De passage dans la capitale russe dans le cadre d'un partenariat avec l’Institut de physique et de technique de Moscou, le président de l’Ecole polytechnique Jacques Biot fait part à RT de sa vision de l’enseignement français et de son élitisme.
Le président de l’Ecole polytechnique Jacques Biot n’est pas arrêté par les sanctions : la coopération de la grande école française avec l’Institut de physique et de technique de Moscou ne dépend pas des «vicissitudes politiques».
Pour lui, l’Institut russe et la grande école française sont très proches sur le plan conceptuel et sur le plan de l’histoire «parce que les Russes ont une grande histoire de l’excellence et de la compétition au sein de l’enseignement, ils ont une tradition de sélection des élites».
Polytechnique n’a pas suivi l’exemple de Sciences Po qui a mis en place en 2001 un programme spécial pour les jeunes des quartiers défavorisés. L’explication ? Les étudiants doivent suivre des cours des mathématiques, de physique théorique et appliquée extrêmement difficiles : «On ne peut pas faire de l’affirmative action simplement pour faire de la politique de quartiers, donc on est obligé de sélectionner les étudiants.» La problématique pour l’X c’est beaucoup plus de faire en sorte que les jeunes des quartiers défavorisés acquièrent lors de leur enseignement secondaire les qualités scientifiques qui leur permettront de rejoindre Polytechnique. «On ne peut pas les accepter s’ils n’ont pas ces qualités» précise-t-il, expliquant que l'école fait des opérations auprès des jeunes des quartiers défavorisés pour leur apporter des bases scientifiques.
Pas question de supprimer les classes préparatoires, un système qui fonctionne bien et qui a notamment permis à l’Ecole polytechnique de se faire classer sixième au niveau mondial par la revue Nature pour la production des Prix Nobel par tête d’anciens étudiants.
L’école s’apprête cependant à «démocratiser» son recrutement. Il est question de l’élargir en lançant des parcours alignés sur les cursus internationaux : des masters complètement en anglais, des bachelor recrutant après le baccalauréat également en anglais. A en croire Jacques Biot, l’X n’a pas à ce jour recruté suffisamment d’Européens du fait de la complexité de son programme, «un cursus que seuls les francophones et quelques Russes et Chinois brillants arrivaient à comprendre», explique-t-il.
Jacques Biot assume le côté élitiste de son établissement : «Il faut des élites, il faut des gens qui dirigent les pays, les entreprises, la science.» Comment faire pour que les élites ne soient pas repliées sur elles-mêmes ? La recette polytechnicienne est la suivante : faire assumer par ses élèves leur choix et réfléchir à la façon dont ils vont servir les défis de l’humanité. «J’ai une grande confiance dans leur capacité de se faire aimer», conclut-il.
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