Alstom : la saga du rachat par l'américain General Electric en quelques dates
Le rachat par General Electric de la branche énergie d'Alstom agite depuis plusieurs années les milieux industriels et politiques ainsi que les marchés financiers. Si vous avez oublié les épisodes précédents, voici les principales étapes.
AVRIL 2013 :
-le 14, Frédéric Pierucci vice-président monde de la division chaudières d’Alstom, licencié depuis, est arrêté lors de son arrivée sur le sol des Etats-Unis, à l’aéroport de New York, pour une affaire de corruption en Indonésie pour un montant de quelque 100 millions de dollars. Il sera condamné et purgera 2 ans de prison.
AVRIL 2014 :
- le 24, l'agence de presse Bloomberg affirme que General Electric (GE) est en discussions avancées pour racheter Alstom pour «plus de 13 milliards de dollars» (environ 9,5 milliards d’euros au cours de l’époque).
- le 29, le conseil d'administration d'Alstom se prononce pour l'offre de GE, sans fermer la porte à d'autres offres. A la demande de Bercy, le groupe Siemens se met également sur les rangs.
MAI 2014 :
- le 5, le gouvernement rejette l'offre de reprise de la branche énergie d'Alstom par GE et lui propose de l'améliorer en cédant ses activités transports au groupe français.
- le 15, est publié le Décret relatif aux investissements étrangers soumis à autorisation préalable «sur le rapport du ministre de l'Economie, du Redressement productif et du numérique». Il étend un mécanisme datant de 2005 permettant de protéger les entreprises stratégiques d'appétits étrangers, en soumettant à autorisation préalable du ministre de l'Economie les investissements dans certains secteurs.
- le 28, GE s'engage auprès du gouvernement à créer 1 000 emplois en France d'ici fin 2018.
JUIN 2014 :
- le 19, GE présente une offre améliorée. La valorisation est inchangée mais Alstom conserverait des parts dans certaines activités, et reprendrait l'activité de signalisation de GE. L'Etat français aurait un droit de veto dans une coentreprise 50-50 de turbines à vapeur.
- le 20, l'Etat prend position pour l'offre de GE sous certaines conditions, aux dépens de Siemens, et annonce son intention d'entrer au capital d'Alstom à hauteur de 20%.
- le 21, le conseil d'administration d'Alstom donne son feu vert à l'offre de GE.
AOÛT 2014 :
- le 26, Emmanuel Macron succède à Arnaud Montebourg au ministère de l’Economie
NOVEMBRE 2014 :
- le 5, le gouvernement français donne son feu vert formel à la transaction.
FÉVRIER 2015 :
- le 23, la Commission européenne décide d'approfondir une enquête en cours, invoquant notamment un risque de réduction de la concurrence sur le marché des turbines à gaz de haute puissance.
MAI 2015 :
le 20 mai, le PDG de GE, Jeffrey Immelt, se dit prêt à des concessions pour obtenir le feu vert de l'UE.
JUILLET 2015 :
- le 21, Emmanuel Macron, alors ministre de l’Economie, met en garde contre des concessions trop importantes que Bruxelles pourrait exiger de GE, lesquelles favoriseraient selon lui la concurrence chinoise.
- le 27, Alstom accepte de réduire de 300 millions d'euros le montant de la transaction, pour compenser les cessions d'actifs consenties par GE.
SEPTEMBRE 2015 :
- le 8, la Commission européenne donne son feu vert à la transaction. GE acquiert le pôle énergie d'Alstom pour 13,5 milliards de dollars (environ 10,2 milliards d’euros au cours de l’époque).
OCTOBRE 2017 :
- le 2, John Flannery succède à Jeff Immelt au poste de président du directoire de GE. A la bourse de New York l’action a perdu 30% depuis le début de l’année.
- le 16, GE annonce la suppression de 350 postes (sur un total de 800) à l'usine GE-Hydro Alstom de Grenoble qui produit les turbines des barrages.
NOVEMBRE 2017 :
- 13, GE annonce un vaste plan de restructuration visant à se recentrer sur trois activités : aéronautique, santé et énergie, s'accompagnant de milliers de suppressions d'emplois dans le monde. John Flannery, le nouveau PDG déclare que «l'entreprise française [Alstom] s’est révélée très décevante, au-dessous des attentes». A la bourse de New York l’action de GE poursuit son plongeon entamé début 2017.
AVRIL 2018 :
- le 4, lors d'une audition à l'Assemblée nationale, l'ancien PDG d'Alstom, Patrick Kron, défend la pertinence de la vente du pôle énergie de l'entreprise française à GE, assurant que l'opération ne s'était pas faite «sous la pression de la justice américaine».
JUIN 2018 :
- le 14, Bercy annonce avoir été informé par GE que ce dernier ne tiendra pas son engagement de créer 1 000 emplois en France d'ici la fin 2018.
JANVIER 2019 :
- le 14, Olivier Marleix, député LR saisit le Parquet de Paris afin d'enquêter sur les circonstances de la vente du pôle énergie d'Alstom à l'américain General Electric en 2014, s'interrogeant sur le rôle joué par Emmanuel Macron, alors ministre de l'Economie. Le jour même, à la bourse de New York, l’action GE est cotée 9,06 dollars ; elle a perdu 65 % de sa valeur depuis l’annonce du rachat d’Alstom.
- le 16, Frédéric Pierucci, ancien cadre d’Alstom arrêté au Etats-Unis en avril 2014, publie chez l’éditeur JC Lattès Le Piège américain, un livre écrit avec le journaliste Matthieu Aron dans lequel il affirme comme d’autres avant lui que «les poursuites américaines sont bien à l'origine de la décomposition d'Alstom».
- le 23, citant des sources syndicales l’AFP annonce la suppression programmée de 470 emplois en 2019.