Le président ukrainien a exprimé sa préférence pour Hilary Clinton lors de la campagne présidentielle américaine, rappelle Daniel McAdams, directeur exécutif de l'Institut Ron Paul, ce qui ne restera pas sans conséquences.
La semaine dernière, le président américain Donald Trump a rencontré Ioulia Timochenko, la dirigeante de l'opposition ukrainienne. Selon elle, le patron de la Maison-Blanche lui a assuré que les Etats-Unis ne lèveraient pas les sanctions contre la Russie tant que la paix ne serait pas de retour dans l'Est de l'Ukraine.
L'ancien Premier ministre ukrainien a eu une brève réunion informelle avec Donald Trump jeudi dernier, avant son discours au National Prayer Breakfast, à Washington.
«Le président américain et l'ancien Premier ministre ukrainien ont eu une brève réunion informelle lors d'une séance de photos à la réception précédant le National Prayer Breakfast», a déclaré la Maison Blanche dans un communiqué publié vendredi soir, cité par le Washington Post. «Bien qu'aucune assurance formelle n'ait été donnée, étant donné que l'ancien Premier ministre n'était pas l'homologue du président, les Etats-Unis demeurent préoccupés par les violences dans l'est de l'Ukraine».
RT : Cette rencontre entre Donald Trump et Ioulia Timochenko était-elle significative à votre avis ?
Daniel McAdams (D.M.) : Je pense que c'est très intéressant pour un certain nombre de raisons. Tout d'abord, il est très important que le président américain se soit entretenu avec Ioulia Timochenko avant de parler avec Petro Porochenko. Je suis certain que cela a fait grand bruit à Kiev. Nous ne savons pas de quoi ils ont parlé, mais je pense que c'est très important. Je pense aussi que le compte-rendu de la Maison Blanche de la discussion de Donald Trump avec Petro Porochenko était assez anodin, sans détails : ils ont eu une conversation agréable, ils ont discuté du conflit entre la Russie et l'Ukraine, quoi que cela veuille bien signifier, et ils ont promis que les Etats-Unis travailleraient ensemble avec la Russie et l'Ukraine pour résoudre le problème. Personne n'a été «montré du doigt», il n'y a eu aucune attaque, il n'y a eu aucune discussion sur les accords de Minsk. A moins qu'il ne s'agisse d'un très bref synopsis de ce qui s'est passé, je pense qu'il y a eu un changement de ton.
Je pense que si nous le comparons avec le compte-rendu fait par la Maison Blanche de la discussion entre l'ex-vice-président Joe Biden et le président Petro Porochenko, il y a quelques mois et même après. C'était après les élections aux Etats-Unis. Ils ont parlé de la nécessité de mettre en œuvre les accords de Minsk ; ils ont parlé des accords UE-Ukraine-Minsk avec optimisme ;ils ont parlé du sommet UE-Ukraine qui se solderait par plus d'assistance au peuple ukrainien et plus de soutien dont l'Ukraine a besoin pour obtenir des prêts du FMI. Tout cela était complètement absent du compte-rendu de la discussion entre les actuels présidents américain et ukrainien. Cela laisse croire qu'ils n'ont pas parlé de ces sujets et que Petro Porochenko n'a peut-être pas entendu ce qu'il espérait.
Mais n'oublions pas que le président ukrainien a sauté dans la mêlée pendant la campagne présidentielle. Il a été pris en train de faire certaines choses pour essayer d'aider Hillary Clinton à être élue. Cela n'a pas été beaucoup relayé dans les médias américains, mais il a été impliqué selon toute vraisemblance. Cela veut dire qu'il s'est exposé ; il a exprimé son espoir de voir Hillary Clinton élue à la présidence. Donc quand Donald Trump a gagné, il s'est retrouvé dans une position assez délicate. C'est peut-être pour cela que Donald Trump voulait parler avec Ioulia Timochenko. Peut-être a-t-il d'autres idées sur l'identité de la personne qui devrait diriger l'Ukraine.
Certes, le Congrès, le Sénat et la Chambre des représentants jouent un rôle de surveillance important
RT : Avant l'élection de Trump, des hauts fonctionnaires ukrainiens ont utilisé des mots peu flatteurs pour le décrire sur les réseaux sociaux. Le ministre de l'Intérieur a qualifié Trump de «paria dangereux». Le représentant permanent de l'Ukraine auprès de l'ONU a qualifié le futur président de «clown qui a déraillé» et qui constitue «un danger plus grand que le terrorisme». Plus tard, tous les messages négatifs ont été supprimés. Pensez-vous que Porochenko ait des ennuis en ce moment ?
D.M. : Je ne sais pas s'il a des ennuis, mais il ne faut pas oublier qu'il reçoit aussi des signaux mitigés en provenance des Etats-Unis. Le 2 Janvier, il y a eu ce voyage extraordinaire lors duquel les sénateurs John McCain et Lindsey Graham sont allés en première ligne en Ukraine, où on entend sur un enregistrement vidéo le sénateur Lindsey Graham dire aux troupes ukrainiennes : «Vous devez aller à l'offensive en 2017», avant d'ajouter :«A notre retour aux Etats-Unis, nous allons nous assurer de punir la Russie.» Quel genre de signal cela envoie-t-il aux Ukrainiens quand ils sont ainsi poussés à passer à l'offensive ? Au passage, très peu de temps après la tenue de ces propos, une nouvelle offensive a vraiment eu lieu.
Il y a une véritable crise à Washington. Et cela se passe dans le propre parti du président. Conformément à notre Constitution, le président a une large liberté d'action pour déterminer la politique étrangère. Certes, le Congrès, le Sénat et la Chambre des représentants jouent un rôle de surveillance important. Mais sur cette vidéo où l'on voit les sénateurs en Ukraine – ils agissent clairement de manière à saper la politique de leur propre président. Je n'imagine pas le président Trump ne pas faire quelque chose pour mettre un terme à cela.
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