Le ralliement de Manuel Valls à Emmanuel Macron et à son «mouvement de traîtres» est un mauvais coup pour la gauche, selon le député radical Jérôme Lambert.
A trois semaines du premier tour de la présidentielle, l'ex-Premier ministre et ancien candidat à la primaire de la gauche Manuel Valls a fait savoir qu'il voterait pour le candidat d'En Marche ! lors du scrutin imminent. Et ce malgré son engagement à soutenir le vainqueur de la primaire de son parti, Benoît Hamon.
RT France : Comment voyez-vous le ralliement de Manuel Valls à Emmanuel Macron, revenant aini sur ses promesses de la primaire ?
Jérôme Lambert (J. L.) : Je suis très peiné de voir qu’un responsable politique de premier plan en France prend publiquement des positions contraires à son engagement. Manuel Valls était déjà en grande partie responsable de la non-candidature de François Hollande : on se souvient des circonstances dans lesquelles il avait traité François Hollande après la parution de son livre, disant qu’il avait honte, etc. Cela mettait le président dans une situation intenable, ce qui a largement contribué à sa non-candidature. On pouvait parler à ce moment-là d’un coup de poignard dans le dos à l’égard du président. Mais le poignard n’était manifestement pas rangé, et il s’en est servi pour, cette fois-ci, attaquer Benoît Hamon. On peut ne pas être totalement d’accord avec ce dernier, mais il est le candidat choisi, et ce n’est pas le moment de l’attaquer comme le fait Manuel Valls aujourd’hui.
La position de Manuel Valls est un mauvais coup pour la gauche
RT France : Cette démarche de Manuel Valls vient-elle aggraver la crise du Parti socialiste ?
J. L. : Evidemment, cela n’a pas un effet neutre sur le Parti socialiste. Manuel Valls représentait certes une petite fraction du PS, on se souvient de l'attitude des électeurs quand il était lui-même candidat.
Et il est certain que toute division est porteuse de difficultés à venir. La position de Manuel Valls est un mauvais coup pour la gauche.
Quand on veut marier la carpe et le lapin, cela donne une chimère très dangereuse pour la démocratie
RT France : Le ralliement de Manuel Valls à Emmanuel Macron porte-t-il un coup à la gauche en général dans cette élection présidentielle ?
J. L. : Les chances du candidat du Parti socialiste de passer au deuxième tour de la présidentielle étaient quasi-inexistantes jusqu’à aujourd’hui. Ce ralliement ne va pas changer les choses. La gauche était divisée entre ceux décidés à voter pour Jean-Luc Mélenchon et ceux soutenant Benoît Hamon. Le mouvement de ralliement à Emmanuel Macron est, à mon avis un mouvement qui ramasse beaucoup de politiciens écartés ou déçus par leur camp. Ils s’y joignent probablement par opportunisme et j’ai l’impression que c’est un mouvement de traîtres. Bien évidemment, on a droit de parler et de débattre, mais quand on veut marier la carpe et le lapin, cela donne une chimère très dangereuse pour la démocratie.
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