Trouver un ennemi extérieur est un moyen pour les Etats-Unis de bénéficier d'un soutien public pour promouvoir leurs guerres, détournant ainsi l'attention de problèmes intérieurs, explique Matthew Hoh, ancien agent des services américains.
RT : Les Occidentaux ont, paraît-il, peur d'une éventuelle Troisième Guerre mondiale – qu’est-ce qui les fait craindre un tel cataclysme ?
Matthew Hoh (M. H.) : Malheureusement, les tensions viennent de la politique américaine, du fait que les hommes politiques américains ont envie d’avoir, de nouveau, la Russie comme ennemi. C’est dû à divers facteurs, et notamment à un budget militaire excessif : nous dépensons aux Etats-Unis plus que les dix autres pays suivants réunis, nos militaires sont dans 113 pays de par le monde, nous avons 800 bases à l’étranger. En effet, l’empire américain essaie de tenir bon, en semant la peur et son entousiasme pour la guerre afin de bénéficier d'un soutien du public.
Le meilleur moyen de faire les gens penser à autre chose qu'à nos problèmes intérieurs, est de créer un ennemi étranger.
RT : Y-a-t-il un objectif final à tout cela ? Car il va y avoir, à un moment donné, une réponse…
M. H. : Ce qu’ils cherchent, c’est à garder le statut quo, à garder l’empire en vie. C’est ce qu’ils sont en train de faire. Ils ont à justifier ces 600-700 milliards de dollars dépensés pour le budget de la défense américain. Il faut que les démocrates aient l’air aussi fermes que les républicains quand il s’agit de la politique étrangère. Il faut détourner le peuple américain de tous les problèmes que nous avons aux Etats-Unis. Encore une fois, souvenez-vous de l’histoire du monde, le meilleur moyen de faire les gens penser à autre chose qu'à nos problèmes intérieurs est de créer un ennemi étranger.
RT : Les dirigeants européens soutiennent-ils cette tendance, ou les force-t-on à aller dans ce sens ?
M. H. : Je pense quece sont les gens ordinaires qui y sont forcés. Mais il y a certainement des nationalistes un peu partout en Europe – que ce soit en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Pologne, ou dans les pays Baltes – et ils agissent ainsi pour les mêmes raisons, parce qu’ils croient que les chars américains vont les rendre plus forts, plus populaires, plus fermes, et que cela les aidera à combattre un ennemi, outre-mer ou transfrontalier, détournant ainsi à nouveau l’attention des gens de leurs propres problèmes, dans leur propre pays de résidence.
L’expansion de l’OTAN n’a apporté que des difficultés et des souffrances à l’Europe
RT : Un vrai conflit pourrait être déclenché par erreur. Y pensent-ils ?
M. H. : Non, ils n’y pensent pas. Historiquement, aux Etats-Unis et en Europe, se trouvent au pouvoir des ignorants. Ils ne se préoccupent que de ce qui existe ici et maintenant, ils ne pensent pas à tirer des leçons du passé ou à éviter l’aventurisme militaire. Dans notre histoire récente, nous avons élargi l’OTAN jusqu’à la Pologne, nous avons envoyé les militaires américains et ceux de l’OTAN vers les frontières russes et des massacres se poursuivent depuis trois ans déjà en Ukraine. L’expansion de l’OTAN n’a apporté que difficultés et souffrances à l’Europe. L’année dernière nous avons eu les plus grandes livraisons des munitions en Europe depuis la guerre froide. C’est extrêmement dangereux.
RT : Y aura-t-il des changements sous Donald Trump ?
M. H. : Malheureusement, ce sera la même chose sous Donald Trump. Ils sont aussi bellicistes que Barack Obama et les siens.
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