Sénégal – AFSF : transformer l’élevage africain pour atteindre la sécurité alimentaire

Le Forum africain sur les systèmes alimentaires tenu à Dakar a été l’occasion pour les ministres africains de l’Agriculture de discuter sur la nécessité de transformer l’élevage au sein du continent et de le rendre attractif pour les jeunes afin de réduire les importations et atteindre le seuil de sécurité alimentaire.
L’édition 2025 de l’Africa Food System Forum (Forum africain sur les systèmes alimentaires - AFSF) organisée du 31 août au 5 septembre à Dakar, la capitale du Sénégal, a battu un record de fréquentation, de gains économiques et de partenariats internationaux établis à 600 millions de dollars. L’élevage a constitué un des axes majeurs de l’événement, le 3 septembre, pour le premier dialogue ministériel consacré à cette filière dans le cadre de l’AFSF. Réunissant 13 pays et plusieurs ministres africains de l’Agriculture, il avait pour objectif de réduire la dépendance aux importations alimentaires, améliorer la productivité et créer des opportunités économiques pour les jeunes Africains.
La rencontre a été coorganisée par l’Institut international de recherche sur l’élevage (ILRI), l’Union africaine – Bureau interafricain des ressources animales (UA-BIRA) et l'agence de coopération internationale allemande pour le développement (GIZ).
50 milliards de dollars d’importations alimentaires par an
Le continent africain importe chaque année pour 50 milliards de dollars de produits nécessaires à ses besoins alimentaires. Le continent abrite aussi 85 % des éleveurs dans le monde, mais ne produit paradoxalement que 2,6 % du lait mondial. Le Sénégal produit 400 millions de litres de lait annuellement contre plus de deux milliards par an au Kenya ou en Ouganda, selon les chiffres cités par le Dr Mabouba Diagne, ministre sénégalais de l’Agriculture et des Ressources animales. « Nous dépendons trop des importations et devons accroître notre productivité », a-t-il souligné.
Appolinaire Djikeng, le directeur général de l’ILRI, cité par l’Agence de presse africaine (APA), a déclaré : « Les solutions existent déjà en Afrique. Il faut les démultiplier à l’échelle régionale, en reliant science, politiques et pratiques, pour un triple gain : répondre à la demande croissante, améliorer les moyens de subsistance de 200 millions d’éleveurs et le faire de manière durable pour l’environnement ».
Pour sa part, la Dr Huyam Salih, directrice de l’AU-IBAR a affirmé que « l’Afrique ne pourra atteindre la sécurité alimentaire durable ni transformer son agriculture sans placer l’élevage au cœur de son agenda de développement ».
Rendre l’élevage plus attractif pour les jeunes
Pour les ministres africains de l’Agriculture des pays participants à AFSF 2025, il est nécessaire de transformer l’élevage de simple moyen de subsistance en secteur économique attractif pour les jeunes Africains. Formations à l’entrepreneuriat dans l’élevage, création de banques fourragères, renforcement de la coopération régionale, appui à l’entrepreneuriat des jeunes, amélioration génétique du cheptel et organisation annuelle d’une réunion ministérielle de suivi, sont autant de moyens mis en œuvre pour atteindre cet objectif.
Le Sénégal dispose d’accords de coopération bilatérale stratégique, notamment avec l’Ouganda et l’Afrique du Sud, destinés à renforcer l’autosuffisance en lait et en viande rouge. Le gouvernement a aussi noué un partenariat avec la Bill Gates foundation portant sur la santé animale, la production laitière et la digitalisation des méthodes d’élevage.