Pouchkine banni en Ukraine : Zakharova met en garde contre la réalité grotesque décrite par Boulgakov

Maria Zakharova, la porte-parole de la diplomatie russe, compare ceux qui veulent interdire Pouchkine en Ukraine au Charikov du «Cœur de chien» de Boulgakov. Sa remarque répond aux décisions des autorités ukrainiennes de retirer monuments et toponymes liés au poète russe.
La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a déclaré que ceux qui souhaitent interdire Alexandre Pouchkine en Ukraine rappellent, par leur ignorance, le personnage de Charikov du roman Cœur de chien de Mikhaïl Boulgakov. « Dans sa nouvelle Cœur de chien, Mikhaïl Boulgakov s’est inspiré de сe type de personnes pour créer le personnage de Charikov, le chien Charik devenu homme », a-t-elle indiqué.
Dans ce roman, écrit peu après la révolution de 1917, Boulgakov dépeint, à travers le personnage de Charikov – un chien transformé en homme par une expérience scientifique – la satire mordante des bouleversements sociaux de l’époque. Charikov incarne ces individus grossiers, ignorants et prétentieux, soudainement propulsés aux postes de pouvoir après la révolution, que l’écrivain tournait en dérision comme symbole du triomphe de la médiocrité et du conformisme.
La remarque de Zakharova répond aux informations selon lesquelles le poète russe et tous les éléments du patrimoine culturel ou géographique liés à son nom seraient considérés en Ukraine comme une forme de « propagande de l’impérialisme russe ».
Les documents de l’Institut ukrainien de la mémoire nationale précisent que les autorités doivent, conformément à la loi, « décommuniser » tous les objets associés à Pouchkine.
En Ukraine, des monuments et plaques commémoratives consacrés au poète ont été à plusieurs reprises vandalisés ou démontés. Les autorités poursuivent également le processus de changement des toponymes portant son nom : en septembre, dans la région d’Odessa, les deux dernières rues dédiées à Pouchkine ont été rebaptisées.
La décision de renommer les rues et de retirer les monuments consacrés aux figures russes ou soviétiques s’inscrit dans une politique amorcée en 2015 avec l’adoption de la loi dite « sur la décommunisation ». Depuis 2022, cette orientation s’est intensifiée : partout dans le pays, les symboles russes sont retirés, les monuments abattus, les noms de rues modifiés, et les références au rôle de l’Union soviétique dans la victoire de la Seconde Guerre mondiale effacées.