le Venezuela.

L’Onu dénonce une violation du droit international

Le 28 janvier, un expert des droits de l'homme des Nations unies avait dénoncé les sanctions américaines contre le pétrole vénézuelien affirmant qu'elles aggraveraient une grave crise humanitaire. «La contrainte, qu'elle soit militaire ou économique, ne doit jamais être invoquée pour obtenir un changement de gouvernement dans un Etat souverain», a déclaré Idriss Jazairy, rapporteur spécial des Nations unies chargé d'étudier l'impact négatif des sanctions, dans un un communiqué publié à Genève. Il ajoute que «l'utilisation de sanctions par des puissances extérieures pour renverser un gouvernement élu constitue une violation de toutes les normes du droit international».

Venezuela : retrouvez le débat animé par Frédéric Taddeï en replay

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