BAD : réformer l’architecture financière mondiale pour couvrir les 1 600 milliards de dollars de besoins africains

Les réformes de l’architecture financière mondiale, portées par la Banque africaine de développement, représentent un espoir pour les pays du continent, confrontés à une dette insoutenable et à des besoins de financement colossaux.
L’Afrique fait face à des besoins économiques pressants et difficiles à satisfaire à plus d’un titre. Entre une dette de plus en plus lourde et difficile à soutenir et un accès, à la fois restreint et coûteux, aux marchés internationaux, la Banque africaine de développement (BAD) préconise la réforme de l’architecture financière mondiale. Cette voie pourrait ouvrir, selon des experts cités par la presse africaine, des perspectives prometteuses pour couvrir les besoins financiers du continent, estimés par la BAD et l’Union africaine (UA) à 1 600 milliards de dollars d’ici à 2030.
La BAD avait déjà appelé à la réforme de l’architecture financière mondiale comme moteur de la transformation économique en Afrique, depuis la fin mai dernier, lors des Assemblées annuelles du groupe de la Banque africaine de développement. Or, les réformes menées actuellement par l’institution africaine, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale restent insuffisantes pour couvrir les besoins de l’Afrique, qui s’élèvent à une somme comprise entre 130 et 170 milliards de dollars par an, pour les seuls besoins en infrastructures.
Plus de synergie
Dans une déclaration à Africa24, le nouveau président de la BAD, Sidi Ould Tah – qui prêtera serment le 1ᵉʳ septembre à Abidjan – a affirmé : « Aujourd’hui, il ne s’agit plus de gérer le développement, mais plutôt de l’accélérer. C’est pourquoi je pense qu’il est impératif qu’il y ait une recomposition de la structure financière africaine, avec le développement de davantage de synergies entre la Banque africaine de développement et les autres institutions financières africaines, mais aussi avec l’ensemble des acteurs du financement et du développement qui interviennent sur le continent. »
Sidi Ould Tah a aussi souligné l’impératif pour l’Afrique de développer sa souveraineté financière « en termes de mobilisation de ressources domestiques, mais aussi en créant des conditions favorables à l’attraction de l’investissement direct étranger pour construire des infrastructures résilientes ». Une situation d’autant plus pressante sur fond de crise de la dette dans neuf pays africains à faible revenu, alors que 26 autres pays du continent risquent hautement de subir le même sort. Pour cette année 2025, les tarifs américains imposés par l’administration Trump et la frilosité des investissements ont largement pénalisé la reprise économique timide du continent qui commençait à se cristalliser durant les années passées.
L’architecture financière internationale pénalise l’Afrique
Akinwumi Adesina, président sortant de la BAD, a pointé le traitement inégal de l’architecture financière internationale actuelle vis-à-vis des pays en développement. Il a cité l’exemple des mesures budgétaires pour la lutte contre la pandémie de COVID-19, où l’Afrique n’a reçu que 89 milliards de dollars des 17 000 milliards de dollars de fonds alloués, soit 0,5 % de la valeur mondiale.
En fournissant un meilleur accès aux financements à un coût soutenable pour l’Afrique, une gestion et une soutenabilité de la dette, une réallocation des ressources financières mondiales et une mobilisation du secteur privé, entre autres nouveaux instruments, cela pourrait renforcer les institutions financières multilatérales africaines et sécuriser plusieurs centaines de milliards de dollars annuellement, comblant ainsi les besoins financiers du continent à l’horizon 2030, selon les estimations de la BAD.