Il y a beaucoup de gens attachés à la France, à son histoire et au patriotisme. Ce ne sont pas pour autant des électeurs de Marine Le Pen, estime la secrétaire nationale du MRC Fatiha Boudjahlat répondant aux propos d'Emmanuel Macron.
RT France :Emmanuel Macron a déclaré lors de son meeting à Lyon le 4 février que la culture française n’existait pas. Etes-vous d'accord ?
Fatiha Boudjahlat (F.B.) : Quand Emmanuel Macron dit qu’il n’y a pas de culture française, qu’il y a juste une culture et qu’elle est diverse, il faut s’intéresser à ce qu’il ne dit pas. Et ce qu’il ne dit pas, c’est que la France, ce n’est rien de particulier. Il n’y a pas une histoire, il n’y a pas un passé. Et cela lui permet de plaire à une certaine clientèle, en disant qu’il n’y a pas de filiation à avoir, qu'il n’y a pas un continuum historique de la France. C’est ce qu’il a voulu dire. Non seulement il a tort, mais c'est en plus ridicule de le voir écouter la Marseillaise la main sur le cœur, comme le font les présidents américains... Les présidents français n’ont jamais fait cela.
Renoncer au patriotisme de la France, à nous en dire qu’il n’y a pas une culture française... Il y a une culture française, cette culture elle est ouverte, elle est diverse, elle s’inscrit sur un territoire avec un passé que l’on veut tous embrasser.
Ils aiment moquer tous les gens qui aiment la France en les faisant passer pour des nationalistes fermés, étriqués et revanchards
RT France : Alors pourquoi dire ça ?
F.B. : Il dit cela pour plaire à sa clientèle. De toute façon, il a expliqué qu’il fonctionnait avec des algorithmes. Il doit donner des gages aux personnes qui l’aiment. Et les personnes qui l’aiment sont les gens à qui la mondialisation profite. Ce sont les gens qui baignent dans l’européisme, ces sont les gens qui voyagent, qui réussissent dans la vie, qui gagnent très bien leur vie. Ces gens-là ont horreur de la souveraineté nationale, ont horreur des frontières, ils aiment moquer tous les gens qui aiment la France en les faisant passer pour des nationalistes fermés, étriqués et revanchards. Il connaît son boulot, il cherche d’abord à consolider son électorat de bobos qui vivent très bien leur vie. Et peut-être qu’un jour quand il devra rassembler, il se rappellera quand même qu’on est en République et qu’on n’a pas à avoir honte d’être une République.
Dans la presse, il y a un a priori favorable à Emmanuel Macron
RT France : On ne peut quasiment rien trouver dans la presse française concernant cette déclaration, pourquoi un tel silence ?
F.B. : C’est étrange, parce que les gens sur les réseaux sociaux ont vite réagi. Ils ont été outrés. Par contre, dans la presse, il y a un a priori favorable à Emmanuel Macron, c’est évident, et qui développe la belle idée un peu libérale, libertaire de gauche, d’un pays ouvert où tout se vaut, c’est le relativisme. Ces médias n'ont jamais révélé non plus sa phrase sur la laïcité revancharde, quand il avait dit que la République permettait de vivre dans l’intensité de sa foi et que ce n’était pas aberrant qu’un catholique ou un musulman considèrent leur foi comme supérieure à la loi française. On le laisse dire, on le laisse faire, parce qu’il plaît à certains médias.
On doit avoir honte du passé français ?
RT France : A votre avis, Emmanuel Macron, pourra-t-il séduire la majorité des Français, a-t-il un grand avenir électoral ?
F. B. : Comme Benoît Hamon cite, en faisant un contre-sens, Alexis de Tocqueville en disant que chaque génération est un peuple nouveau, cela revient au même quand Emmanuel Macron nous dit qu’il n’y a pas de culture française. Tout se vaut, on peut coexister, et tous les deux proposent le multiculturalisme. Doit-on avoir honte du passé français ? En fait, c’est devenu la gauche McDo : venez comme vous êtes et restez comme vous êtes. Ça plaît à un certain électorat. Il y a un électorat en France qui gagne bien sa vie –urbain, plutôt jeune, qui se reconnaît dans ce modèle-là. Au bout d’un moment, ils vont arriver au bout et, sauf s’ils sont confrontés à quelqu’un comme Marine Le Pen, je ne pense pas que Benoît Hamon ni Emmanuel Macron ne pourra devenir président, sauf si c’est vraiment très divisé. Il y a des gens qui apprécient ce qu’ils disent, mais il y a aussi beaucoup de gens attachés à la France, à son histoire et au patriotisme. Ce ne sont pas tous des électeurs de Marine Le Pen. On a le droit d’aimer son pays.
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