Le discours du secrétaire britannique à la Défense sur «la menace russe» est une tentative désespérée de «sauver des emplois et des budgets», affirme l’ex-député du parlement britannique George Galloway.
S'adressant à un groupe d'étudiants, le 2 février, le secrétaire à la défense du Royaume-Uni, Michael Fallon, a parlé de résurgence de la Russie et déclaré que cette résurgence prenait une forme agressive.
RT : Quelles conclusions tirez-vous du discours de Michael Fallon ?
George Galloway (G. G.) : Michael Fallon est le ministre de la Défense d'une petite puissance européenne semi-détachée qui n'a pas réalisé beaucoup de prouesses militaires et veut se donner de l'importance. Ces gens, car il n'est pas seul – le complexe militaro-industriel aux Etats-Unis joue le même jeu - se battent désespérément pour sauver leur emploi, leur budget et préserver leur rôle de caïds dans le monde.
Michael Fallon a pris l’habitude de se comporter comme les autres puissances européennes, faisant le tour du monde et menaçant les gens avec l'armée américaine. Mais aujourd'hui l'armée américaine n'est plus aussi fiable, parce que l'Amérique a un président qui ne voudra peut-être pas utiliser l'armée de la manière que ces gens le veulent, du moins peut-on le souhaiter. Aussi, ils cherchent désespérément à exacerber continuellement les tensions existantes avec la Russie pour faire la preuve de leur utilité.
L'Union européenne doit accepter que les Etats-Unis ont maintenant un président qui ne veut pas de guerre contre la Russie
Les gens demandent : «A quoi sert L'OTAN ?» Ils demandent : «Pourquoi dépensons-nous 160 milliards de livres au renouvellement de Trident [programme de dissuasion nucléaire britannique] alors que nous savons maintenant que ces missiles sont plus susceptibles de frapper l'Australie quand ils visent la Russie ? Et en tout cas la Russie a des milliers d'armes nucléaires, alors que nous n’en avons qu’une poignée.»
Tout cela est en réalité pitoyable. II parle à un auditoire d'étudiants en espérant qu'aucun d'eux ne le défiera. Je voudrais qu'il discute de ces questions avec moi ; il me connaît bien et il vient de la même ville d'Ecosse que moi. J'aimerais bien lui mettre –métaphoriquement – la main dessus pour éclaircir ces questions.
La vérité est que l'Union européenne doit accepter que les Etats-Unis ont maintenant un président qui ne veut pas de guerre contre la Russie, alors qu’eux – qui ont construit 50 ou 60 ans de leur passé sur la possibilité d'une guerre avec la Russie – sont complètement largués un peu comme notre Trident…
Les gens n'apprécient pas les fake news de la chaine d'Etat britannique, la BBC
RT : Admettons généreusement que tout ce qu’il a dit soit vrai. Comment justifie-t-il l'accumulation de l'OTAN aux frontières russes ?
G. G. : La Russie n'a pas de chars en Pologne, mais le Royaume-Uni en a. La Russie n'a pas de chars dans les pays baltes, mais les pays de l'OTAN en ont. Ce sont les pays de l'OTAN qui ont orchestré le coup d'Etat en Ukraine et poussé leur force politique, stratégique et militaire vers l'Ukraine, à la frontière russe. C'est le gouvernement issu du coup d'Etat ukrainien qui bombarde le Donbass et, au moment où nous parlons, verse le sang des civils. Et des fleuves de sang coulent dans les rues. C'est donc tout à fait orwellien, c'est une inversion complète de la vérité.
Bien sûr, il a menacé d’une cyberguerre contre la Russie. Et cela, fort imprudemment, car il me semble assez clair qu'il y a beaucoup de gens en Russie assez compétents dans le domaine d'Internet, et quand le secrétaire de la Défense britannique dit : «Déclenchez-là !» c’est probablement quelque chose d’imprudent pour l'industrie britannique, pour toute l'infrastructure cybernétique.
Il a également mentionné l’endroit où je suis en ce moment. L'attaque contre les soi-disant «fake news russes» est une attaque contre RT. Et pourquoi a-t-il fait cela ? Parce que RT acquiert de plus en plus d'importance et que de plus en plus de gens se tournent vers RT. Parce que ces gens n'apprécient pas les fake news de la chaîne d'Etat britannique, la BBC, parce qu'ils n'aiment pas ces mensonges sur la guerre froide qu’on nous sert depuis des décennies. Donc, d'une certaine façon, c'est une marque d'honneur pour ceux d'entre nous qui présentent des émissions sur RT. Décidément, nous commençons à les agacer.
Les opinions, assertions et points de vue exprimés dans cette section sont le fait de leur auteur et ne peuvent en aucun cas être imputés à RT.