«On ne pourra mettre un terme à la guerre en Irak qu’en mettant un terme au militarisme [américain]»

«On ne pourra mettre un terme à la guerre en Irak qu’en mettant un terme au militarisme [américain]» Source: Reuters
Le ministre américain de la Défense Ashton Carter devant les soldats américains à Bagdad
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Un soldat américain a été tué lors d’une opération militaire en Irak. Phyllis Bennis, journaliste et directrice de programme à l’Institut d’Etudes politiques de Washington, donne son avis sur l’incident qui met en le vrai rôle des Etats-Unis en Irak.

RT : Est-ce que le Pentagone peut maintenir sa position de non-intervention alors qu’un soldat américain a été tué en Irak, apparemment au combat ?

Phyliss Bennis : Je crois que la question de l’intervention américaine au sol a reçu une réponse positive depuis plus d’un an. Au moins 3 500 soldats américains sont allés en Irak l’année dernière. Et ce sont en fait des troupes qui participent au combat : ils conseillent, entraînent, arment et combattent eux-mêmes dans les rangs des troupes au sol. La notion de non-intervention américaine n’a donc tout simplement pas lieu d’être. Nous savons également qu’à côté de ces 3 500 militaires américains en Irak, un nombre inconnu d’agents des services spéciaux, dont la CIA, y sont également présents. Il est donc indéniable que les Etats-Unis combattent en Irak depuis déjà plus d’un an.

RT : Si les forces d’élite américaines participent aux combats en Irak, pourquoi ne pas y déployer un contingent militaire régulier ?

Phyliss Bennis : Déployer un contingent militaire ne fera qu’aggraver les choses. Les forces aptes au combats, d’élite ou pas, présentes au sol, les avions de combats dans le ciel qui effectuent des opérations aériennes, ceci n’améliore jamais une situation mais l’aggrave. Il n’y a pas de solution militaire à la guerre en Syrie et en Irak, et prétendre qu’on pourrait forcer la décision au sol, comme le dit encore et encore Barack Obama, essayer de l’imposer dans la région en y envoyant des troupes, des instructeurs, des avions et des drones rend impossible toutes les autres possibilités de solution aux crises dans ces pays, comme la diplomatie et les négociations ou l’aide humanitaire, pourtant si nécessaire dans cette région. Toutes ces actions positives sont impossibles à mettre en place pendant que sont menées des opérations militaires. Il faut mettre fin au militarisme, et ce n’est qu’après qu’on pourra procéder aux négociations et en finir avec cette guerre.

RT : De votre avis, est-ce que l’opinion publique américaine aurait soutenu une opération militaire américaine au sol, quoique limitée, à ce moment précis ?

Phyliss Bennis : Je crois que le peuple américain est largement sceptique. Cependant, on peut toujours voir agir le «facteur CNN», ou maintenant le «facteur Twitter», qui intervient de plus en plus souvent, qui demande à «faire quelque chose». Le problème ici, c’est que «faire quelque chose» équivaut souvent à «faire quelque chose à travers des actions militaires». Si l’on regarde la terrible situation des Hézidis qui sont piégés dans les monts Sinjar, les otages détenus par Daesh, ce sont des situations horribles qui appellent à une réaction, mais pas forcément une réaction militaire. Mais si on répond par la force, les autres options, qui au final seront les seules à pouvoir mettre fin à cette guerre, deviennent difficilement réalisables, voire impossibles.

RT : On estime qu’il s’agit du premier cas de participation directe des soldats américains aux combats avec Daesh. Croyez-vous qu’il s’agit d’une mission qui outrepasse ses objectifs ou tout simplement un événement isolé ?

Phyliss Bennis : Je ne crois pas que c’est une mission qui a dérivé, c’est une mission qui suit son cours. La question ne se pose même pas que les Etats-Unis ont été directement engagés dans la guerre contre Daesh, ainsi que contre d’autres groupes terroristes à des moments différents, dont Al-Qaïda. Cependant, c’est bien la première fois qu’ils admettent que c’est un cas extérieur à la mission officielle, qui sera modifiée simplement en étendant les prérogatives de cette mission. 

Les opinions, assertions et points de vue exprimés dans cette section sont le fait de leur auteur et ne peuvent en aucun cas être imputés à RT.

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