Les relations franco-allemandes sont «cruciales» pour l'Europe, mais, d'après l'homme politique allemand Hugh Bronson, les promesses de réformes faites par Emmanuel Macron et Angela Merkel ne sont que de «simples paroles».
Le nouveau président français Emmanuel Macron a rencontré le 15 mai la chancelière allemande Angela Merkel à Berlin.
Lors de son premier déplacement à l’étranger, Emmanuel Macron a déclaré à Angela Merkel qu'il était «heureux» de travailler avec l'Allemagne «sur une feuille de route commune pour l'Union européenne et la zone euro».
Le chef d’Etat français a déclaré que les «réformes profondes» – dont la modification des traités de l'Union européenne (UE) – étaient nécessaires pour répondre à certains des problèmes majeurs dont souffre l'UE.
«Le sujet des changements de traité fut un tabou français», a déclaré Emmanuel Macron, cité par Reuters, en soulignant que ce ne serait plus le cas.
Angela Merkel a quant à elle exprimé un optimisme prudent quant aux remarques faites par son homologue français.
RT : La réunion a commencé sur une bonne note, Emmanuel Macron mettant l'accent sur l'importance des relations entre les deux Etats. Mais à quel point sont-elles importantes ?
Hugh Bronson (H. B.) : Elles sont bien sûr cruciales. Sans l'axe franco-allemand, il n'y aurait pas d'UE, il n'y aurait pas de politique européenne cohérente. Ils sont les deux piliers sur lesquels le pont de l'UE a été construit. Mais je crains que ce que nous avons entendu au sujet des réformes ne soit que de simples paroles. Les traités existants ne sont pas négociables. Je préférerais voir comment ces traités sont pleinement mis en œuvre. Par exemple, la clause de non renflouement, ou encore l'accord de Dublin, qui vise une répartition équitable des migrants dans les pays de l'UE. Cela n'a pas été respecté.
L'Allemagne est le plus grand payeur de l'Union européenne
Même chose avec la clause de non renflouement : tout le monde sait ce qui est arrivé à la Grèce. Il y aura une nouvelle tranche de prêts à consentir à Athènes cet été. Je préfère plutôt voir des traités européens mis en œuvre et des réformes effectuées au niveau inférieur qu’entendre de belles paroles de la part de ces deux chefs d'Etat.
RT: Emmanuel Macron a dit à plusieurs reprises qu'il voulait des réformes économiques. Angela Merkel est-elle en faveur de cela ? Habituellement, c’est à l'Allemagne qu'il revient de payer la plus grosse part dans l'UE.
H. B. : Oui, bien sûr, l'Allemagne est le plus grand payeur de l'Union européenne. Maintenant que la Grande-Bretagne l’a quittée à cause du Brexit, la France sera en deuxième position. Bien sûr, elle veut voir des réformes – c'est ce qu'elle dit. En fait, ils sont tous les deux très heureux de la façon dont vont les choses. Ils ont été chanceux lors de l'élection. Marine Le Pen n'a obtenu qu'un tiers des votes des Français. Mais cela a été un coup de semonce. Tout comme le scrutin en Grande-Bretagne l'année dernière, le Brexit. Ils savent comment les choses se passent. Et leur réaction est d’agir le plus rapidement.
Le danger est d'avoir une Europe à trois niveaux – d’abord une relation très étroite entre la France et l'Allemagne, qui établit le rythme de l'intégration. Ensuite, vous avez le deuxième niveau des pays qui ne souhaitent pas que de l'intégration ; et au troisième niveau sont les pays comme les Etats du groupe de Visegrad [la République tchèque, la Hongrie, la Pologne et la Slovaquie], qui ne sont pas satisfaits de certains accords et veulent ralentir le processus. Nous risquons d’avoir une Europe à plusieurs vitesses, de différentes opinions et différentes alliances. C’est un danger qui existe pour un projet initialement destiné à unir l'Europe, ou tout du moins les 28 – bientôt seulement 27 – Etats qui forment l'UE.
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