Il y a eu un grand battage médiatique pour diaboliser les forces pro-régime syrien parce que toute le stratégie de l’Occident consistait à avoir comme ennemi à la fois Daesh et le régime, estime l'analyste géopolitique, écrivain Alexandre Del Valle.
RT France : Une partie de l’est d’Alep a été libérée par les forces de l’armée syrienne. Cela signifie-t-il un tournant dans le siège de la ville ?
Alexandre Del Valle (A. D. V.) : C’est bien entendu un tournant pour le siège d’Alep et même pour la guerre civile en Syrie, c’est un tournant majeur et qui reprend Alep la seconde grande ville historique et économique du pays. Qui reprend Alep, reprend en fait presque toute la Syrie utile. C’était le dernier grand bastion dans la Syrie utile qui était vital pour le régime, c’était le dernier grand bastion des opposants dont la majorité sont des islamistes radicaux. Mais comme ces islamistes sont très souvent aidés par l’Occident ou ses alliés, il y a eu un grand battage médiatique pour essayer de diaboliser les forces pro-régime parce que toute le stratégie de l’Occident consistait à avoir comme ennemi à la fois Daesh et le régime. Donc cette avancée du régime au détriment d'autres islamistes que Daesh que l’Occident a encouragés constitue un échec à la fois pour les rebelles et pour les Occidentaux et leurs alliés du Qatar et d’Arabie saoudite. Donc c’est un tournant majeur qui va redonner une force en négociations pour le régime, il va pouvoir négocier dans le cadre de la transition avec beaucoup plus d’atouts en ses mains. Et la Russie aussi bien entendu.
On essaye de discréditer la Russie est ses alliés pour essayer de les empêcher de continuer dans leur élan qui risque de faire en sorte que très bientôt tout Alep sera dans le giron du régime
RT France : Jean-Marc Ayrault a demandé une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU au sujet de la catastrophe humanitaire à Alep. Pourquoi cela se passe-t-il maintenant ?
A. D. V. : C’est logique. Tout cela à mettre dans le cadre de ce qu’a voulu faire Hollande pour condamner la Russie en matière des crimes contre l’humanité. Toute cette diabolisation et cette tentative de discréditer la reprise d’une partie du pays par son régime pourtant légal constitue une preuve, une manifestation de la stratégie occidentale qui vise à renforcer les rebelles au détriment du régime et c’est l’inverse qui est en train de se passer. Donc on essaye de discréditer la Russie est ses alliés pour essayer de les empêcher de continuer dans leur élan qui risque de faire en sorte que très bientôt tout Alep sera dans le giron du régime. C’est une technique classique.
Utiliser la diplomatie pour discréditer le pays qui en train de lutter contre le phénomène d’insécurité ou le terrorisme, c’est quelque chose de relativement classique
RT France : Pourquoi la diplomatie française vise à empêcher l’offensive des forces syriennes contre Daesh ?
A. D. V. : Le but est d’essayer avec les menaces de sanctions et de pression internationale, de manière diplomatique en diabolisant la partie qui aide le régime à renforcer sa présence contre les rebelles et essayer d’empêcher le régime d’aller jusqu’au bout. C’est presque la même stratégie qu’on a employé à l’époque de la guerre entre Hezbollah et Israël. Ce dernier était en train de détruire le Hezbollah et la communauté internationale avait diabolisé le pays qui était en train de vaincre les terroristes pour l’empêcher d’aller jusqu’au bout et entre-temps le Hezbollah s’était reconstitué. Ce n’est pas du tout comparable, ce sont deux situations différentes. Mais dans les deux cas on voit que quand une partie qui en train d’être vaincue et n’a plus la force avec elle, elle essaye d’utiliser la diplomatie pour discréditer le pays qui en train de lutter contre le phénomène d’insécurité ou le terrorisme, c’est quelque chose de relativement classique. Et toute la stratégie de l’Occident consiste à essayer de diaboliser cette entreprise de récupération du territoire, parce que ça va changer tous les plans des Occidentaux et de leurs alliés voulant mettre les Frères musulmans au pouvoir dans la plupart des pays arabes qui ont connu une révolte. Et en Syrie comme en Egypte c’est le plan inverse qui est en train de gagner et donc cela contredit les désirs des commanditaires des armées occidentales qui sont les pays du Golfe.
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