Le retour des entreprises étrangères en Russie est possible mais «sous nouvelles conditions strictes» selon le premier vice-premier ministre russe
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Alors que plusieurs entreprises étrangères, dont Renault, envisagent de revenir sur le marché russe, Moscou rappelle que ce retour se fera sous conditions strictes. Le premier vice-premier ministre Denis Mantourov souligne que seules les entreprises répondant aux exigences nationales pourront réintégrer le pays.
Le premier vice-premier ministre russe, Denis Mantourov, a déclaré ce 20 février que seules les entreprises étrangères jugées intéressantes pour la Russie pourraient revenir sur son marché. «Nous n'admettrons sur notre marché que les entreprises qui nous intéressent», a-t-il affirmé. Il a précisé que la Russie a mis en place un système de préférences favorisant les producteurs nationaux et ceux de l'Union économique eurasienne (UEEA). «Aujourd’hui, les producteurs nationaux ainsi que ceux de l'UEEA ont la priorité absolue dans des secteurs cruciaux, notamment pour notre souveraineté technologique», a-t-il ajouté.
Denis Mantourov a également souligné que tout partenariat avec des entreprises étrangères devra inclure des engagements en matière de localisation de la production, de transfert de technologie et de contrôle par des acteurs russes. «Nous ne dérogerons pas à ces principes, et c'est la réalité que les entreprises étrangères devront garder à l'esprit», a-t-il insisté.
Renault ouverte à un retour
Luca de Meo, PDG de Renault, a laissé entendre que le constructeur automobile français pourrait envisager un retour en Russie. «Nous sommes des hommes d'affaires. Lorsque nous voyons une opportunité commerciale, nous essayons de la saisir», a-t-il déclaré dans un entretien au Financial Times. Toutefois, il a souligné que la situation évoluait rapidement et qu'aucune décision n'avait été prise pour le moment. «Pour vous dire la vérité, je n'ai pas pensé à un tel scénario, parce que tout change constamment», a-t-il ajouté.
Renault avait suspendu ses activités en Russie en mars 2022 et transféré ses actifs locaux à l'État russe pour un prix symbolique. Si un retour devait se concrétiser, il se ferait dans un contexte bien différent, avec des conditions imposées par Moscou et une industrie automobile russe désormais renforcée.
Un retour sous conditions strictes
Outre Renault, d'autres marques étrangères cherchent à réintégrer le marché russe. Selon le quotidien russe Izvestia, plusieurs grandes enseignes de prêt-à-porter, dont celles du groupe Inditex (Zara, Bershka, Pull&Bear) ont repris contact avec les centres commerciaux russes pour discuter d'un éventuel retour. Ces discussions restent cependant préliminaires et n'ont pas encore abouti à des accords concrets.
Le journal précise que ces marques étudient différentes options, notamment des collaborations avec des partenaires locaux ou des changements de structure juridique pour contourner les restrictions imposées par les sanctions occidentales. Toutefois, ces négociations risquent d’être longues, car les autorités russes ont clairement indiqué que les entreprises qui avaient quitté le pays en 2022 ne seraient pas accueillies «à bras ouverts».
Anton Alikhanov, directeur du ministère de l’Industrie et du Commerce, a averti que ces marques devraient assumer les conséquences de leur départ. «Vous devrez payer pour tout, et pour votre comportement», a-t-il déclaré, selon RBC Russia. Cette position souligne la volonté de Moscou de privilégier le développement des industries locales et de ne pas offrir la priorité à des entreprises qui ont fait le choix de suspendre leurs activités en Russie.