En se référant aux ONG financées par le financier Georges Soros, le ministre hongrois des Affaires étrangères Peter Szijjártó affirme qu'il est «très antidémocratique que quelqu'un de l'étranger veuille influencer le choix électoral des citoyens».
RT : Budapest a promis de «balayer» les ONG étrangères financées par le milliardaire américain George Soros. D’après nos informations, il finance aujourd'hui plus de 60 de ces groupes. Quelle est le danger que représentent ces organisations pour votre pays ?
Peter Szijjártó (P. S.) : En fait, il s'agit d'une approche très injuste qui gagne en importance : on tente de dire que ce sont en vérité les ONG qui représentent les gens d'un pays donné – ce qui est une approche très dangereuse, car elle n’est pas vraie. Jamais il n'y a eu des élections où des ONG seraient candidates, donc il n'y a jamais eu de gens à avoir voté pour être représenté pour telle ou telle ONG. Les gens votent pour des hommes politiques, pour des partis politiques. Donc, c'est le parlement et c'est le gouvernement qui représentent le peuple d'un pays donné, nous considérons donc que cette approche affirmant que ces ONG représenteraient la société civile est très dangereuse. C’est la première chose.
La deuxième chose, c’est qu’il y a une exigence très claire et juste pour que la politique soit transparente. Et je pense que ce n'est pas seulement la politique qui doit être transparente, mais toute organisation ayant un impact sur les affaires publiques, sur les questions politiques ou sociales. Les gens ont le droit de savoir qui sont ces ONG, quelles personnes ces organisations représentent réellement. C'est pourquoi nous voulons dire que s'il y a dans le pays des ONG qui sont financées par des citoyens étrangers, par d'autres pays, par d'autres gouvernements – cela devrait être su du peuple.
Nous savons que George Soros finance beaucoup d'organisations en Hongrie. Il y a un intérêt très clair
RT : Qui sont ces groupes locaux ? Vous devez avoir des informations pour être tellement inquiet et vous mettre à les fermer. Qui représentent-ils ? George Soros dit qu'il continuera à travailler avec les «groupes locaux» en dépit de l'opposition du gouvernement.
P. S. : Ce que nous disons, c'est qu'ils doivent être transparents. Les gens doivent savoir que s'il y a des ONG qui veulent influencer leur opinion, leur approche, leur compréhension de la politique, les gens doivent savoir quelles personnes ces ONG représentent.
RT : Qui sont alors ces gens ?
P. S. : Nous savons que George Soros finance beaucoup d'organisations en Hongrie. Il y a un intérêt très clair. Il a déjà annoncé très ouvertement qu'il aimerait que ce gouvernement échoue, qu'il aimerait, disons, virer ce gouvernement parce qu'il n'aime pas notre approche, notre politique. Mais ce n'est pas George Soros qui doit prendre cette décision, décider quel gouvernement doit diriger la Hongrie. C'est le peuple hongrois qui doit la prendre. Nous trouvons cela très antidémocratique que quelqu'un de l'étranger veuille influencer le choix électoral des citoyens hongrois.
RT : Mais quand George Soros dit que désormais plus que jamais il va coopérer avec de petits groupes, cela signifie en quelque sorte qu'il va aller contre la volonté du gouvernement. Comment cela va-t-il se passer ?
P. S. : Il a une intention très claire, c'est certainement vrai, mais je pense que c'est un droit évident du gouvernement de protéger le pays des influences extérieures. Nous avons beaucoup entendu de la part des Etats-Unis au cours de ces derniers mois, que les influences extérieures étaient très dangereuses. C'est donc une bonne raison, si la position américaine est ainsi, la nôtre peut tout aussi l'être. Si quelqu’un – les gens, les hommes d'affaires – entend influencer les procédures politiques dans notre pays depuis l’étranger, nous devons nous en protéger.
RT : Mais cela paraît délicat dans le cas de la Hongrie, car le parti au pouvoir a également bénéficié des ONG financées par Soros, avant qu'il n'arrive au pouvoir. Si c'était concevable de travailler avec lui à l’époque, quel changement y a-t-il eu depuis ?
P. S. : Bon nombre d'entre nous, de nombreux dirigeants politiques actuels, des hommes politiques, ont reçu des bourses de la fondation Soros grâce auxquelles beaucoup d'entre nous avons pu étudier à l'étranger – aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. Mais attribuer des bourses pour étudier à l'étranger, pour faire les gens voir le monde, acquérir des compétences et de l'expérience et revenir – ce n'est pas la même chose que financer des ONG qui œuvrent contre le gouvernement. Ce sont deux choses totalement différentes.
Les Etats-Unis ont tenté très clairement de s'ingérer dans nos questions internes
RT : Votre parti prétend que les ONG financées par George Soros œuvraient pour faire venir des migrants illégaux en Hongrie. Comment ont-ils procédé ? Pourquoi George Soros aurait-il besoin d'autant d'immigrants en Hongrie ?
P. S. : D’après ce que je comprends [des rapports] de mes collègues, il y avait des organisations qui aidaient les migrants clandestins à trouver des moyens pour arriver en Hongrie, à trouver où ils pourraient violer notre frontière, à savoir comment demander le statut d'asile, et ces rapports indiquent que George Soros était derrière ces organisations.
RT : Le nouveau président américain, Donald Trump, a également fortement critiqué George Soros et l’activité de ses ONG à travers le monde. Pensez-vous qu’avec lui en tant que chef d’Etat américain, il sera plus facile pour la Hongrie de se débarrasser des ONG de Soros ?
P. S. : En ce qui concerne les relations politiques entre les Etats-Unis et la Hongrie au cours de ces dernières années, nous avons touché le fond. Les Etats-Unis ont tenté très clairement de s'ingérer dans nos questions internes. Pour vous donner un exemple, j'ai reçu un document de deux pages d'un haut fonctionnaire du Département d'Etat lors de ma première visite aux Etats-Unis en tant que ministre des Affaires étrangères. Ce document de deux pages contenait les mesures que le gouvernement américain voulait que nous adoptions en Hongrie afin que nos relations politiques puissent s'améliorer. C'est trop, c'est de l'ingérence dans nos problèmes internes, parce que ces documents ne portaient pas sur la coopération bilatérale, il s'agissait de questions clairement internes : des lois, des règlements en Hongrie. Bien que notre coopération économique et militaire ait été parfaite, notre relation politique était très mauvaise. Donc, maintenant, nous espérons que cette relation politique va s'améliorer, et vu que notre position en matière de migration et de politique étrangère est assez semblable à celle de Donald Trump, nous avons bon espoir que cette relation politique s'améliore.
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