Conflit en RDC : la Russie appelle à un règlement politique du conflit et s'inquiète de la présence de sociétés militaires privées européennes
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La Russie a appelé à un règlement politique du conflit en RDC, condamnant les actions du M23 et insistant sur la nécessité de négociations entre la RDC et le Rwanda. Moscou a également exprimé son inquiétude quant à la présence de sociétés militaires privées européennes, en contradiction avec le mandat de la mission de maintien de la paix de l'ONU.
Le représentant permanent de la Fédération de Russie auprès des Nations unies, Vassili Nebenzia, a condamné les actions du groupe M23 en République démocratique du Congo lors d'un discours prononcé le 19 février pendant la réunion du Conseil de sécurité des Nations unies. Il a appelé à «un arrêt immédiat» des hostilités et «au retrait des combattants» des localités et des territoires occupés.
«Il faut mettre fin à l’escalade à l’est de la RDC. Cependant, il n’existe pas de solution militaire à cette crise. Elle ne peut être réglée que par un accord politique entre la République démocratique du Congo et le Rwanda qui devraient revenir à la table des négociations», a déclaré le diplomate russe.
Vassili Nebenzia a souligné que le cadre de ces pourparlers «doit être défini conjointement par Kinshasa et Kigali», avertissant que dans le cas contraire, la situation actuelle «risque de dégénérer en un conflit interétatique à l’échelle régionale». Dans son discours, il a également appelé au «respect sans condition de la souveraineté, de l’intégrité territoriale, de l’indépendance et de l’unité de la RDC, conformément à la Charte des Nations unies». «La Russie exprime sa solidarité avec le gouvernement et le peuple congolais en ces temps difficiles», a souligné le représentant permanent de la Russie auprès des Nations unies.
La Russie critique le «silence» occidental sur les activités des SMP européennes en RDC
En outre, Vassili Nebenzia s'est dit préoccupé par les activités des sociétés militaires privées (SMP) européennes en RDC : «Nous avons tous vu qu'elles ont remis leurs armes aux casques bleus de la MONUSCO. Le monde entier a également pu voir les images du transport de mercenaires européens vers Kigali. À notre avis, tout cela ne correspond pas vraiment à la façon dont la Russie interprète le mandat de la MONUSCO, tel qu'il lui a été confié par le Conseil de sécurité», a déclaré le diplomate russe, étonné du «silence» des États-Unis et des pays européens. Selon lui, cette réaction contredit leur «engagement déclaré de condamner la coopération bilatérale des pays africains avec d’autres pays dans le domaine de la sécurité».
Après l'échec des efforts de médiation sous le patronage de l'Angola, le Mouvement du 23 mars (M23) a repris ces dernières semaines son offensive dans l'est de la République démocratique du Congo. Les autorités de la république accusent le Rwanda voisin de soutenir les rebelles et lui ont demandé de retirer ses troupes. Le Rwanda nie toute implication. Fin janvier, le ministère des Affaires étrangères de la RDC a annoncé la rupture des relations diplomatiques avec le Rwanda et le retrait de son personnel diplomatique de Kigali, la capitale rwandaise. Le Rwanda a également évacué les diplomates encore présents à Kinshasa.
Au cours des combats, les rebelles ont réussi à s'emparer de plusieurs villes. Fin janvier, l'Alliance du fleuve Congo (AFC), un groupe qui fait partie du M23, a signalé la prise de la ville de Goma, et le 18 février, les forces rebelles sont entrées à Bukavu, située dans l'est de la RDC, où les combattants du M23 ont exécuté plusieurs enfants. Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme a confirmé ces incidents et condamné les actions des rebelles.
Le 16 février, le M23 et l’Alliance du fleuve Congo ont appelé le gouvernement congolais à engager un dialogue direct pour mettre un terme aux violences dans l’est du pays. Les autorités congolaises ont considéré cette offre de négociation comme une tentative de légitimation du contrôle du M23 sur l’est du pays et ont refusé d’ouvrir des discussions avec les rebelles, préférant une réponse militaire.