Les théories du complot concernant l'état de santé d'Hillary Clinton semblent ridicules, certes, mais le vrai problème est que les médias et le gouvernement ne disent jamais la vérité aux citoyens, selon l’écrivain politique Ted Rall.
Vladimir Poutine et Donald Trump doivent être accusés de l'apparent mauvais état de santé de Hillary Clinton. C'est du moins la conclusion à laquelle est arrivé un neurologue américain Bennet Omalu, qui a suggéré que le duo aurait effectivement pu… empoisonner la candidate démocrate.
De nombreuses personnes, sur les réseaux sociaux, ont exprimé des réserves face à ces allégations.
En outre, il y a eu beaucoup de commentaires dans les médias américains concernant le fait que Donald Trump avait accepté d'être interviewé par Larry King dans une émission diffusée sur RT. Même le président américain s'est senti obligé d'y réagir.
En termes de censure des médias, il suffit de regarder les grands journaux ou les grands médias comme NBC et CBS pour voir qu'il existe de grands domaines de la politique américaine qui n'y sont même pas représentés
RT : Les médias américains ne sont pas les seuls à s’enflammer face à l'apparition de Donald Trump sur RT. Barack Obama a pu en faire une sorte de bélier politique pour appeler à voter pour Clinton. Qu’en pensez-vous ?
Ted Rall (T. R.) : Cela est étrange et un peu maladroit à plusieurs niveaux. Tout d'abord, la comparaison entre le président russe Vladimir Poutine et le dictateur irakien déchu Saddam Hussein : toute personne qui compare ces deux régimes n'a évidemment pas prêté beaucoup d'attention [aux évènements]. Ces gouvernements ne pourraient pas être plus différents. Et bien que le systèmes américain et russe des médias et du gouvernement soient nettement différents, les Etats-Unis ne devraient pas jeter la pierre. Les Etats-Unis sont un pays qui a deux partis politiques principaux pouvent conspirer pour empêcher tous troisième et quatrième partis politiques d'obtenir la moindre chance d'accès au scrutin. Ce n’est pas une démocratie au vrai sens du terme. Et en termes de censure des médias, il suffit de regarder les grands journaux tels que le New York Times et le Washington Post ou les grands médias comme NBC et CBS pour voir qu'il existe de grands domaines de la politique américaine qui ne sont même pas représentés...
Les Etats-Unis ont beaucoup de travail à faire ; ce genre de remarques ne sont pas très utiles. Et je pense que, en partie, c’est la raison pour laquelle Donald Trump gagne en popularité sur le front de la politique étrangère, même s’il a dit beaucoup de choses folles, extrêmes et mal avisées. C’est un gars qui puise dans quelque chose de très intéressant, même dans le Parti républicain : la plupart des Américains veulent se mettre d’accord avec d'autres pays [au lieu de] constamment aller à la guerre ou faire face des guerres froides avec eux - ce qui intéresse apparemment plutôt les politiciens de l'establishment comme le président Obama.
Le président Obama et d'autres hommes politiques connus tentent aujourd'hui de nous préparer à une nouvelle guerre froide contre la Russie
RT : Ce n’est pas la première fois que le nom de Vladimir Poutine apparaît dans la campagne présidentielle américaine. Ne pensez-vous pas que de nombreux candidats à la présidence utilisent la «carte russe» comme tactique alarmiste ? Comment, d'après vous, cela affecte-t-il les relations américano-russes ? Pensez-vous qu’il soit approprié pour le président Obama d'avoir de telles remarques à propos de Vladimir Poutine ? Ou est-ce parce que la fin de son mandat lui permet de ne pas choisir ses mots avec trop d'attention ?
T. R. : De toute évidence, le président Obama et d'autres hommes politiques connus, en particulier ceux du parti démocrate - mais aussi chez les républicains - tentent aujourd'hui de nous préparer à une nouvelle guerre froide contre la Russie. J’espère que le gouvernement russe et les diplomates russes sont assez intelligents pour le voir et travailler avec des responsables américains via d'autres canaux, en leur disant : «Ecoutez, on sait que vous êtes obligés de dire tous ces trucs pour votre scène politique intérieure, mais on espère quand même coopérer sur des problèmes comme en Syrie et d’autres endroits.» Mais franchement, je pense que c’est assez dangereux. Ce n’est pas vraiment la meilleure façon de mener une politique étrangère. La meilleure façon de mener une politique étrangère est une approche directe et simple, lorsque l'on ne prétend pas délibérément être l'ennemi de quelqu'un avec qui on a besoin de travailler dans des endroits comme la Syrie. C'est vraiment [une attitude] du passé. On agit depuis longtemps ainsi aux Etats-Unis. Cela n'a jamais fonctionné. A un moment donné il faut arrêter.
Quand vous savez qu'on vous a menti plusieurs fois, vous estimez qu'on vous ment tout le temps et vous proposez des théories ridicules
RT : Bennet Omalu, neurologue américain bien connu, a déclaré qu'Hillary Clinton avait pu être empoisonnée par Donald Trump et Vladimir Poutine. Il a même suggéré qu'elle passe un test de toxicologie. Cela redonne-il vie à certaines théorie conspirationnistes du genre de l’époque de la guerre froide ?
T. R. : Cette théorie est tellement ridicule qu'elle me fait rire. [...] Mais il faut faire attention. Ce qui s'est vraiment passé, c'est que Hillary Clinton à été accusée de mentir au sujet de son état de santé. D'abord elle a dit qu’elle se sentait parfaitement bien. Puis elle a dit qu’elle avait des allergies, ensuite elle a dit qu’il faisait incroyablement chaud... Et maintenant elle a annoncé qu'elle avait une pneumonie et qu'elle l'avait appris deux jours plus tôt. Naturellement les gens s'empressent d'inventer toutes sortes de théories farfelues qui sont très loin de ce qui se passe réellement. Elle a peut-être vraiment eu une pneumonie, c’est probablement le cas. Mais ayant eu une pneumonie moi-aussi, j'ai quelques doutes. Une pneumonie c'est quelque chose de très mauvais, elle vous rend faible pendant longtemps, et il est difficile de s'en remettre après. Elle est plus âgée que moi, je ne peux même pas imaginer c’est ce qu’elle a eu. Je ne comprends pas pourquoi une pneumonie vous ferait vous effondrer comme ça. Donc, il y a peut-être autre chose. Le problème est que quand vous savez qu'on vous a menti plusieurs fois, soit au sujet de l’email, ou de l’Iraq, ou des armes de destruction massive, vous estimez qu'on vous ment tout le temps et vous proposez des théories ridicules. Qui sait ce qui se passe réellement ? Nous vivons dans une société où les citoyens américains normaux ne sauront jamais si ce que leurs médias et gouvernement leur disent est vrai.
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