Merz : la décision sur la portée des frappes ukrainiennes avec des missiles occidentaux a été prise il y a plusieurs mois

Le chancelier allemand Friedrich Merz réaffirme l'annulation de la limitation de la portée des frappes ukrainiennes avec des armes occidentales. Ces déclarations, qui contredisent celles de son conseiller, font craindre une possible escalade avec Moscou et suscitent l'ironie de la Russie.

La décision de lever les restrictions sur la portée des armes livrées à l'Ukraine a été prise il y a plusieurs mois, a déclaré le chancelier allemand Friedrich Merz lors d'une conférence de presse conjointe avec le Premier ministre finlandais Petteri Orpo le 27 mai, commentant sa déclaration faite la veille sur l'annulation de la limitation de la portée des missiles allemands.

« Pour autant que je sache, et comme je l’ai indiqué hier, les pays qui avaient imposé des limites à la portée des frappes ont depuis longtemps levé ces restrictions », a-t-il noté. Selon le chancelier allemand, il n'a fait qu'écrire « ce qui se passe depuis plusieurs mois, à savoir que l’Ukraine a le droit d’utiliser les armes qui lui sont fournies en dehors de son propre territoire contre des installations militaires sur le territoire de la Russie ».

Incertitude dans les milieux politiques allemands

Les propos de Friedrich Merz sur la suppression de la restriction de portée imposée à l'utilisation de missiles allemands par Kiev ont suscité des réactions contrastées. Sarah Wagenknecht, leader de l'Alliance « Sahra Wagenknecht : pour la raison et la justice » (BSW) et ancienne membre du Bundestag (Parlement allemand), a critiqué ces déclarations, qualifiant cette décision de « totalement irresponsable », pouvant « éventuellement entraîner l’Allemagne dans la guerre ».

« Si les armes allemandes, potentiellement des missiles Taurus à l’avenir, frappent des villes russes, cela reviendra à déclarer la guerre à Moscou », a-t-elle écrit sur X, appelant le chancelier allemand à « remédier immédiatement à la situation » et à organiser un référendum sur la politique du gouvernement fédéral à l’égard de l’Ukraine, « en particulier sur l’interdiction des livraisons de Taurus ».

En outre, les déclarations de Friedrich Merz ont été réfutées par le vice-chancelier allemand et chef du Parti social-démocrate (SPD), Lars Klingbeil. Il a fait remarquer que pour l'instant « il n’y a pas de nouvel arrangement au-delà de ce dont le gouvernement précédent a convenu ».

Maria Zakharova espère que Merz et Klingbeil ne se sont pas battus « comme le couple Macron »

La contradiction contenue dans les déclarations du vice-chancelier et du chancelier allemands n'est pas passée inaperçue. La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a ironisé sur sa chaîne Telegram : « Ôtez-leur enfin la "cuillère à sucre" et la "serviette" ! J’espère au moins que ces deux-là ne se sont pas battus comme le couple Macron ».

En parlant de « serviette », Maria Zakharova fait référence à des allégations concernant le président français Emmanuel Macron, soupçonné d'avoir caché un paquet de substance interdite face aux caméras. En mai, une vidéo a été publiée, montrant Emmanuel Macron, Friedrich Merz et le Premier ministre britannique Keir Starmer dans le train pour Kiev. Lorsque les journalistes ont commencé à filmer les hommes politiques, le dirigeant français a précipitamment retiré de la table un mouchoir froissé tandis que le chancelier allemand cachait ce qui ressemblait à une cuillère. Paris a ensuite tenté de nier les allégations de consommation de drogue soulevées par ces images.

Maria Zakharova fait également référence à un geste brusque de Brigitte Macron, qui aurait giflé son époux avant la descente de l'avion lors de leur visite au Vietnam. Le dirigeant français a expliqué par la suite que les époux « se chamaillaient ».

Moscou a condamné à plusieurs reprises les frappes ukrainiennes effectuées avec des armes de fabrication occidentale sur le territoire russe. Le porte-parole du président russe, Dmitri Peskov, a indiqué que la décision de Friedrich Merz d'annuler les restrictions de portée des armes fournies à l'Ukraine était « assez dangereuse » et « absolument en contradiction » avec les aspirations de la Russie à régler le conflit ukrainien.