Grande absente de l'interview de Trump, la France n'est pas à la tête de l'actualité européenne

Grande absente de l'interview de Trump, la France n'est pas à la tête de l'actualité européenne© Mark Kauzlarich Source: Reuters
Donald Trump
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L'Allemagne continue de dominer la politique européenne au détriment des intérêts français, donc Donald Trump a raison de dire que l'Europe est un outil pour l'Allemagne, considère le président du Parti chrétien-démocrate Jean-Frédéric Poisson.

RT France : Dans une récente interview aux médias européens Donald Trump a critiqué Angela Merkel à cause de sa gestion de la crise des réfugiés. Pensez-vous que les relations entre l'Allemagne et la nouvelle administration américaine prennent un mauvais départ ?

Jean-Frédéric Poisson (J.-F. P.) : Ce n'est pas la meilleure manière d'engager un mandat. Mais l'Europe entière a beaucoup interrogé Angela Merkel sur la question de la crise des migrants. Je fais partie de ceux qui se sont beaucoup étonnés, en France, de cette position du gouvernement allemand. J'observe d'ailleurs qu'Angela Merkel, quelques mois après avoir pris sa première décision, a quand même changé de pied et reconnu elle-même qu'elle avait exagéré et traité cela d'une manière inopportune. Le franc-parler de Donald Trump et la manière avec laquelle il aborde les questions internationales sont une nouveauté dans le paysage international. Il va falloir s'y faire, mais, par ailleurs, le fond de sa remarque est pertinent. Je fais moi-même partie de ceux qui ont vivement critiqué la politique allemande à l'époque. Comme je l'ai dit à la primaire de la droite et du centre, les Français sont généreux – comme, je suppose, tous les peuples européens d'ailleurs –, mais ils ont atteint aujourd'hui un certain niveau de saturation et sont difficilement capables d'accueillir des migrants de manière massive. Je suis parfaitement d'accord avec Donald Trump (j'avais d'ailleurs milité pour cette cause) que les pays du Golfe doivent participer très activement à l'acceuil des migrants et des réfugiés. J'observe que ce n'est pas le cas aujourd'hui et je pense que l'Europe – et la France et l'Allemagne particulièrement – commet une erreur assez lourde.

La France a perdu du terrain au sein du continent européen

RT France : Donald Trump n'a quasiment pas évoqué la France dans son interview. Pourquoi pensez-vous que la France ait été la grande absente de cet entretien ?

J.-F. P. : Pour citer à peu près les mots de son interview au Times, l'Europe est un outil pour l'Allemagne. Je fais également partie de ceux qui pensent que la France a perdu du terrain au sein du continent européen. Effectivement, l'actualité, aujourd'hui, c'est la sortie du Royaume-Uni d'un côté et le fait que l'Allemagne continue à dominer la politique européenne au détriment des intérêts français de l'autre. Visiblement, pour ces raisons, la France n'est pas à la tête de l'actualité européenne. Maintenant, j'espère qu'avec l'élection de François Fillon que j'attends et que j'espère, tout cela pourra se rééquilibrer.

La sortie du Royaume-Uni de l'UE et l'élection de Donald Trump à la tête des Etats-Unis donnent à l'Europe une formidable opportunité de repenser complétement son mode de fonctionnement

RT France : Au cours de l'interview, Donald Trump a avoué qu'il était un «grand fan» du Royaume-Uni. Il a également promis un accord commercial qui aiderait ce pays à quitter l'Union européenne. Viserait-il la fin de l'UE ?

J.-F. P.: Je suis certain que l'intérêt stratégique des Etats-Unis depuis des décennies consiste à avoir en face d'eux un interlocuteur européen qui soit faible. Je ne suis pas surpris que Donald Trump, qui n'a jamais caché sa volonté de défendre avant tout les intérêts américains, veuille contribuer lui-même à cet affaiblissement. Cela suffira-t-il ? Je ne crois pas. Mais cela contraint d'une certaine manière les Européens à réformer leur politique et à se renforcer de cette façon. Ce qui est sûr c'est que la sortie du Royaume-Uni de l'UE et l'élection de Donald Trump à la tête des Etats-Unis donnent à l'Europe une formidable opportunité de repenser complétement son mode de fonctionnement. Je suis persuadé qu'une partie des intérêts français ne peut pas se penser en dehors de l'Europe. Mais pas cette Europe-là, qui est d'ailleurs en train de s'effondrer sous nos yeux. Il faut que l'Europe se recentre, se renforce et qu'elle soit capable de cette façon de traiter aussi bien avec les Etats-Unis qu'avec la Russie, parce que c'est dans cet équilibre-là que je vois l'avenir de l'Europe.

RT France : Evoquant l’OTAN, Donald Trump a déclaré que c’était une structure obsolète. Il a également évoqué la possibilité d'une levée des sanctions antirusses. Est-ce possible ? Ces deux choses-là sont-elles liées ?

J.-F. P.: L'OTAN a été constituée pour faire face à la menace de l'Europe communiste. Il est assez peu raisonnable de considérer qu'aujourd'hui la principale menace vienne d'Europe de l'Est et de la Russie. Je considère même que la manière dont l'OTAN a traité jusqu'ici la Russie a accru le niveau de menace qui pèse sur les Russes. C'est un fait que les pays contributeurs ne payent pas à hauteur des engagements qui ont été pris pour faire en sorte qu'en 2014 les dépenses de chacun des membres de l'organisation représentent 2% de leur PIB. Cela signifie que nous avons - et je suis d'accord sur ce point de vue-là avec le nouveau président américain - beaucoup trop compté sur la présence et la puissance des Etats-Unis pour assurer notre sécurité. J'ai milité pour que la France reconstitue son outil de défense, j'ai milité également pour une sortie du commandement intégré de l'OTAN parce que je continue à ne pas comprendre à quoi cela sert aujourd'hui. Là-dessus je suis d'accord avec le président américain. Le point de désaccord est que je trouve que l'autorité et l'indépendance de la France et de l'Europe doivent se renforcer. Sur ce point là il y aura matière à discussion.

Nous avons tout intérêt à considérer les Russes comme des amis et des alliés solides

Quant aux sanctions antirusses, c'est quoi qu'il arrive vers cela, [leur levée], que l'on va. Je pense, après avoir observé la campagne électorale de Donald Trump et la manière dont il voit la Russie, que la décision est prise sur la levée de ces sanctions. Maintenant il faut un peu de temps pour les aménager et un peu de rhétorique pour faire en sorte que tout cela passe tranquillement. Mais, de toute manière, nous allons vers un dégel des relations entre les Etats-Unis et la Russie. C'est très bien pour la sécurité du monde parce que je suis absolument convaincu que la première menace pour les Européens ne vient pas de la Russie - loin de là. Nous avons tout intérêt à considérer les Russes comme des amis et des alliés solides, car nous avons les mêmes ennemis qui sont, au fond, les fondementalistes islamistes. C'est une réalité.

Lire aussi : «Сe que dit Donald Trump, 80 % des Européens le pensent»

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