Une compagnie burkinabè acquiert les actifs de TotalEnergies au Burkina Faso
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Total Energie Burkina appartient désormais à Coris Invest Group dirigé par l’homme d’affaires burkinabé Idrissa Nassa. L’acquisition s’inscrit dans le cadre d’une série de retraits de la multinationale française sur le continent sur fond de montée du souverainisme en Afrique.
Le géant pétrolier français TotalEnergies a annoncé la cession de ses actifs au Burkina Faso à la compagnie Coris Investment Group, dirigée par l’homme d’affaires burkinabé Idrissa Nassa. Ce désengagement a été confirmé le 18 février par Mbacké Badara, responsable du développement commercial chez Total Énergie pour l’Afrique de l’Ouest, lors de sa réception par le ministre burkinabé de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat, Serge Gnaniodem Poda.
«Nous sommes venus l’informer […] de la conclusion d’un accord commercial avec un acteur majeur au Burkina, la compagnie Coris Investment Group, pour la cession de nos actifs dans le pays», a déclaré Mbacké Badara à sa sortie d’audience au ministère. Le responsable a affirmé qu’il était «important de rencontrer les autorités afin de les tenir informées et de poursuivre les démarches conformément aux processus habituels en matière de fusions et acquisitions».
Cette cession des actifs de TotalEnergies au Burkina Faso s’inscrit dans le cadre d’une série de retraits de la multinationale française sur le continent, confirmant la tendance de ces dernières années : la fin progressive de l’hégémonie économique française en Afrique au moment même où des puissances comme la Chine et la Russie consolident leurs partenariats avec des États africains désireux de s’émanciper des anciennes puissances coloniales.
Après le Mali, où le groupe a vendu ses actifs à Coly Energy, et l’Afrique du Sud, où il s’est retiré des blocs offshore 11B/12B et 5/6/7, la cession au Burkina Faso illustre l’affaiblissement de la position française en Afrique dans un contexte où de plus en plus de pays africains, portés par des acteurs locaux, revendiquent leur souveraineté économique et énergétique.
Montée du souverainisme en Afrique
Au Burkina Faso, l’acquisition des actifs de TotalEnergies par Coris Investment Group, un conglomérat burkinabé, représente une avancée majeure pour l’indépendance économique du Burkina Faso. Déjà influent dans le secteur bancaire et de l’assurance, le groupe d’Idrissa Nassa diversifie son influence et ouvre la voie à une véritable africanisation du secteur énergétique.
Avec un financement structuré par une émission obligataire de 20 milliards de FCFA (environ 31,5 millions de dollars), Coris Investment Group démontre que des entreprises africaines ont la capacité de reprendre en main des secteurs stratégiques, autrefois monopolisés par des multinationales occidentales.
Cette acquisition intervient alors que le gouvernement militaire, arrivé au pouvoir avec le coup d'État du 30 septembre 2022 et dirigé par le capitaine Ibrahim Traoré, avait fait de la souveraineté du pays le principe de sa gouvernance. Depuis, les autorités burkinabè ont annoncé à plusieurs reprises vouloir reprendre le contrôle sur les ressources notamment énergétiques et minières du pays, accusant les gouvernements précédents de «soumission aveugle» à la France et à la Cédéao.
Le 6 juillet 2024, le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont annoncé la création de la confédération de l'Alliance des États du Sahel (AES), fondée pour contrer l’influence de la Cédéao, une organisation que ces trois pays jugent instrumentalisée par la France, ex-puissance coloniale.