Cette élection présidentielle a été «volée»

Cette élection présidentielle a été «volée»© Philippe Wojazer Source: Reuters
Emmanuel Macron
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L'élection présidentielle en France «a été volée» - mais «ceux qui ont fait ce petit jeu ont joué avec le feu», explique l'avocat Régis de Castelnau, pour qui le quinquennat n'ira pas au bout.

RT France : Le premier tour de la présidentielle a relevé une défaite massive des plus grands partis – Les Républicains et le Parti socialiste. Qu'est-ce que cela dit des sentiments politiques actuels des Français ?

Régis de Castelnau (R. C.) : Je pense qu’on est à la fin du cycle politique qui a commencé avec l’élection de François Mitterrand. Aujourd’hui, ce système est complètement usé et la grande majorité des Français ne veut plus de cette classe politique, elle veut un changement, elle souffre de la situation, et, pour cela, ne fait plus confiance aux hommes politiques traditionnels.

C’est un paradoxe assez extraordinaire : toute une partie de cette classe s’est recyclée derrière cet évangéliste qu’on a vu arriver, dont les médias ont fait la promotion et qui se présente aujourd’hui comme l’antisystème et celui qui va amener la nouveauté. A mon avis, c’est complètement faux. Un drôle de malentendu s’est produit le 23 avril. Il ne faut pas oublier non plus qu’Emmanuel Macron a fait 24% des voix, ce qui n’est pas beaucoup. Cela veut dire que près de huit Français sur dix lui sont opposés et parfois très vivement, parce que cette campagne a été dure et difficile. Cette situation est pleine d’incertitudes, très paradoxale. C’est une forme de retour de la lutte des classes. Les couches populaires, ces 60% de la population des Français qui souffrent de la mondialisation, ne sont pas représentés par ceux qui en profitent, ceux qui ont rejoint Emmanuel Macron. Paris n’est pas une ville populaire, c’est une ville luxueuse, Emmanuel Macron fait 35% des voix, ce qui est remarquable. Je pense que le choix d’Emmanuel Macron est un choix de classe, mais en dehors de cela, les couches populaires aujourd’hui sont un peu dans le brouillard. Il y a une très faible majorité relative pour Marine Le Pen, mais pour autant, elle ne profite pas d'une certaine confiance. Son vote est un vote de protestation et non pas d’adhésion à un programme particulier. Cette situation est donc très difficile à saisir et j’ai tendance à penser qu’elle recèle de grands dangers.

Emmanuel Macron a de bonnes chances de devenir président, mais avec une majorité beaucoup plus faible qu’on l'imagine

RT France : Beaucoup d’hommes politiques, comme Benoît Hamon et François Fillon, ont appelé à soutenir Emmanuel Macron. Les électeurs vont-ils les suivre ?

R. C. : Je crois que cela va fonctionner en partie. Il ne faut pas oublier que le Front national, c’est un parti avec une histoire, une petite épicerie familiale, la Maison Le Pen et pas un parti de masse. Il n’a pas énormément d’adhérents ; beaucoup d’électeurs, mais pas beaucoup d’adhérents. Il y a une méfiance, une culture antifasciste, même si, en aucun cas on ne peut considérer le Front national comme un parti fasciste. Mon pronostic est qu’ Emmanuel Macron a de bonnes chances de devenir président, mais avec une majorité beaucoup plus faible qu’on l'imagine. Une partie de l’électorat de Jean-Luc Mélenchon va aller vers le Front national aussi bien qu’une partie significative de l’électorat de François Fillon qui est en rage aujourd’hui, parce qu’on lui a volé cette élection. Ce sera serré. En tout cas, personne ne peut savoir ce qui ressortira des législatives, parce qu’on va avoir dans chaque circonscription quatre courants qui sont à peu près à la même hauteur. Tous ceux qui sont autour de 20% vont présenter des candidats. On aura donc des quadrangulaires. Il y a beaucoup d’incertitudes et je crains que la situation soit relativement dangereuse.

Une élection n’est légitime que si elle est régulière, or, celle-là ne l’était pas

RT France : Pensez-vous que la vie politique française puisse subir un changement majeur et procéder à une recomposition pour les législatives après la défaite des deux partis principaux ?

R. C. : Le problème est que la première intention d’Emmanuel Macron c’est surtout ne rien changer. Cette élection a été volée. Il y a eu une instrumentalisation de la justice contre François Fillon, ce qui ne l’excuse pas de certains de ses excès.

Ce sentiment de vol est fort. Ceux qui ont fait ce petit jeu ont joué avec le feu. Une élection n’est légitime que si elle est régulière, or celle-là ne l’était pas.

Je ne vois pas ce quinquennat aller au bout

RT France : Selon vous, le fait que Benoît Hamon et François Fillon appellent à soutenir Emmanuel Macron signifie-t-il qu’une alliance générale peut apparaître, ou n'est-ce qu'une alliance de circonstances pour la présidentielle ?

R. C. : C’est probablement une alliance temporaire, mais c’est aussi une course à la gamelle : il va y avoir une recomposition. Tous les commanditaires, tous ceux qui ont payé pour la victoire d’Emmanuel Macron vont demander à avoir les avantages qu’ils souhaitent. On va avoir des contradictions, probablement des scandales, je ne vois pas ce quinquennat aller au bout.

Lire aussi : Election présidentielle : «Le système politique français est un champ de ruines»

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