Goldman Sachs sort le chéquier pour esquiver les poursuites
La célèbre banque d’affaires a annoncé qu'elle s'acquitterait de 5,06 milliards de dollars pour mettre fin aux poursuites intentées contre elle par les autorités américaines. Un moyen d'éviter d'être jugée pour son rôle dans la crise des subprimes.
Dans la mythologie grecque, Ploutos est le dieu de la richesse. Son pendant chargé du pouvoir se nomme Cratos. Certains en ont déduit un nouveau type de gouvernance : la ploutocratie. Un régime qui donnerait le pouvoir à l’argent. La récente pirouette judiciaire de Goldman Sachs serait susceptible de le matérialiser.
Retour en 2008. La banque d’affaires est accusée d’avoir escroqué ses clients en leur vendant des RMBS. Des quoi ? Des portefeuilles composés de prêts hypothécaires titrisés. Pour faire simple, Goldman Sachs aurait livré des parts de crédits immobiliers américains à des entités financières à travers le globe. Le tout en sachant que le risque de défaut sur ces crédits était très élevé. Ces montages ont conduit à la ruine de milliers d'épargnants. Mais Loyd Blankfein, patron de Goldman Sachs, et son établissement ont plus d’un tour dans leur sac. Ils sont parvenus à conclure un accord de principe avec les autorités américaines pour qu'elles mettent fin aux poursuites lancées contre la banque. Le montant de cet accord s'élève à 5,06 milliards de dollars.
La gène du pouvoir américain
Ce qu’il est intéressant de relever dans cette affaire, c’est le quasi silence des autorités. D’habitude, soucieux de montrer à l’opinion publique que les banques paieront, le département de la Justice (DoJ) enclenche la machine médiatique. Cette fois, il se montre avare de commentaires. L’AFP a bien tenté de contacter ses représentants pour en savoir plus mais… ils se refusent à faire tout commentaire. Un porte-parole de la National Credit Union Administration (NCUA) a bien confirmé que l’autorité était partie prenante à cet accord. Sans fournir d’autres informations.
Attention, le manque de communication pourrait s’expliquer par le fait que «rien n’est signé» comme le rappelle l’entourage d’Eric Schneiderman, le procureur général de l’Etat de New-York.
Dans de précédentes communications sur cette affaire, le DoJ mais aussi les ministères de la Justice des Etats de New York et de l'Illinois, ainsi que la NCUA avaient qualifié les pratiques de Goldman Sachs, durant la crise de 2008, de contraires aux lois fédérales en matière de crédits.
Goldman Sachs Pays $15 Million To Settle SEC Charges: Goldman, Sachs & Co. has agreed to pay $15 million to se... https://t.co/L8Pn3Nor2M
— FinancialAdvisor mag (@FAmagazine) 15 Janvier 2016
Le boss se réjouit
Du côté de chez Goldman Sachs, Loyd Blankfein est aux anges : «Nous sommes heureux d'avoir trouvé un accord de principe pour résoudre cette affaire».
Il faut dire que si ce deal se matérialisait, son établissement s’en tirerait plutôt bien. Dans le détail, Goldman Sachs devrait écoper d'une amende civile de 2,4 milliards de dollars. Elle devrait verser 875 millions de dollars à des investisseurs lésés et consacrer 1,8 milliard au dédommagement des consommateurs sous différentes formes. Loin des sommes évoquées lors de la crise de 2008.
L’institution financière s’était préparée et disposait de réserves d’un montant de 5,3 milliards à fin septembre. Ce magot avait pour but, ni plus ni moins, que de résoudre les différents «scandales» dans lesquels la banque était empêtrée.
Le 14 janvier déjà, Goldman Sachs avait accepté de payer 15 millions de dollars pour éviter des poursuites dans le cadre d'une enquête de la SEC (Securities and Exchange Commission), le gendarme boursier américain, qui avait épinglé ses pratiques dans la vente à découvert de produits financiers.
Rien n’est officiel
Goldman Sachs rique de stresser encore un petit peu jusqu'à ce que l'accord soit définitivement signé. Si l’issue semble pour l'instant favorable, le précédent de la banque Morgan Stanley risque de lui causer encore quelques sueurs froides. L’autre géant américain de la banque d’affaires, était lui aussi parvenu à un accord de principe de 2,6 milliards de dollars avec les autorités dans le même dossier mais sa finalisation se fait toujours attendre.
Trois grandes banques américaines, JPMorgan Chase, Bank of America et Citigroup, ont déjà accepté de payer un montant cumulé de près de 37 milliards de dollars pour solder les poursuites liées aux funestes produits financiers toxiques RMBS. Sur le Vieux Continent, les cas similaires ne manquent pas. UBS, Credit suisse, Royal Bank of Scotland (RBS) font toujours l'objet d'une enquête de la NCUA.
Goldman Sachs citée dans d’autres affaires
On ne va pas faire la liste des événements financiers qui incluent Goldman Sachs. Vous pensez à la Grèce ? C’est loin d’être le seul cas. Manipulations des marchés des matières premières ou des changes par exemple. Sans parler des accusations de la Lybie. En 2006, à l’époque où Mouammar Kadhafi dirigeait encore le pays, le fond souverain national, créé pour gérer les revenus issus du pétrole, réclamait plus d'un milliard de dollars de dédommagements à Godman Sachs. Le procès est toujours en cours à Londres...