Libye : l’approbation unilatérale du budget perpétue le statu quo dans le pays
Alors qu’une série de discussions inter-libyennes étaient prévues prochainement au Caire en vue d'accords sur les points controversés des lois électorales et sur la création d'une autorité exécutive unifiée pour gouverner le pays, un désaccord vient frapper de nouveau la Troïka.
La Chambre des représentants libyenne de Benghazi avait approuvé le 10 juillet un budget supplémentaire de 180 milliards de dinars (34,10 milliards d’euros) pour son gouvernement, décidé lors d'une session à huis clos. Cette approbation unilatérale a suscité un différend entre les deux Chambres libyennes, sur fond de craintes quant aux répercussions de cette démarche sur les voies du rapprochement de la Troïka.
A l’issue d’une session tenue ce 15 juillet, le Conseil suprême d'État en Libye a rejeté ce budget pour violation de la législation constitutionnelle.
La présidence et les membres du Haut Conseil d'État libyen ont exprimé, selon le correspondant de RT en Libye «leur objection à l'adoption du budget par la Chambre des représentants libyenne pour deux raisons principales». A savoir, que le budget est «très élevé et entraînera une inflation sur le marché libyen», et en outre, que «l'adoption du budget doit être consultée avec le Conseil, la plus haute autorité de l'État libyen, conformément à l'accord politique.»
Retrait de la réunion tripartite
Il est attendu que le Conseil suprême de l'Etat raffermisse sa position en suspendant sa participation à la réunion tripartite prévue au Caire, qui réunira Aguila Salah, président de la Chambre des représentants de Libye, Mohammed Takala, président du Haut Conseil d'État de Libye et Mohammed el-Menfi, président du Conseil présidentiel de Libye, dans le but de parvenir à un accord pour mettre fin à la crise libyenne.
Impasse politique en Libye
Depuis des mois, le processus politique en Libye connaît une stagnation. Les réunions et consultations organisées par Stéphanie Koury, représentante spéciale adjointe du secrétaire général des Nations unies pour les affaires politiques à la Mission d'appui de l'ONU en Libye (MANUL), n’ont pas réussi à faire sortir ce pays nord-africain de l’impasse politique.
Par ailleurs, les trois chefs du Conseil du pays, Aguila Salah, président de la Chambre des représentants de Libye, Mohammed Takala, président du Haut Conseil d'État de Libye et Mohammed el-Menfi, président du Conseil présidentiel de Libye avaient prévu conjointement la tenue d’une deuxième réunion au Caire mi-juillet, et ce, sous les auspices de la Ligue arabe, pour poursuivre les consultations entamées en mars dernier afin de discuter d'un consensus sur les lois électorales et unifier le pouvoir exécutif, a rapporté le média The New Arab.
Début juillet, Mohammed Takala avait révélé, lors de son discours à la réunion du Conseil d'État que des préparatifs étaient en cours «à différents niveaux pour créer des conditions appropriées» pour la tenue de la deuxième réunion tripartite mi-juillet. Il a, selon la même source, indiqué que lors de la prochaine réunion «les points controversés des lois électorales et l’unification d’un pouvoir» seraient au cœur des débats.
La Troïka libyenne, qui avait prévu de tenir une série de discussions pour résoudre sa divergence, observe qu’un autre désaccord vient de s’ajouter aux débats.