Même si on ne connaît pas encore «les proportions dans lesquelles l’opinion publique va être influencée», les résultats du scrutin du dimanche le 23 avril risquent de subir les conséquences de l'attentat du 20 avril à Paris, considère Eric Verhaeghe.
RT France : Le soir du 20 avril, sur les Champs-Elysées de Paris, un homme a été abattu après avoir tué un policier lors d'une fusillade revendiquée par le groupe Etat islamique. Pensez-vous que cette attaque va influencer l’opinion publique ?
Eric Verhaeghe (E. V.) : On ne connaît pas encore les proportions dans lesquelles l’opinion publique va être influencée. En revanche, on peut imaginer qu’un certain nombre de candidats qui minimisaient la menace terroriste vont certainement être punis par l’opinion publique. Je pense notamment à de petits candidats comme Philippe Poutout ou Natalie Arthaud qui ont exprimé leur absence de solidarité avec l’Etat français au sens large. Je crois que ces candidats vont subir le contrecoup de cet attentat, parce que beaucoup de Français ont été choqués de voir que des candidats à la présidentielle pouvaient ne pas soutenir massivement les forces de police à un moment où il y avait un policier tué sur les Champs-Elysées. La vraie question est maintenant de savoir si cet attentat va favoriser le score de Marine Le Pen ; je suis incapable de le dire. Je pense qu’on ne le saura pas. On ne peut en tout cas pas considérer qu’on est dans un registre émotionnel aussi important que s’il y avait eu un attentat avec des civils morts en grand nombre. C’est certainement un attentat tragique, mais il n’a pas la même portée émotionnelle que ceux du Bataclan ou de Charlie Hebdo.
Il faut comprendre la détresse du milieu économique en France, où tout le monde est en train de se dire que nous avançons peut-être vers une aventure dont on ne maîtrise ni les tenants, ni les aboutissants
RT France : Mais en général, les attentats profitent-ils à droite ? Je ne parle pas forcément de Marine Le Pen mais aussi de François Fillon ?
E. V. : Personne ne peut le dire de façon si définitive. C’est pour cette raison que je suis dubitatif en voyant sur les réseaux sociaux hier soir un certain nombre de commentaires selon lesquels ces attentats pouvaient être instrumentalisés, voire qu'ils relevaient d’un complot. Je pense que globalement les Français ont apprécié la réponse de François Hollande au terrorisme et je ne pense pas qu’ils en fassent une affaire politicienne. Je ne crois pas que les Français considèrent que la droite les protégera mieux que la gauche et donc je ne pense pas qu’on puisse en tirer des conclusions immédiates de ce type.
RT France : Cela devient-il plus problématique pour faire des pronostics des résultats du premier tour ?
E. V. : Je pense qu’ils seront encore plus hystérisés. Il n’est pas impossible que cet attentat ait un impact sur le vote, mais personne ne peut prédire lequel. Il y a un phénomène d’hystérisation – tout le monde est encore plus fébrile en se demandant ce qui va se passer. Il faut comprendre la détresse du milieu économique en France, où tout le monde est en train de se dire que nous avançons peut-être vers une aventure dont on ne maîtrise ni les tenants, ni les aboutissants.
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