Qu’ont Harrison Ford, Evander Holyfield, M. T, Will.I.Am, Oliver Stone, Stephen Fry et Vivienne Westwood… en commun?
En plus d'être célèbres, autre chose les réunit : ils sont tous intervenus sur RT. Or, Monika Richter, personnalité obsessionnelle d'un lobby basé en République Tchèque et connu sous le nom d’«European Values Think-Tank» (groupe de réflexion des valeurs européennes), prétend avoir compilé une liste de toutes les célébrités, journalistes, commentateurs, universitaires et politiciens occidentaux étant apparus dans les programmes de la chaîne au cours de ces dernières années. Pratique pour les nouveaux producteurs de RT et leur futures recherches d'invités potentiels ! Car la liste contient 2 327 noms.
Les campagnes de diffamation mal pensées de divers lobbyistes antirusses ne sont pas une nouveauté
Sauf que, hélas, elle n'est pas particulièrement précise. Il s’agit en réalité d’une compilation hasardeuse, imprudente, de mauvaise qualité et qui fourmille d'étranges erreurs. Ainsi elle confond le ministre britannique des Affaires étrangères Boris Johnson avec un comédien imitant ce dernier. Plus bizarre encore, elle s’emmêle les pinceaux entre le légendaire Larry King et le tout aussi illustre Larry David. Ce ne sont pas là de rares erreurs isolées, elles sont légion.
Les campagnes de diffamation mal pensées de divers lobbyistes antirusses ne sont pas une nouveauté. Mais cette tentative est particulièrement inepte : elle est tellement criblée d’erreurs qu'elle semble avoir été réalisée en un week-end. Ce qui rend sa suggestion, en introduction, de faire en sorte que «politiciens et organisations médiatiques s'engagent publiquement [sic] à adopter un degré encore plus élevé de rigueur dans la vérification des faits» encore un peu plus fallacieuse.
L’arbre à billets
Avant d'aller plus loin, précisons qui finance les activités des «valeurs européennes» et quels intérêts servent ces affaires pseudo-académiques. En 2015, sa plus grande source de financement privé était le vétéran milliardaire du capitalisme sauvage George Soros (environ 25% au total via deux agences de la fondation «Open Society»). En Russie, l'organisation est considérée comme malintentionnée, au point d'être reconnue comme présentant une «menace à la sécurité» et interdite. Cette vision ne se limite d’ailleurs pas à Moscou, le gouvernement du pays d'origine de George Soros, la Hongrie, ayant qualifié Soros d'«ennemi d'Etat». En fait, même Israël est en accord avec ce point de vue, son ministère des Affaires étrangères affirmant que le milliardaire «sape continuellement les gouvernements démocratiquement élus d'Israël».
Nous savons que Soros n'est pas un ami de la démocratie. Il utilise sa vaste fortune pour s'immiscer dans les affaires d’Etats souverains et saper les administrations qu'il déteste. Ce qui, de manière assez ironique, est ce que Richter reproche à RT quand elle écrit que «la raison d'être de RT est de dénigrer l'Occident à tout prix et de miner la confiance du public dans la viabilité de la démocratie libérale». Affirmation parfaitement erronée étant donné que l'objectif de RT est de présenter le point de vue de la Russie. En outre, Moscou entretient d'excellentes relations avec de nombreuses autres démocraties, notamment la Corée du Sud, l'Inde, Israël… Elle est également en bons termes avec de nombreux Etats membres de l'Union européenne même si, sous l’impulsion de dirigeants pro-américains à Berlin et Paris, l’Union a de fait «délocalisé» sa politique étrangère aux Etats-Unis ces dernières années, la rendant automatiquement antirusse.
Richter persiste à accuser RT de «désinformation» mais ne fournit aucune preuve de son caractère délibéré ne faisant que souligner quelques erreurs factuelles au cours des ans
Un hasard : hormis Soros, les autres grands donateurs du lobby «Valeurs européennes» sont la Commission européenne, le Parlement européen et les ambassades des Etats-Unis et du Royaume-Uni. Il ne faut pas être un génie pour remonter la piste de l’argent et comprendre quels sont les agendas en jeu ici. En outre, il est instructif que Richter soit également liée au Conseil de l'Atlantique, un grand organisme américain d'action politique, financé par le Congrès mondial ukrainien, la Lockheed Martin Corporation, la Raytheon Company et le département d'Etat américain. Autant d’entités qui, bien sûr, bénéficient de relations tendues entre la Russie et l'Occident.
