Une ONG liste 2 327 invités de RT, les qualifiant d'«idiots utiles qui sapent la démocratie»
Financée par divers acteurs gouvernementaux mais aussi par des donateurs privés tels que la fondation Open society de George Soros, l'ONG tchèque «European Values Think-Tank» estime que les 2 000 intervenants de RT servent... la «propagande russe».
C'est un étrange et fastidieux travail qu'a décidé de publier une ONG tchèque fondée en 2005 et ayant pour but affiché de «défendre la démocratie libérale» (mais qui en réalité semble particulièrement obsédée par la prétendue «désinformation pro-Kremlin»). Accompagnant un rapport d'une certaine Monika Richter censé prouver l'impact néfaste de RT sur l'opinion occidentale, une longue liste de personnalités publiques, principalement américaines et européennes, s'étant exprimées d'une façon ou d'une autre sur la version en anglais de RT est fournie.
L’UE lance un nouveau site web pour contrer la «propagande russe» https://t.co/IZPNcAINcmpic.twitter.com/j9X5g0CkSB
— RT France (@RTenfrancais) September 13, 2017
Qualifiées d'«idiots utiles», accusées d'agir malgré elles (ou volontairement) dans le but de «saper la démocratie» en Occident mais aussi d'agir pour le compte d'une «puissance étrangère hostile», ces personnalités diverses ont été réunies dans une liste, qui comporte 2 327 noms. Celle-ci a été mise à disposition du public dans un tableau téléchargeable, contenant par ailleurs des liens vers des publications de RT. Selon l'ONG, le fait d'exprimer une quelconque opinion sur RT revient donc... à de la «complicité avec la machine de propagande russe».
On retrouve pèle-mêle dans ce référencement (qui ne prend en compte que le contenu en anglais produit par RT), des personnalités politiques de premier plan tels l'ancien ministre grec des Finances Yanis Varoufakis, l'ancien Premier ministre français Jean-Pierre Raffarin, l'ancien présidente de la République du Brésil Dilma Rousseff ou encore Jean-Claude Trichet, qui fut président de la Banque centrale européenne de 2003 à 2011.
En plus de très nombreux hommes et femmes politiques, la liste comporte des centaines de noms d'intellectuels, universitaires, journalistes ou célébrités ayant pour seul point commun... d'avoir accordé une ou plusieurs fois un entretien à RT dans leur vie.
#Washington exige que le prestataire de RT s'enregistre comme «agent étranger»
— RT France (@RTenfrancais) September 12, 2017
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«De nombreuses personnes en Europe et aux Etats-Unis, y compris des politiciens et autres personnes influentes, continuent à manifester une naïveté troublante à propos de la ligne politique de RT [...] Ces "idiots utiles" restent inconscients des intentions de RT et renforcent sa légitimité en lui accordant des interviews», peut-on lire dans le texte, accusant RT d'être rien de moins que le bras armé de la «campagne de désinformation du Kremlin contre l'Occident», visant à saper la démocratie et la société occidentale.
Un travail minutieux... ou pas
Même si ce référencement semble à première vue avoir été accompli avec une rare minutie, RT a tout de même relevé quelques erreurs de méthodologie. Ainsi le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères britannique Boris Johnson est listé mais avec un lien renvoyant à un spectacle satirique où il est représenté... joué par un comédien. Dans la même veine, une intervention de la fille du sénateur américain John McCain dans l'émission phare du présentateur Larry King est prise pour le sénateur lui-même, qui se retrouve de ce fait dans la liste des prestigieux invités de RT.
L'ONG se livre également à certaines contradictions, en déclarant notamment que les activités de RT constituent une «menace pour la sécurité [qui] ne devrait pas être prise à la légère» avant d'affirmer qu'il est «impératif» de ne pas «surévaluer» la menace posée par la chaîne.
Fondée en 2005 et située en République tchèque, l'ONG European Values Think-Tank se présente sur son site comme neutre, visant à défendre la démocratie, et non liée à une force politique.
Dans son rapport annuel, on peut néanmoins constater qu'environ un quart de son financement provient d'acteurs gouvernementaux tels que les ambassades des Etats-Unis et du Royaume-Uni, le gouvernement tchèque ou des structures comme le Parlement européen ou la Commission européenne. Selon ce même document, l'ONG perçoit également un financement de donateurs privés. Le plus important provient de la fondation Open Society du milliardaire hongrois George Soros, qui représente près de 10% de son financement.
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