A Barcelone, le patron d'Altice tente une nouvelle fois d'enrayer la chute de son action en Bourse
Patrick Drahi a promis l'arrêt des acquisitions en Europe et a fait son mea culpa vis-à-vis des clients internet de SFR. Le groupe qui possède aussi de nombreux médias comme BFM et Libération n'annonce aucun plan social mais reste menacé en Bourse.
Patrick Drahi a choisi une conférence annuelle sur les télécoms à Barcelone pour tenter, à nouveau, de rassurer les actionnaires du groupe Altice dont l’action a continué de plonger en Bourse. Le désendettement, l’arrêt des acquisitions et l’amélioration du service pour enrayer l’hémorragie des clients internet de SFR figurent parmi les orientations de ce nouveau plan dévoilé le 15 novembre.
«Nous devons faire en sorte que les clients soient heureux d'être chez nous», a notamment déclaré le président du groupe après avoir reconnu que SFR avait mal géré ses augmentations de tarif au cours de l’été. Au second trimestre, SFR avait perdu 75 000 abonnés internet. «Nous allons donner la priorité à la réduction de la dette en ce qui concerne nos actifs européens», a en outre annoncé Dennis Okhuijsen, le directeur financier du groupe. Et le dirigeant d'ajouter : «Il n'y aura pas de fusions et acquisitions, nous allons faire un retour à l'essentiel et éviter les dépenses opérationnelles inutiles.» le groupe ajourne donc sine die le changement de nom de SFR qui devait devenir Altice en 2018, ce qui aurait entraîné d’importants frais de marketing et de communication.
La veille, selon une source interne citée par l’AFP, Patrick Drahi s’était adressé à quelque 10 000 salariés depuis le siège français du groupe à Saint-Denis. Il aurait par exemple souligné que les investissements prendraient un certain temps avant de porter leurs fruits, notamment les droits de la Ligue des champions de football arrachés pour 370 millions d'euros par an, pour des matchs qui devraient être diffusés à partir de la mi-2018. Confiant, il aurait aussi déclaré : «Si on se concentre sur nos basics et qu'on garde le cap de notre stratégie ; si nous travaillons tous dans la même direction, sans se disperser, nous allons évidemment y arriver.»
Pour le moment, aucun plan social et aucune cession importante d'actifs
Aucun plan de suppression d’emplois n’a pour le moment été évoqué. Mais deux représentants de l’Unsa-SFR syndicat majoritaire chez l’opérateur ont déclaré à l’AFP que la sanction de la Bourse était à prendre au sérieux.
En effet, le jeudi 9 novembre, quand Patrick Drahi a annoncé le départ de Michel Combres directeur général de SFR, il réagissait à une chute du cours de l’action Altice qui avait perdu près de 45% de sa valeur depuis le début de l’année. Le titre cotait alors 11,80 euros contre 16 en début de mois et plus de 22 cinq mois plus tôt.
Mais cette première intervention n’avait pas rassuré les investisseurs et, le lendemain le titre dégringolait pour atteindre un plus bas, le 14 novembre, à moins de 9 euros. Malgré un léger rebond, le 15 novembre, le titre se repliait de nouveau aux environs de 9 euros en milieu d'après-midi le 16 novembre. Pour les investisseurs, le groupe est toujours plombé par une dette de près de 50 milliards d'euros, soit quatre fois sa valeur boursière actuelle. Mais il est vrai que les plus grosses échéances, pour le principal de la dette, n’interviendront qu’en 2022, année de la prochaine élection présidentielle. D'ici là, le groupe ne rembourse que les intérêts.