Belote et rebelote
La plupart des principales affirmations de Richter ont peu de sens. Elle persiste à accuser RT de «désinformation» mais ne fournit aucune preuve de son caractère délibéré, ne faisant que souligner quelques erreurs factuelles au cours des ans, erreurs qui ne sont pas plus extraordinaires que celles constatables chez les médias concurrents. Parce qu'il n'y a pas d'organisation médiatique qui ne se trompe jamais.
L'auteur cite également «le rapport des services de renseignements américains sur l'ingérence électorale russe», document connu pour être un outil de désinformation et qui a été rejeté par tous les experts occidentaux crédibles spécialisés dans la Russie, et qualifie avec insistance les intervenants d'«idiots utiles». Une insulte qu’on s’imagine difficilement utiliser à l’encontre de géants tels que Kofi Annan, Mikhaïl Gorbatchev, Peter Sutherland, Jeremy Corbyn et Wolfgang Ischinger, individus qui auront réalisé dans leur vie bien plus que la responsable de l’étude en question, au regard de la qualité de cette dernière, ne pourra jamais l’espérer dans son existence.
De plus, Richter accuse RT d'anti-occidentalisme (et en particulier d’anti-américanisme). Ce qui pousse à se demander comment elle décrirait la couverture médiatique américaine de la Russie, si elle était vraiment honnête
L'autre grande révélation des «Valeurs européennes» est que «RT utilise des interventions de politiciens occidentaux, de journalistes et d’écrivains, d’universitaires et d'autres personnalités publiques influentes pour se doter d'une plus grande crédibilité». Ce qui n'est pas tout à fait vrai.
En réalité RT, comme toutes les autres chaînes de télévision, a recours à cela surtout pour faire grossir son audience, car, de toute évidence, les téléspectateurs préfèrent écouter la réflexion de, disons, Noam Chomsky (inscrit dans la liste comme «Noah» – une erreur de plus) sur les affaires mondiales, plutôt que celles d’un parfait inconnu qui considère que le gouvernement américain est au-delà de toute critique. De plus, Richter accuse RT d'anti-occidentalisme (et en particulier d’anti-américanisme). Ce qui pousse à se demander comment elle décrirait la couverture médiatique américaine de la Russie, si elle était vraiment honnête.
La lobbyiste fait alors une déclaration stupéfiante : «RT ne parle jamais de la Russie — seulement des défauts et des hypocrisies de la société occidentale.» Ceci est un pur mensonge, et si vous avez des doutes, lisez mes articles sur le site de RT et vous verrez que la plupart de mes propres écrits pour ce média sont focalisés sur la Russie.
Bien sûr, le véritable agenda qui est derrière les rapports de cette nature est généralement mis en évidence par ce qui est omis
Des mensonges en abondance
Richter se contredit tout au long de son papier. Par exemple, elle affirme que l'impact de RT sur le public occidental est «de minimal à modeste», mais, quelques lignes plus bas, préconise que les «effets spécifiques» de RT sur ses téléspectateurs soient une priorité de recherche pour toutes les organisations et tous les gouvernements. Encore plus bas, elle tonne sur le fait que la «campagne de désinformation» menée par la Russie, et qui inclurait le journalisme de RT, représente un «risque sécuritaire» qui «ne doit pas être pris à la légère»… avant d’affirmer qu'il est «impératif» de ne pas «surévaluer» RT.
Bien sûr, le véritable agenda qui est derrière les rapports de cette nature est généralement mis en évidence par ce qui est omis. Le journaliste Michael Colborne, basé à Prague (et qui a lui-même écrit pour des blogs soutenus par Soros) a souligné que ce festival de calomnies de 52 pages était «plein de qualificatifs et d'arbitraire n'évoquant que des personnes qui auraient une signification suffisante aux yeux du public». «Cela pourrait expliquer le fait qu'il manque quelques noms, y compris ceux de deux amis des Valeurs européennes, qui sont eux-mêmes intervenus sur RT !», a-t-il ajouté.
Colborne faisait référence à Julia Davis et Eric Garland, qui sont aujourd'hui connus comme activistes anti-russes particulièrement déterminés, très présents sur les réseaux sociaux et travaillant d’une manière qui reflète parfaitement le programme de tels groupes de pression. «C’est, intellectuellement, de la merde, c’est totalement malhonnête. Etiqueter chaque intervenant RT comme un idiot, sauf vos amis, c’est bien commode !», a poursuivi Colborne. Voyez-vous ça !