Erdogan veut «jouer cartes sur table» et accuse les Etats-Unis de soutenir Daesh

Erdogan veut «jouer cartes sur table» et accuse les Etats-Unis de soutenir Daesh© Murad Sezer Source: Reuters
Recep Tayyip Erdogan, président turc
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Le président turc s'est permis une telle déclaration à l'encontre des Etats-Unis car il ne veut sans doute plus jouer un double jeu, explique le vice-président de Debout la France Dominique Jamet.

RT France : Comment une telle accusation de la part du dirigeant turc contre les Etats-Unis va-t-elle influencer les relations turco-américaines ?

Dominique Jamet (D. J.) : Ce qui est intéressant dans la déclaration de Recep Tayyip Erdogan, c’est que cela confirme que la Turquie a choisi définitivement son camp. Dans le contexte général du Moyent-Orient c'est plutôt une bonne nouvelle. Il fut un temps, pas si éloigné, où la Turquie, autant que les Emirats sunnites, et l’Arabie saoudite, souhaitait tant que le régime de Bachar el-Assad soit balayé qu’elle avait une complaisance singulière pour les rebelles dits modérés, pour l’opposition à Bachar el-Assad et qu’elle fermait les yeux sur le passage des personnes et les livraisons d’armes [par sa frontière]. On se souvient même qu’un journal turc avait pu prouver que la Turquie avait organisé des livraisons d’armes aux rebelles. Cette époque semble révolue et c’est une bonne chose. Il semble que la Turquie soit certainement acquise désormais à l’idée que Daesh et la rébellion sont des ennemis, ce qui explique sans doute cette révélation de Recep Tayyip Erdogan. S’il a décidé de le dire, cela montre qu’il veut désormais jouer cartes sur table, qu'il ne veut pas jouer un double jeu. Si ce qu’il dit est exact, si cela est vérifié, cela prouverait que les Etats-Unis [...] ne considèrent pas Daesh comme l’ennemi principal. Cette attitude ne peut qu’entraîner la condamnation d’une duplicité américaine fâcheuse par rapport aux principes dont se réclament en général les Etats-Unis et compte tenu de la situation sur le terrain.

C’est des Etats-Unis eux-mêmes que peut venir une correction ou un changement d’attitude

RT France : Cela pourrait-il provoquer des réactions de la part des partenaires des Etats-Unis ?

 D. J. : Nous sommes à la fin de l’année 2016 : dans trois semaines Donald Trump serait le président en fonction, c’est des Etats-Unis eux-mêmes que peut venir la correction ou le changement d’attitude. Je ne crois guère, malheureusement, aux capacités ou aux volontés de pression de la part des pays de l’UE, les grands alliés. Mais [on verra si] le nouveau président tient parole, [car] il semble bien qu’il n’ait pas la même tendresse, la même complaisance ou la même indulgence qu’avait le président Barack Obama pour les rebelles dits modérés.

Il est possible que la dénonciation par Recep Tayyip Erdogan de ce double jeu des occidentaux contribue à mettre fin à des comportements gardés jusqu’à présent secrets

RT France : Le président Erdogan évoque non seulement les rebelles, mais également Daesh et des groupes terroristes. Cette déclaration pourrait-elle mener à des changements dans des actions de la coalition sur le terrain ?

D. J.: Dans ce conflit ancien et complexe, je ne suis pas certain que nous soyons au bout de nos surprises. Il n’est pas impossible que les Etats-Unis n’aient pas été le seul pays à favoriser jusqu’à présent les rebelles dits moderés parmi lesquels il y a l’ancien Front al-Nosra et des amis des djihadistes. Il est possible et souhaitable que la dénonciation par Recep Tayyip Erdogan de ce double jeu des occidentaux dans le conflit syrien contribue à mettre fin à des comportements gardés jusqu’à présent secrets. Il est quand même patent que, depuis le début du conflit, les rebelles, tout en ne bénéficiant pas de certaines armes telles que les missiles sol-air ou de l’aviation, ont été constamment et mystérieusement  approvisionnés en armements divers, en munitions. Les munitions de ces armements ne sont pas sortis du sol syrien. Ils ont été livrés et acheminés par un certain nombre de partenaires. Il n’est pas impossible que d’autres pays aient participé à ce genre de comédie. La dénonciation à laquelle vient de procéder le président Erdogan met sur la place publique l’évidence d’un comportement qui ne sera pas apprécié par les opinions publiques des pays concernés. 

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