La politique du gouvernement français à l'extérieur comme à l'intérieur est vivement critiquée par le peuple français qui ne manquera pas de l'exprimer lors des prochaines élections, estime le député du Rhône Michel Terrot.
RT France : François Hollande a annoncé la création de la grande coalition avec la Russie, mais aujourd’hui un an après les attentats, la coalition n’est toujours pas créée et il y a beaucoup de divergences entre la Russie et la France pour ce qui est la lutte contre le terrorisme. Comment expliquez-vous ce revirement de la politique française ?
Michel Terrot (M. T.) : Je fais partie de ceux qui déplorent l’action internationale de la France, notamment dans la direction de la Russie. On a vraiment le sentiment que la guerre froide n’ait pas cessé. Et je suis de ceux qui pensent qu’il faut à tout prix retrouver une diplomatie qui permette de dialoguer avec la Russie beaucoup plus qu’aujourd’hui, parce que la Russie a un rôle éminent à jouer dans de nombreuses questions internationales, notamment sur le conflit au Moyen-Orient. La France doit avoir des relations apaisées avec la Russie, ce qui n’est pas le cas actuellement. Le régime des sanctions est d’une imbécillité absolue, la France s’est tirée une balle dans le pied, c’est elle qui s’est surtout pénalisée, on ne sait plus aujourd’hui comment en sortir, alors que tout le monde sait bien qu’on ne reviendra pas sur l’affaire de Crimée au statu quo ante, pour la simple et évidente raison que la Crimée est russe. Je pense qu’il faut revenir sur une meilleure compréhension avec la Russie. Ce sujet devrait alimenter nos débats politiques en France, y compris à l’occasion des primaires.
La France est dans une démarche d’alignement sur une certaine forme de volonté américaine qui s’est trouvée démentie par les résultats des élections américaines elles-mêmes
RT France : A l’annonce de la victoire de Donald Trump à la présidence américaine, l’Elysée n’a préparé qu’un seul communiqué félicitant Hillary Clinton. Est-ce un manque de vision ?
M. T. : Je trouve cela ridicule. L’Elysée et le Quai d’Orsay étaient absolument convaincus que la victoire d’Hillary Clinton était assurée, ce qui s’est évidemment révélé complètement faux. La France est dans une démarche d’alignement sur une certaine forme de volonté américaine qui s’est trouvée démentie par les résultats des élections américaines elles-mêmes. Aujourd’hui on essaie de se rattraper aux branches. Le président de la République a quand même pris contact avec le président élu pour le féliciter. Il vaut mieux cela que rien du tout. Cela aurait été mieux qu’il ait une attitude un peu plus compréhensible et qu'il ait compris que l’élection américaine est d’abord et avant tout l’affaire des Américains. Les Américains ont tranché, j’espère que ce président va continuer à faire changer la vision qu’a l’Occident de la Russie. Je considère qu’il pourra modifier notre point de vue. Une fois de plus, la France n’est pas sortie grandie de cette épisode.
RT France : Avant l’élection de Donald Trump François Hollande et Manuel Valls se sont clairement positionnés en faveur d’Hillary Clinton…
M. T. : C’est vrai que les Français ont entendu à plusieurs reprises le président annoncer comme une vérité et évidence que la victoire d’Hillary Clinton était assurée. Pour la première fois il y aurait une femme élue à la présidence des Etats-Unis d’Amérique. Le peuple a fait un choix différent, et le président de la République Française s’est prononcée de façon anticipée.
Il y aura bientôt des élections présidentielles législatives qui permettront de montrer que le peuple français n’est pas sur cette ligne-là
RT France : Le gouvernement a dû revenir sur plusieurs choses : la coalition avec la Russie, sur la personnalité de Donald Trump. Est-ce le manque de pragmatisme de la part de la diplomatie française et du gouvernement ?
M. T. : Sans faire preuve d’une charité excessive, la politique internationale de la France est un peu identique à la politique intérieure que le président et le gouvernement mènent actuellement. Cette politique est décriée à l’intérieur du pays. Il y aura bientôt des élections présidentielles législatives qui permettront de montrer que le peuple français n’est pas sur cette ligne-là. Notre président se trompe à peu près régulièrement sur tous les sujets qu’il aborde, c’est vrai aussi de la part du gouvernement, c’est à nous de compter les jours maintenant et d’espérer qu’en tout cas sur le plan de la politique étrangère de la France nous pourrons revenir à des fondamentaux très différents de ceux que nous connaissons aujourd’hui.
On assiste à ce qui est presque de l’exhibitionnisme de la part du président de la République
RT France : Le député Pierre Lellouche a récemment lancé un appel à la destitution de François Hollande dont vous êtes signataire. Pensez-vous que cela va aboutir à quelque chose ?
M. T. : Cela n’a aucune chance d’aboutir, parce que le parti socialiste qui est majoritaire à l’Assemblée nationale l’a bloqué au niveau de la recevabilité-même de cette procédure. On n’a aucun espoir que cette procédure aille jusqu’au bout, mais nous voulions la déposer pour bien montrer que le président ne pouvait pas tout se permettre. C’est la première fois qu’on voit divulguer des secrets d’Etat et assiste à ce qui est presque de l’exhibitionnisme de la part du président de la République. Il y a des choses que la raison d’Etat implique de ne pas divulguer, et que le président divulgue à des journalistes, ce n’est pas glorieux.
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