Les Européens lancent un système de paiement alternatif pour éviter les sanctions anti-Iran des USA
La France, le Royaume-Uni et l'Allemagne lancent le système Instex pour poursuivre le commerce avec l'Iran malgré les sanctions américaines qui menacent l'activité des entreprises, notamment françaises. Téhéran a salué une «première étape».
Paris, Berlin et Londres ont annoncé dans un communiqué ce 31 janvier, la création, sous direction allemande, d'Instex, un mécanisme visant à poursuivre leurs échanges commerciaux avec l'Iran sans être impactés par les sanctions américaines contre ce pays. Le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, a salué le mécanisme comme une étape importante dans la préservation de l'accord sur le nucléaire iranien de 2015, dans la mesure où il aiderait les Européens à rester fidèles à leur partie du traité, que Washington a quitté.
Trois pays européens font pour l'instant partie de l'initiative Instex, dans l'attente que d'autres suivent.
Instex devrait d'abord intéresser les petites et moyennes entreprises, qui n'ont pas d'intérêt avec les Etats-Unis et, d'après Hassan Maged, spécialiste du Moyen-Orient et fondateur du cabinet D&S Consulting, interviewé par RT France le 31 janvier, «permettre de vendre des produits alimentaires [ou] des médicaments».
Ces biens sont en effet techniquement exemptés des sanctions américaines, mais de nombreuses sociétés pharmaceutiques et agricoles ont cessé leurs échanges avec l'Iran sous la menace de sanctions secondaires.
«Les grandes entreprises qui ont des intérêts aux Etats-Unis ne vont, forcément, pas rejoindre ce mécanisme parce que leur intérêt passe avant tout dans le grand marché américain et [elles] ont forcément peur des sanctions imposées», explique Hassan Maged.
Cité par l'agence de presse iranienne Irna, le président de la Commission parlementaire des affaires étrangères et de la sécurité nationale Heshmatollah Falahat Pisheh a déclaré que «l'enregistrement» d'Instex était «une grande victoire» pour l'Iran. L'entité européenne devrait permettre à l'Iran de tirer des revenus de ses exportations, bloquées par les sanctions américaines.
Le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, lui aussi cité par l'agence de presse, a salué «la première étape dans le cadre des engagements pris par les Européens vis-à-vis de l'Iran».
Le président américain Donald Trump a annoncé en mai sa décision unilatérale de retirer les Etats-Unis de l'accord international sur le nucléaire iranien de 2015, et de rétablir des sanctions économiques contre l'Iran. L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a pourtant fait savoir fin janvier que Téhéran respectait ses engagements.