Trump a gagné car Clinton et les siens se refusaient à vivre dans le monde réel

Trump a gagné car Clinton et les siens se refusaient à vivre dans le monde réel© Lucy Nicholson Source: Reuters
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La victoire de Trump est incompréhensible pour les partisans de Clinton et pour les médias parce qu'ils n’arrivent pas à vivre dans le monde réel, où il y a toujours deux côtés différents à une même histoire, estime la journaliste Danielle Ryan.

L’establishment de Washington ainsi que ses partisans et défenseurs ont reçu ce qu’ils méritaient cette semaine, et ils ont beaucoup de mal à l’accepter.

Avant d’aller plus loin, je dois dire que ne suis pas une admiratrice de Donald Trump et, comme la plupart des gens, je croyais que Clinton allait gagner, donc je n’ai pas l’occasion de me vanter en répétant : «Je vous l’avais dit.»

Pourtant, il a toujours été clair qu’il y avait des défauts majeurs dans la stratégie de campagne de Clinton. La plupart d’entre nous estimaient que cela induirait une course serrée, mais que Clinton la surmonterait, sans problème. Mais les événements qui ont suivi – en plus des évidentes erreurs déjà commises – expliquent très clairement pourquoi Trump a remporté une telle victoire.

Ils ont mené une campagne moins basée sur des problématiques que sur le fait que Trump ne semble pas être une personne très recommandable

C’est pas moi, c’est toi

Les libéraux qui soutenaient Clinton ont passé ces élections à faire trois choses tout à fait contre-productives, qu’ils doivent maintenant regretter.

D’abord, ils ont mené une campagne moins basée sur des problématiques que sur le fait que Trump ne semble pas être une personne très recommandable. Même si cela est, peut-être, vrai (et on pouvait même ici et là prendre cela pour une stratégie cohérente, avec les accusations d’agression sexuelle, par exemple), cela ne s’est en fin de compte pas avéré avantageux. Ce n’est pas comme ça qu’on inspire les gens.

Ensuite, au lieu de s’engager dans le dialogue, une grande partie des partisans de Hillary a décidé que toute personne qui n’était pas d’accord avec eux était raciste, sexiste, peu instruite, et que c’était une perte d’oxygène que de débattre. En fait, leur propre candidate, en qualifiant les partisans de Trump de «déplorables», semblait même les soutenir dans cette manière penser. Au lieu de tenir leur langue et de comprendre que les amis de Trump avaient le droit à une opinion – sans être obligatoirement sexistes ou racistes – ces âmes trop sensibles se sont entassées dans des «espaces sécurisés», où les opinions alternatives ne pouvaient les atteindre. Cela avait conduit à de nombreuses suppressions d’amis sur Facebook, et probablement à faire apparaître une quantité considérable d’électeurs secrets de Trump qui se sont révélés seulement dans l’intimité de l’isoloir. Aussi, les sondages sur lesquels Clinton s’appuyait pour deviner l’état d’esprit du pays étaient presque tous incorrects. Le refus de reconnaître aux partisans de Trump la qualité d’êtres humains, qui ont leurs raisons, peut-être légitimes, de le soutenir, a été le principal échec du camp Clinton. Cela ressemble beaucoup à ce qu’il s’est passé en Grande-Bretagne avec le vote sur le Brexit. 

Leur stratégie préférée a été, à cette fin, de blâmer la Russie

Enfin, ils ont joué le jeu du reproche d’une telle façon que ça s’est réellement retourné contre eux. Si le soutien à Trump devait être reconnu, on pouvait considérer comme responsable toute personne sauf Clinton et le statu quo de la politique américaine qu’elle essayait de protéger. Leur stratégie préférée a été, à cette fin, de blâmer la Russie. C’était étrange, parce que la plupart des Américains s’en fichent pas mal, de la Russie. Mais c’est Vladimir Poutine qui est devenu «le cerveau secret» derrière les succès de Trump, et non le simple fait que des millions d’Américains se sentaient blessés, abandonnés, délaissées depuis des décennies par une politique qui ne semble jamais les prendre en compte.

