L'UE a une politique internationale complètement incohérente vis-à-vis des guerres et des réfugiés de guerre. Christian Salomé, président de l’association l’Auberge des migrants donne à RT France son avis au sujet du démantelement du camp de Calais.
RT France : Le 24 octobre les forces de l'ordre ont commencé à démanteler le camp de Calais. Pensez-vous que ça va être bénéfique pour les migrants ?
Christian Salomé (C. S.) : Je crois que pour l’instant, c’est simplement une invitation au voyage pour les inciter à partir aujourd’hui. Après ils commenceront à détruire les cabanes. Par contre, il est indéniable que ce bidonville doit disparaître : c’est vraiment insalubre, on est à l’entrée de l’hiver, c’est un vrai marécage à certains endroits. Le problème qui se pose, c’est que s’il y a des personnes qui veulent rester en France, il y en a d’autres qui vont continuer à vouloir aller en Angleterre. De ce point de vue-là, on ne sait pas trop comment réagir. On est tous devant un problème qui nous dépasse : d’un côté, on a une frontière fermée, de l’autre, on a des réfugiés de guerre qui ont envie d’aller en Angleterre et qui ont des raisons valables pour s'y rendre : rejoindre son conjoint, ses enfants, etc. On n’a pas de solution. Actuellement, on a d’un côté des pays qui bloquent les frontières – que ça soit l’Angleterre, ici à Calais, ou la France – et de l’autre côté, on a les mêmes gouvernements qui, quelquefois, rejettent les réfugiés de guerre, les empêchent d’entrer. On se retrouve ainsi dans une situation où il y a des gens qui butent sur notre frontière, et de l’autre côté, cette guerre qui crée les réfugiés de guerre. On espère avoir réussi à convaincre, ici à Calais, près de 100 000 personnes à rester en France. Quant à ceux qui veulent toujours aller en Angleterre, on a peur que cela se termine par des arrestations massives, une série de déplacements dans des centres un peu partout en France. Et puis, il y a des gens qui vont venir ici à nouveau buter contre la frontière et ça n’arrangera rien.
Il n’y aura pas de mini-Calais ailleurs qu’à Calais, c’est une certitude
RT France : Certains élus, qui doivent recevoir des groupes des réfugiés, dénoncent cette initiative en disant que le gouvernement va créer des «mini-Calais» partout en France. Partagez-vous cette inquiétude ?
C. S. : Non. Mini-Calais, cela veut dire franchir la frontière, il n’y a pas de solution pour franchir la frontière, si les gens vont au sud de la France. Il n’y aura pas de mini-Calais ailleurs qu’à Calais, c’est une certitude. Maintenant, je ne vois pas trop ce qu’on peut appeler un mini-Calais, cela ne veut pas dire grand-chose, mais là-bas ce sont des gens qui ont envie de rester en France, qui partent dans les CAO [centres d'accueil d'orientation].
RT France : Votre collègue François Guennoc dit que, de toute façon, il y a 30 réfugiés qui arrivent tous les jours à Calais. Le démantèlement du camp est-il possible si de nouveaux réfugiés arrivent chaque jour ?
C. S. : Le problème humanitaire, c'est que le nombre de gens qui viennent buter contre la frontière va augmenter en raison des guerres qui s’intensifient. On s’attend donc à avoir de plus en plus de réfugiés à Calais. Et en même temps, le gouvernement détruit ce bidonville qui est certainement inhabitable, mais vous trouverez des gens dans les jardins publics, sous les ponts ou dans des maisons abandonnées. Et ce sera encore pire que ce bidonville.
Il y a un manque de volonté d’accueillir des réfugiés dans tous les pays d’Europe
RT France : Pensez-vous, qu’il s’agit d'un manque de volonté de résoudre la crise de réfugiés de la part de la Grande-Bretagne, par exemple ?
C. S. : Je pense qu’il y a un manque de volonté d’accueillir des réfugiés dans tous les pays d’Europe. La France ne fait pas mieux [que l'Angleterre] à Vintimille. La France, en plus, bombarde Mossoul, ce qui va créer des réfugiés, elle bloque la frontière à Vintimille pour empêcher les réfugiés de venir en France. Il y a une politique internationale vis-à-vis des guerres et des réfugiés de guerre, qui est complètement incohérente, même si c’est politiquement compréhensible, du point de vue humain, c’est complètement aberrant.
Lire aussi : Hollande à Calais : «Un meurtrier qui retournerait sur le lieu de son crime»
Les opinions, assertions et points de vue exprimés dans cette section sont le fait de leur auteur et ne peuvent en aucun cas être imputés à RT.