L'Occident n’admet pas qu'il a permis, et parfois directement soutenu, l’utilisation d’armes chimiques par des groupes en Syrie pour accuser ensuite le gouvernement d'Assad, indique Larry Johnson, ex-membre de la CIA et du département d'État.
Une enquête conjointe de l'ONU et de l’Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) accuse le gouvernement syrien d'avoir mené deux attaques à l’arme chimique au cours des deux dernières années et l'État islamique d’avoir utilisé du gaz moutarde.
RT: Commentant le rapport de l'ONU, Washington a déclaré que Assad devait être considéré comme responsable. Mais pourquoi les États-Unis restent-ils silencieux alors que les soi-disant rebelles modérés ont admis avoir effectué une attaque chimique en avril dernier, à Alep?
Larry Johnson (L. J.): Le vrai problème avec les armes chimiques – je les appelle les «soi-disant armes chimiques» - c'est que elles ont été utilisées dans presque tous les cas par les rebelles et non par le gouvernement. Le gouvernement syrien avait des armes chimiques binaires. Une arme binaire signifie que vous devez mélanger deux composants séparés afin de créer un agent létal. Ces armes ont été collectées et détruites avec l'aide de la Russie. Ces armes ont été retirées du champ de bataille.
Nous ayons permis et dans certains cas directement soutenu l’utilisation par des groupes en Syrie du chlore et d’autre produits chimiques, prétexte pour accuser le gouvernement de Bachar el-Assad
Ce que l'Occident ne veut pas reconnaître est le fait que nous ayons permis et dans certains cas directement soutenu l’utilisation par des groupes en Syrie du chlore et d’autre produits chimiques comme le gaz moutarde, prétexte pour accuser le gouvernement de Bachar el-Assad. Tout cela peut être considéré comme relevant de l’opération psychologique, de la campagne « psyop », conçue pour détourner l’attention du public et l’opinion publique afin de rendre Bachar el-Assad coupable et ensuite lancer une guerre contre lui. En fait, ici, les vrais coupables, ceux qui représentent un danger (et la communauté du renseignement le sait), ce sont les rebelles, en particulier Al-Nosra et l’Etat islamique.
Ce n'est pas magique – l'armée syrienne ne sort pas brusquement du lit, en agitant les mains d'où sort un nuage du gaz
RT : Personne n’a revendiqué six des neuf attaques chimiques qui ont été sujettes à une enquête. Pensez-vous que nous pouvons spéculer sur l’identité de leurs auteurs ?
L. J.: [C’est de] l'ignorance délibérée de la part de l'ONU. Les États-Unis et les services de renseignement israélien contrôlent en temps réel les unités militaires ayant [accès à] des armes chimiques en Syrie. Pourquoi? Parce que quand ces unités s’activent et qu'elles commencent à se préparer, du point de vue d'Israël, cela est conçu pour être un avertissement préalable que quelque chose comme cela pourrait se produire. Pourtant, vous n'avez vu aucune preuve d'une quelconque activité préalable.
Ce n'est pas magique – l'armée syrienne ne sort pas brusquement du lit, en agitant les mains d'où sort un nuage du gaz. Si vous voulez, cela détourne le regard de l'ONU des rebelles qui sont impliqués. Et ils ont été en mesure de réaliser [de telles attaques] par le passé avec l'aide, en particulier, de la Turquie. Auparavant, les agences de renseignement turques fournissaient une assistance directe aux rebelles en Syrie. Ils pouvaient à leur tour réaliser ce genre d'opérations.
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