Julian Assange et Wikileaks, eux aussi, étaient les marionnettes de Poutine. Et Jill Stein, le candidat du parti écologiste. Ils faisaient tous partie de l’énorme complot de Kremlin, vous comprenez. Voilà ce à quoi vous auriez cru, si vous aviez écouté certains portes-parole et admirateurs de Clinton dans les médias. C’était du niveau de «la Russie a mangé ma rédaction» – et cela a probablement rendu encore plus compliqué pour les partisans de Clinton de comprendre comment ils avaient bien pu perdre.

Pouvons-nous retenter le coup ?

De manière assez peu étonnante, le jeu du reproche a continué après l’échec de Clinton. Mais le principal coupable est devenu le système du collège électoral, qui est subitement devenu l’objectif essentiel des partisans de Clinton, alors qu’ils en étaient tout à fait satisfaits la semaine précédente.

Il est vraiment intéressant de voir comment les libéraux, qui aiment la démocratie, oublient rapidement tout ce qui la concerne, dès lors que leur candidate échoue

C’est uniquement le vote populaire qui compte, disent-ils. La défaite de Clinton est injuste, crient-ils. Des millions d’entre eux ont signé les pétitions pour essayer de la faire élire tout de même. Malheureusement pour ces déçus, on ne peut faire élire le président en signant des pétitions – et il est vraiment intéressant de voir comment les libéraux, qui aiment la démocratie, oublient rapidement tout ce qui la concerne, dès lors que leur candidate échoue. Demandez-leur s’ils se seraient plaints du collège électoral et de son impartialité, si Clinton avait gagné – ils se calmeront vite. Il y a aussi un parallèle ici avec le vote du Brexit, quand les électeurs pro-UE ont tenté de faire annuler le choix de la majorité, sous prétexte que cette dernière était constituée de «masses stupides».

Indignation soudaine et le déni massif

Il y a, ensuite, les manifestants : des gens qui sont sortis dans les rues pour discuter le résultat légitime de l’élection, simplement parce qu’ils ne veulent pas l’accepter. Cela semble assez ironique : Trump est un méchant fasciste qui déteste la démocratie et qui va détruire les Etats-Unis, c’est pourquoi il faut le renverser violemment. Mais les manifestations ne feront pas de mal. Ils ont le droit. Beaucoup de gens ont le droit d’être inquiets, quant à ce que sera l’époque que Trump va inaugurer. Mais il y a aussi une certaine hypocrisie, là aussi.

Les libéraux n’étaient pas préoccupés par la plupart de ces choses, parce que les médias leurs ont dit ne pas s’inquiéter

Si vous demandiez aux manifestants libéraux anti-Trump pourquoi ils ne sont pas sortis pour protester contre la guerre des drones, ou contre le financement des terroristes en Syrie, ou contre le rôle de Hillary dans la destruction de la Libye, ils sauront à peine de quoi il s’agit – ce qui nous amène, en fin de compte, aux médias et à leur rôle dans tout cela.

Les libéraux n’étaient pas préoccupés par la plupart de ces choses, parce que les médias leurs ont dit ne pas s’inquiéter. Les bombardements sous Obama étaient des frappes aériennes humanitaires. Les principaux médias ont réconcilié les libéraux anti-guerre avec la guerre, parce que c’était un homme bon doté d’une jolie famille qui lançait les bombes. 

Les journalistes et les experts sont devenus tellement inébranlables dans leurs convictions, se retrouvant dans une bulle, qu’ils ne pouvaient même pas masquer leur incrédulité et leur colère face au résultat le soir des élections. Jusqu’au moment où la victoire de Trump a été officialisée, les présentateurs et experts discutaient du parcours de Clinton vers les 270 délégués, alors qu’il était clair, depuis déjà quelques heures, pour toute personne qui affronte la réalité, qu’elle était peut-être hors course.

La victoire de Trump est incompréhensible pour les partisans de Clinton et pour les médias parce que, depuis fort longtemps, ils n’arrivent pas à vivre dans le monde réel, où il y a toujours deux côtés différents à une même histoire. Il y a là une leçon à tirer pour toute personne qui le souhaite.                                       

Du même auteur : Russie : Il faut améliorer la sécurité aérienne en Baltique ! OTAN : Non merci, on va s'en passer 

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