L'ancien secrétaire d'Etat Alain Marleix rebondit sur l'annonce de la candidature de Manuel Valls à la mairie de Barcelone. Il y voit une décision logique mais dont le succès reste hautement incertain pour l'ancien Premier ministre.
Manuel Valls a sauté le pas. Abandonnant son mandat de député à l'Assemblée nationale, il vient de confirmer ce qui était un secret de polichinelle depuis l'été : il veut être élu maire de Barcelone!
Décision surprenante et choquante pour certains dès lors qu'on a eu l'honneur d'être le chef du gouvernement français, décision courageuse pour les autres dès lors qu'il fonde son avenir politique en France comme en Espagne et en Catalogne... Ceci sans possibilité de retour dans un cas comme dans l'autre. Autrement dit un choix risqué et un processus irréversible.
Le risque n'a jamais fait peur au fougueux catalan Manuel Valls dans la mesure où sa carrière nationale en France est très largement obérée et son isolement, entre les macronistes et ses anciens amis socialistes est total. Sa décision est donc irréversible mais cohérente et logique compte tenu de son engagement pour l'unité de l'Espagne et pour l'Europe des nations de préférence à l'Europe des régions, concept Bruxellois désormais battu en brèche dans pratiquement toute l'Europe en raison de ses conséquences redoutables.
Sa décision est donc irréversible mais cohérente et logique compte tenu de son engagement pour l'unité de l'Espagne et pour l'Europe des nations de préférence à l'Europe des régions
Ainsi, en Grande Bretagne (les possibles sécessions de l'Ecosse et du Pays de Galles), ainsi en Italie (entre le nord et le sud de la Péninsule) ainsi en Belgique (entre Allemands, Flamands et... Bruxellois!) en Allemagne même où la Bavière prend ses distances malgré le fédéralisme régnant depuis 50 ans. Cette «balkanisation» de l'Europe des 28 devrait d'ailleurs être l'un des thèmes des prochaines élections européennes en mai 2019. Or, personne ne l'évoque ni ne s'en émeut.
En cet anniversaire du retentissant référendum catalan, le silence est assourdissant et les indépendantistes demeurent toujours aussi atomisés. Même si la tentative de Manuel Valls échoue à cause d'un système électoral inique où une majorité de voix ne donne pas toujours une majorité de sièges – encore la proportionnelle! Certes Manuel Valls est soutenu par Ciudad Damos (centre droit) important à l'échelle nationale mais les deux plus grands partis espagnols Partido popular et le parti socialiste ne se sont pas engagés pour le moment. Il est vrai que ces deux partis leaders espagnols ne rassemblent qu'asez peu de voix en Catalogne. La candidature de l'ex-premier ministre français aura eu le mérite de médiatiser à l'échelle européenne une prise de risque courageuse et surtout de remettre au centre du débat la question essentielle : quel avenir pour l'Europe et pour les nations qui la composent face aux défis contemporains.
Il est notoire que l'Europe des régions a fait la démonstration de ses limites mais aussi et surtout du danger potentiel évident qu'elle porte en germe, la balkanisation de l'Europe et l'explosion du système européen actuel.
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